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Critique de Lamifranz


Voici encore un très bon roman de Jules Verne qui, pour une raison ou une autre, n'a pas eu la même diffusion que d'autres romans plus emblématiques. Et pourtant, tout Jules Verne est là : le voyage et l'aventure bien sûr, mais aussi l'Histoire (la Guerre de Sécession) et la prise de position sans ambiguïté sur l'esclavage. Un Jules Verne donc à redécouvrir et à mettre en haut de la pile.
Les Etats-Unis et l'ami Jules, c'est une vieille histoire. Les savants du Gun-Club qui sont à l'origine du voyage « de la Terre à la Lune » (1865), sont de Baltimore (Maryland) et le boulet décollera quasiment de l'endroit mythique où la NASA installera ses plates-formes de départ, Cap Canaveral. « Les forceurs de blocus » (1865) situe son intrigue en plein coeur de la Guerre de Sécession. Les Etats-Unis accueillent aussi dans leur traversée les héros du « Tour du Monde en 80 jours » (1872) et ceux de « l'Ile mystérieuse » (1874), bien évidemment, on ne les présente plus :
« Et notre île ? Comment ! Nous avons oublié de la baptiser ?... - Appelons-la du nom d'un grand citoyen, mes amis, de celui qui lutte maintenant pour défendre l'unité de la république américaine ! Appelons-la l'île Lincoln ! »
Ce qui montre bien l'attachement de l'auteur pour le pays et ses habitants, auxquels il rentre encore hommage avec « Robur le Conquérant » (1886) et surtout « le Testament d'un excentrique » (1899).
C'est encore la Guerre de Sécession qui sert de décor et de support à ce roman méconnu : Texar, un aventurier des plus malhonnêtes et insaisissable de surcroît, enlève une jeune fille Diana Burbank et sa nourrice Zermah. le père de Diana, James Burbank, abolitionniste convaincu, se lance à la poursuite des ravisseurs, avec l'aide de son fils Gilbert (officier nordiste, comme il se doit). A la fin tout finit bien, et l'on découvre le secret de l'impunité de Texar.
Prétexte au voyage, (ce n'est pas une surprise) le roman nous promène dans la Floride profonde et plus particulièrement dans ces Everglades sauvages, difficiles d'accès, peuplés d'animaux dangereux à quatre pieds, à deux pieds et même sans pieds du tout. Jules Verne y égrène ses thèmes favoris : la géographie, bien entendu (le fleuve Saint-John qui traverse la Floride du Nord au Sud pourrait bien être le principal personnage du roman), l'Histoire, qui donne l'arrière-plan de toute l'intrigue, ainsi que l'abolition de l'esclavage. Avec ici quelques petits apartés singuliers (voulus par l'époque) : Mars, l'époux de Zermah et le serviteur de Gilbert, est un métis, et son intelligence et sa sagacité proviendraient (ici le conditionnel – comme le noir – est de rigueur) de l'afflux de sang blanc dans son organisme ! Dans le même ordre d'idée, Alice, la jolie et douce fiancée de Gilbert, tiendrait toutes ses qualités de son ascendance française ! On peut sourire de ces préjugés d'un autre temps !
C'est un roman « exotique » comme la majorité des romans de Jules Verne, qu'on pourrait même qualifier de « western » (avec quelque anachronisme, et quelque bizarrerie, puisque on n'est pas exactement dans le « Far-West » des cow-boys et des Indiens !) mais pour le cadre, la violence des sentiments, et le rappel constant à l'Histoire des Etats-Unis.
Un petit Jules Verne à déguster comme il se doit. D'autant plus qu'en 1887, l'auteur était encore dans une veine optimiste, et n'avait pas été encore touché par cette ombre plus inquiète et désabusée qui marquera ses dernières années.



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