Toujours plus !
D'après une nouvelle de Tolstoï,
Ce Qu'il Faut de Terre à l'homme est repris en bande dessiné par
Martin Veyron. le scénario, grâce à un humour contenu, fait preuve d'une élégance et d'une sensibilité indiscutable. le dessin, aux traits à la fois peu appuyés et imprécis, vivants et dynamiques, cherche à redonner existence au monde rural de la fin du XIXème siècle sous les tsars. Les couleurs légèrement délavées et à dominante sépia tentent de faire revivre un monde révolu et de montrer la permanence des conduites humaines. Cette nouvelle peut être datée de l'époque où Tolstoï donnait à ses écrits une visée à la fois sociale et philosophique.
Sociale, dans le sens où on y voit fortement marquées les différences de classe – paysans, bourgeois urbains, aristocrates – et les relations plus ou moins conflictuelles qu'elles entretiennent entre elles et à l'intérieur d'une même classe.
Philosophique, car l'auteur donne une portée morale à son récit pour montrer l'avidité humaine et le refus de sa finitude : l'homme, quelque soit ses succès et sa condition, demeure insatiable dans ses désirs. Cette nouvelle devient même une sorte d'apologue ou de conte philosophique tellement cette dernière dimension est poussée à l'extrême et se veut ainsi édifiante. Ce récit nous évoque irrésistiblement la réflexion de Pascal : « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre ».