— Je t'avais dit : pas toucher la femme blanche, bédouin, bredouilla-t-elle.
Les deux hommes, affolés par cette poitrine que révélait le vêtement entrouvert, avancèrent vers elle, les yeux exorbités. Alors, elle fit jaillir sous la lumière la grenade quadrillée. En trois bonds légers, elle parvint à la porte et dégoupilla l'engin de mort.
Pétrifiés, Omar et Sonny Boy regardèrent rouler vers eux cette boule de pétanque infernale. L'explosion les happa dans son orbe et le café Hammadi devint une nostalgie. (page 78)
Ils étaient à Pigalle et à Pigalle, on est toujours seul. Seul pour survivre et seul pour crever.
Deux mondes avaient cohabité dans le modeste logement. Celui d’un adolescent converti à l’électronique et l’autre, plus subtil, d’un homo quadragénaire aux goûts sûrs mais aux moyens limités.
Le premier étage était consacré aux activités de surface, honnêtes et convenues. Le sous-sol, par contre, se partageait entre une salle de jeu et des petits salons confortables et insonorisés.
Elle avait besoin de parler à quelqu’un, besoin de confier son secret trop lourd pour revivre par procuration les bribes misérables de leur éblouissement commun dans la chambre de Pigalle.
Toute leur relation baignait dans un quotidien fantasmé. Génial. Elle abusait de cet adjectif : Franck était génial, la vie était géniale et même la piaule – un taudis infect – était géniale.