(...) il passait dans la partie alimentation est volait de quoi manger. C'était un jeu d'enfant parce que dans cet endroit on se servait tout seul et qu'on partait payer à la caisse. C'est-à-dire, les cons ou les riches allaient payer : les gens comme lui ou Maddalena se dirigeaient droit vers la sortie, butin dans le slip et personne ne remarquait rien.
" je n'ai pas envie de dire qu'on vit mieux ici qu'en Calabre.
_ Alors pourquoi tu restes ?
_ Parce qu'on vit mieux ici qu'en Calabre, s'esclaffait Rase-Meche. Sauf que je n'ai pas envie de le chanter sur les toits."
(...) il n'y avait rien de sportif dans ses talents de footballeur qui se manifestaient au cours de leurs petits matches et que les gamins de bonnes familles lui enviaient, parce que, avec les mêmes talents, eux auraient pu entrer dans un club et commencer une grande carrière : pour lui, ce n'était qu'une façon d'exister - la seule qu'il connaissait.
[il] proposa ensuite de participer, joua, se défoula et se donna en spectacle, renouant ainsi à taper dans le ballon, avec le plaisir inégalable de se sentir supérieur - seule véritable satisfaction qu'il eût jamais connue; et il lui sembla possible, mais oui, de continuer sa vie de résidu sans être obligé de renoncer à ces petits triomphes.
Il ôta ses chaussures , étala une couche de gravier à l'intérieur, se rechaussa et se campa sur ses jambes de tout son quintal. Il sentit aussitôt une douleur aiguë. il fit deux ou trois pas , mais la douleur croissante le poussa à alléger d'instinct sa démarche, avec pour résultat qu'il semblait marcher sur des œufs. Alors il s'arrêta, prit une profonde inspiration et quand soudain il repartit, sans précaution, à grandes enjambées vigoureuses comme à son habitude, la douleur devint insupportable. "Je la supporterai " se dit le père Spartacus et il continua , se dirigeant vers le sanctuaire pour préparer l'office du matin.
Le portrait de cet Italie est bien réel et juste, l'église omniprésente et omnisciente dans les villages au point d'engendrer des gosses abîmés et rendre des hommes de foi possédé par leur mission. Il y a de bonnes choses mais assez peu de rebondissements, on attend qu'il se passe quelque chose en vain, ces gamins virent mal sans surprises et au final c'est la solitude qui prime dans ce monde de requins.
"Chaos calme" était bien plus réussi.
Puis le jour de la désillusion arriva,vite,tout de suite presque-comme si les illusions aussi étaient un luxe que Pampa ne pouvait pas s'offrir
Le seul ami des clandestins est l'instinct.
Une vie horizontale, inconsciente et forcée, presque la même que, dans le sous sol de l'orphelinat, le petit prisonnier était contraint de mener après sa lutte acharnée.
La voiture roulait à toute allure, solitaire sur le ruban de la route, comme une nef de rescapés.