Il est de ces navires auxquels semble s'attacher quelque mystérieuse malédiction. À croire que parmi les fées qui se sont penchées sur leurs berceaux, il y en ait eu une ou deux de malintentionnées. le Great Eastern en fait partie. Projet gigantesque qui couronna la carrière de l'ingénieur Brunel et consuma la fin de sa vie, le premier paquebot géant de l'histoire connu une carrière chaotique, émaillée d'incidents. Destiné à transporter des passagers sur la route des Indes, il fut finalement affecté à la pose des câbles transatlantiques sous-marins et finit sa carrière vendu à un prix inférieur à celui du métal qui le composait.
Jules Verne, écrivain et passionné de navigation, effectua une traversée à son bord et s'en inspira pour ce roman. Les chapitres consacrés à la description de l'immense paquebot et de sa machinerie sont assez indigestes pour des lecteurs peu familiers des bateaux et du vocabulaire spécifique qui se rapporte à eux. Cependant,
Jules Verne parvient à soutenir l'intérêt pour son histoire avec la menace d'une éventuelle catastrophe que ce navire semble susceptible d'attirer comme la foudre. À bord du Great Eastern, on fait également connaissance avec des personnages attachants comme l'inénarrable docteur Pitfberg ou le touchant capitaine Mac Elwin. Ce roman aurait pu être parfaitement ennuyeux pour une lectrice aussi peu branchée navigation que moi mais
Jules Verne entremêle ce journal de bord romancé d'une intrigue sentimentale et tragique qui donne un peu de vie et de suspense à ce récit.
Cela n'en laisse pas moins l'impression d'un roman peu marquant et loin d'être inoubliable. Dans le genre navigation périlleuse, j'ai largement préféré
L'île à hélices, du même
Jules Verne.
Challenge XIXe siècle 2023