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Citations sur Sexe et pouvoir à Rome (10)

On ne ne saurait douter que Caligula ait été fou, mais sa paranoïa consista plus d'une fois à ressusciter des traditions de rudesse collective. Il avait fait bâtir un pont à Pouzzoles et, le jour de l'inauguration, il fit jeter dans l'eau, du haut du pont, une partie des spectateurs. Les folkloristes reconnaîtront là la coutume d'inaugurer un monument par un sacrifice ou, plus prosaïquement, la tradition qui exige que toute inauguration soit une fête et qu'il n'y ait pas de fête sans un souffre-douleur.

L'obscénité et le "folklore" chez les Romains
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L'Histoire : Arrêtons-nous sur la religion. Vous avez dit être sensible à l'idée d'une religion sans Église. En quoi l’Église est-elle une invention répréhensible ?
Paul Veyne : C'est un parti totalitariste.
L'Histoire : Mais il y a bien des prêtres dans la religion antique ?
Paul Veyne : Oui, mais chaque prêtre dispose de son propre temple, c'est la libre entreprise si vous voulez, on ouvre un temple comme on ouvre une épicerie, les clients suivent ou pas. Les religions antiques ne sont pas totalitaires, les dieux de tout le monde sont vrais, les dieux étrangers sont ou bien les mêmes dieux que les nôtres, sous un autre nom, ou bien d'autres dieux qu'on ne connaissait pas et c'est intéressant, c'est peut-être une bonne recette, comme vous importeriez des plantes utiles, vous respectez les dieux du pays pour vous mettre bien avec les puissances locales.
Rien à voir avec les religions de salut qui veulent faire votre bien malgré vous - et par-dessus le marché, il faudrait les remercier ! Vous me direz que les stoïciens ou les épicuriens étaient persuadés qu'eux seuls avaient raison ; certes, mais l'idée qu'un jour tout le monde pût ou dût être du même avis qu'eux ne leur avait même pas traversé l'esprit.

Quand Rome dominait le monde
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L'Histoire : Paul Veyne, imaginons que nous soyons à Rome, aux débuts de l'empire. Je suis rossé, on me dérobe mon argent. Ma femme est violée. Mon fils est tué. Obtiendrai-je justice ?
Paul Veyne : Vous avez fait fort ! Je vous suppose venu du fin fond de la Gaule chevelue, égaré dans Subure, le quartier "chaud" de Rome. Quoiqu'il en soit, je vous souhaite d'abord d'être riche, donc pourvu d'une bonne "clientèle", car c'est vous et vos amis qui devrez mener l'enquête, trouver le ou les coupables et les traîner en justice : aussi peu croyable que cela puisse paraître, il n'existe pas de véritable police dans le monde romain. L'armée s'occupe de la sécurité politique en réprimant les émeutes. En revanche, elle n'intervient guère en matière de sécurité civile, sauf pour mater le brigandage organisé en bandes - parfois il y avait des brigands dans les montagnes et parfois la population recourait à l'autodéfense. On affirme que ce brigandage était de la lutte des classes. Je n'en suis pas très sûr.
L'Histoire : Et si je ne suis pas riche ?
Paul Veyne : Si vous n'êtes pas puissant, vous disposez presque toujours d'un "patron", dont vous êtes le client, ou d'une bande d'amis. Vous essayez alors d'obtenir du patron qu'il fasse jouer sa protection, de vos amis qu'ils vous donnent un coup de main. En revanche, si vous êtes esclave, les choses sont plus simples. Votre propriétaire déteste qu'on lui abîme son matériel. Il demandera donc à ses sbires d'aller régler l'affaire.

"L'Empire romain, c'est la Mafia !"
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Les deux principales sectes, épicurisme et stoïcisme, professaient que, pour atteindre le bonheur, il faut supprimer les vains désirs afin de se soustraire aux coups de la Fortune et se persuader que la mort n'est rien.
Le stoïcisme antique n'a que le nom de commun avec celui des modernes : ce fut un non-conformisme, qui conseillait au sage de se suicider s'il jugeait ne pouvoir plus vivre en ce monde de manière autonome. Quant à l'épicurisme, il enseignait à ne pas craindre la mort, à vivre d'amitié et d'eau fraîche et à ne se connaître de devoirs sociaux qu'envers ses amis. C'est à peu près le contraire de l'épicurisme au sens moderne ou du stoïcisme selon Alfred de Vigny.

Les païens et leurs dieux
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Le sport national romain, c'est le droit privé, la jurisprudence civile. Les Romains adorent cela, ils suivent les procès comme nous suivons les feuilletons à la télévision. Et s'ils passent pour les inventeurs du droit, il ne faut pas oublier qu'ils le conçoivent d'abord comme une accumulation de jurisprudences. [...] La fourniture des pièces du procès, les citations de témoins, la place des diverses parties dans le prétoire... Tout cela fait l'objet d'une codification romaine identique de la Bretagne jusqu'à l'Asie mineure.
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Dès que le soir tombait, Néron, qui avait vingt ans, quittait la pourpre impériale, se déguisait et, accompagné de camarades, de porteurs de torches et d'hommes de main, allait molester le bourgeois. Tous les jeunes nobles en avaient toujours fait autant. On faisait peur aux passants, on pillait les boutiques pour revendre le lendemain le produit des larcins [...] Les dames de la bonne société avaient un privilège comparable, mais plus aimable : celui de faire de plaisantes expéditions nocturnes et de s'y moquer de tout ce qui était respectable.
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On a vu des scandales, par exemple dans le cas des fonctionnaires qui vivaient des "largesses" de leurs administrés. Rappelons à ce propos que, dans l'Empire Romain, les fonctionnaires sont des maîtres : or on n'aborde pas un maître sans lui apporter des présents: c'est l'institution du bakchich - qui n'est pas propre à l'Empire Romain, elle existe dans toutes les sociétés anciennes. On pourrait soutenir que les droits de justice actuels sont d'ailleurs une survivance officialisée, des bakchichs que l'on donnait alors à ses juges.
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Il arrivait couramment, si un juge trouvait un prévenu insolent, qu'il le fasse rouer de coups, puis décapiter. C'est le cas fameux de Pline le Jeune, ce garçon de très bonne famille, éduqué, philosophe, qui écrit benoîtement que, confronté à des chrétiens, aucune loi n'ayant été promulguée contre eux, "mais certains ayant refusé de répondre à mes questions, pour l'exemple, je les ai fait décapiter".
Ces gens-là vivaient dans un monde où le spectacle de la violence était anodin. Des aristocrates de la Renaissance, mais capables de se presser aux mises en scène les plus horribles, comme actuellement à Kaboul où le stade de football est plein quand il y a des exécutions capitales. Les gladiateurs, cela n'émeut même pas les Romains.
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Le Pouvoir, ou ce qu’on appelle ainsi, se soucie moins de nous « réprimer » que d’utiliser à son profit nos terreurs intimes.
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La conjonction de l'ethnie et de l'Etat, cela donne la nation ; la conjonction d'une religion et d'une organisation, cela donne l'Eglise catholique ; la conjonction d'une religion et d'une culture, cela peut donner des résultats sensationnels ou terribles ; la conjonction d'une idéologie et d'une organisation, cela donne le bolchevisme ; la conjonction d'une idéologie et d'une ethnie, cela donne le nazisme... C'est quand il y a deux forces puissantes qui s'attirent l'une l'autre et font bloc que le résultat fait froid dans le dos.
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