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Critique de MaxSco


Comment cela ?!! Dans mes livres, j'avais oublié de signaler ceux de cet autre grand Alexandre - à ne pas confondre ! "Qui sème les casques bleus récolte la tempête." ! - ce grand et brillant Vialatte. Quelle bourde ! Non, non ! Je ne suis pas régionaliste ! Sur ma voiture, vous ne verrez jamais "Le Cantal aux Cantalous !" mais je suis issue d'une famille originaire depuis des siècles d'une petite ville de ce beau pays et mon oubli n'est pas pardonnable !
Enfant, durant les vacances, La Montagne - pour les connaisseurs, moins feuille de chou que le Réveil mais feuille de chou malgré tout - finissait, une fois lue, par aider à allumer le feu dans le cantou où nous nous tenions le soir. Je somnolais, bercée par les conversations des "grandes personnes" sans savoir alors qui était ce Vialatte dont le nom était souvent prononcé et qui invariablement faisait secouer les épaules, relever bruyamment les commissures des lèvres de ceux qui partageaient mon nid de coussins et me dé-ran-geait ! Et un cantou pourtant, c'est grand ! Mais je n'y coupais pas ! Un membre de ma famille, pour le bonheur de son auditoire, finissait toujours par déclamer des extraits monumentaux des oeuvres de ce personnage familier et perturbant de mon environnement auditif de petite fille.
Voilà comment j'ai connu Vialatte, maudissant in petto mon oncle dont la mémoire était aussi vaste et lumineuse que son intelligence. A chaque fois, j'y avais droit ! Les rires que ce Vialatte - par lien de sang interposé - engendraient dérangeaient mon confort. "Praco !" comme disait l'une de mes grands-mères, cet homme-là ne m'était pas sympathique ! Imaginez ! J'étais installée dans ce cantou comme dans un cocon, un chat sur les genoux, une main tenant un Oui-Oui que le sommeil parfois m'arrachait ; dans l'autre, une petite boule de poils que je pétrissais et dont les ronronnements ravissaient mon oreille... à l'heure à laquelle les enfants devraient être au lit mais qui réussissent miraculeusement à se faire oublier... le bonheur ! Je n'avais pas envie d'être bousculée par cette voix virile, grave, forte, de laquelle sortaient les mots d'un autre incontestablement beaucoup trop apprécié par mes parents et leurs amis. Pfff ! A cette époque, Alexandre Vialatte n'écrivait plus de chroniques dans La Montagne. L'aurait-on immolée dans ce cas ? de toute façon, les chroniques étaient rangées dans une partie du vaste cerveau de mon oncle.
Je me répète : Vialatte et moi ne nous sommes pas rencontrés sous les meilleurs auspices.
Ce ne fut que bien des années plus tard que j'appris que ce rabat-joie avait traduit Kafka et surtout Thomas Mann pour lequel, adolescente, j'ai eu une grande passion littéraire. Vialatte était féru d'allemand. Un Auvergnat qui s'intéresse à "l'Etranger" ?! Cela intrigue ! Pour les natifs du Cantal, la Corrèze, même si elle se situe à moins de dix kilomètres, c'est déjà l'Etranger ! Un de mes arrières-arrières grands-pères, capitaine de vaisseau, participa à la guerre d'indépendance de l'Amérique et revint couler ses vieux jours dans son Cantal natal. J'exagère ! En voici une preuve. Il y en a eu d'autres. Nous ne sommes pas obtus ! Et nous ne sommes plus au 18ème siècle ! Je ne voudrais vraiment pas nous faire passer pour une tribu paysanne de xénophobes bien au contraire ! Mais quand même, dans l'esprit du Cantalou, on se méfie et l'étranger, géographiquement parlant, a des frontières qui lui sont propres. Donc, il pouvait paraître légitime que je pense : "Oh ! Ce Vialatte est intéressant !" !
Dans la foulée, je commençai à lire ses fameuses chroniques en effet brillantes et hilarantes (et là, je n'en admirais que plus mon oncle tout en comprenant ce qui m'avait si longtemps agacée !) et de loin en loin mais jamais trop loin ! son oeuvre injustement longtemps reléguée aux oubliettes exhalant une finesse, une humanité, un humour, une poésie...
Et quelle lucidité !
Lisez-le. Vialatte est intemporel. Rabelais l'est également mais Vialatte est auvergnat ! Et au 16ème siècle, on n'avait pas encore inventé le plumeau...
Je termine avec un immense et désagréable sentiment d'abuser du talent de ce génial écrivain mais ce n'est encore qu'une citation :
"Et c'est ainsi qu'Allah est grand."
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