Citations sur Division Givre, tome 1 : Kill them all (37)
D’habitude, elle part en chasse pour coffrer un dealer, un violeur, parfois un mari agressif qui perd les pédales et cogne sa femme à tour de bras, mais là, elle n’a aucune piste sinon une sinistre boucherie dans le tunnel en construction de l’extension Meteor. Ça plus le commissaire qui ne cesse de lui chercher des poux, avec pour couronner le tout, ce morveux à peine sorti de l’école de police pour remplacer Guillaume, belle journée ! Guillaume, parlons-en de celui-là, quel con ce type ! Elle l’avait dans la peau ce pourri. Pourquoi ? Un mec qui a abusé de sa faiblesse, un de plus. Pas mal d’hommes ne sont pas fiables, mais celui-là tenait le pompon !
Et ce qu'il découvre le plonge dans une telle épouvante qu'à court d'oxygène, il sombre dans l'inconscience...
Le policier parvient à la soulever par les aisselles, de quoi la remettre sur pied. Rapidement, la jeune femme sort tout en fixant sa hanche. Un objet y est accroché... ou plutôt, une main, coupée à la base du poignet.
- Je pars en chasse, Eric, et je te conseille de barricader cette maison à double tour, car des visiteurs pourraient se présenter. Le genre d'hôtes qu'il vaut mieux éviter de fréquenter.
Ange est réputée pour sa dureté face au mal. Bien des hommes de la brigade se demandent si elle possède un cœur, tant son insensibilité les dérange. Pas une mimique devant la trouvaille de cadavres parfois en piteux état, comme celui découvert deux minutes plus tôt. Pas plus de réaction une fois à la morgue, lorsque le médecin légiste s’amuse à exposer les organes lésés aux policiers présents.
En cet instant, elle préférerait mourir que de rester une seconde de plus, exposée ainsi à la vue de ces sadiques. Mais voilà, la peur l’empêche de se rebeller, de s’opposer à leur pathétique vengeance. Gaël revient sur elle, son visage ayant perdu toute parcelle de bonté, de gentillesse, d’amour.
Gaël, le regard brillant, affiche un sourire maléfique. Ce garçon a perdu tout charme aux yeux de l’adolescente. Elle ne voit plus qu’en lui un monstre, un odieux personnage qu’elle aimerait gifler, griffer, défigurer.
Elle ne sent même pas sa jupe qui tombe au sol, suivie bientôt par le dernier rempart d’une intimité qui n’est plus. Sa bouche lâche des râles qu’elle aimerait moins forts, heureusement, la cave du grand-père est profonde, très profonde. C’est si puissant, presque douloureux et pourtant, tellement plaisant. Elle voudrait que l’instant ne cesse jamais, quitte à vendre son âme au diable. Ne l’a-t-elle pas déjà fait ?
Joëlle est aux anges, telle une exploratrice en quête d’un Nouveau Monde qui l’attire et qui l’effraie tout à la fois. Elle s’électrise, se raidit lorsque la main de Gaël file sous sa jupe. Une frayeur qu’elle ne peut réfréner et dont la brusque apparition brise la magie du moment.
Elle gémit lorsqu’il effleure la pointe de ses seins. Ce type est le diable, Aphrodite, Apollon et Éros réunis dans un seul être. Sa langue se fait discrète et pourtant présente, joue avec celle de Joëlle qui, au fil des secondes, perd son inhibition. Elle-même saisit par les épaules son amant pour l’attirer à elle, plus près, plus fort.