AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Tribulat Bonhomet (9)

- Mais nous serons toujours en dépendance, reprit-elle, par cela seul que nous sommes forcés de penser. Il faut croire à la Pensée : nier ceci n’étant qu’une pensée encore. Et c’est pourquoi nous n’avons pas une action, pas une idée, pas un raisonnement, qui n’ait son principe dans la Foi. Nous croyons en nos sens, en notre doute, en notre progrès, en notre néant, bien que cela soit douteux, rigoureusement parlant, puisque rien ne se prouve. Le scepticisme le plus profond débute par un acte de foi.
Or, puisqu’il faut que nous choisissions, choisissons le mieux possible ! Et puisque la Croyance est la seule base de toutes les réalités, préférons Dieu. La Science aura beau m’expliquer à sa façon les lois de tel phénomène, je veux continuer à ne voir, moi, dans ce phénomène que ce qui peut M’AUGMENTER l’âme et non ce qui peut l’amoindrir. Si les mystiques s’illusionnent, qu’est-ce qu’un Univers inférieur même à leur pensée ? Dans la Mort, est-ce la logique de deux abstractions qui me rendra mon propre Infini-divin perdu ?
Non ! Non. Je fermerai donc les yeux sur un monde où mon esprit a l’air d’un étranger. Peu m’importe si les lois du mécanisme des astres sont pénétrées, puisqu’elles ne m’apprennent qu’une destruction certaine ! Tentations, que ces étoiles qui s’éteindront ! Illusion, que le « scientifique » avenir ! L’Histoire des temps modernes, c’est l’histoire de l’Humanité qui entre en son hiver. Le cycle sera bientôt révolu. Comme les sages des vieux jours m’en ont donné l’exemple sacré, je ne saurais hésiter, moi chrétienne et pécheresse, entre votre « siècle de lumières », et la Lumière des siècles.
Commenter  J’apprécie          20
- Quand je pense la Lumière, continua-t-elle, mon très humble esprit coïncide avec ce qui fait que toute lumière peut se produire. L’Esprit, en qui se résout toute notion comme toute essence, pénètre et se pénètre, irréductible, homogène, un. Et, quand je pense la notion de Dieu, quand mon esprit réfléchit cette notion, j’en pénètre réellement l’essence, selon ma pensée ; je participe, enfin, de la nature même de Dieu, selon le degré qu’il révèle de sa notion en moi, Dieu étant l’être même et l’idéal de toutes pensées. Et mon Esprit, selon l’abandon de ma pensée vers Dieu, est pénétré par Dieu – par l’augmentation proportionnelle de la notion-vive de Dieu. Les deux termes, au bon vouloir de ma liberté, se confondent en cette unité qui est moi-même ; et ils se confondent sans cesser d’être distincts. Or, la Révélation chrétienne étant la conséquence et l’application de cet absolu principe, je n’ai pas à la traiter de « chimère qui a fait son temps » puisqu’elle est de la nature de son principe, c’est-à-dire éternelle, inconditionnelle, immuable.
Commenter  J’apprécie          20
Quant à l’ancien député, ses « vers », suivant son étonnante expression, m’avaient échauffé la bile. C’était (autant que je puis m’en souvenir)
une sorte de pot-pourri de légendes sans suite, et, comme on dit,
sans rime ni raison. Il était question, là-dedans, de Mahomet,
d’Adam et d’Ève, du Sultan, des régiments de la Suisse et
des chevaliers errants : c’était, enfin, le capharnaüm le plus chaotique
dont cerveau brûlé ait jamais conçu l’extravagance.
Quelques bons mots, ça et là, – quelques appréciations justes,
ne le rendaient, à mes yeux, que plus dangereux pour les esprits faibles.
Je ne conçois pas qu’on ait nommé député un pareil individu :
ce recueil m’avait donné là, vraiment, une piteuse idée
de notre belle langue française.
Commenter  J’apprécie          20
Je remplis donc le salon d’un de ces éclats de rire qui,
répétés par les échos nocturnes, faisaient jadis, – je m’en souviens, –
hurler les chiens sur mon passage !… – Depuis, j’ai dû en modérer l’usage,
il est vrai, car mon hilarité me terrifie moi-même.
J’utilise, d’ordinaire, ces manifestations bruyantes dans les grands dangers. C’est mon arme, à moi, quand j’ai peur, quoique ma peur soit contagieuse :
ce m’est un sûr garant contre les voleurs et les meurtriers,
quand je suis dans les lieux écartés. Mon Rire mettrait en fuite,
mieux que des prières, les fantômes eux-mêmes
Commenter  J’apprécie          20
Le Peuple ?… Certes, personne ne le chérit plus que moi ;
mais, de même que ma fonction est de le plaindre, la sienne est de souffrir.
Commenter  J’apprécie          20
Quand il fait le portrait physique et moral de son héros , Villiers, soudain, évoque ses propres angoisses. Son ton incantatoire rappelle celui de Lautréamont :
« Néanmoins, -je suis forcé de l'avouer,- je suis sujet à un mal héréditaire qui bafoue, depuis longtemps, les effets de ma raison et de ma volonté ! Il consiste en une Appréhension, une ANXIETE sans motif précis, une AFFRE, en un mot, qui me prend comme une crise, me fait savourer toute l'amertume d'une inquiétude brusque et infernale, - et cela, le plus souvent, à propos de futilités dérisoires !
N'est-ce pas de quoi grincer des dents que de se sentir l'âme empoisonnée aussi mortellement que voilà ? Cela me confond quand j'y songe.
Etant un esprit cultivé, je me rends facilement le compte le plus clair de toutes choses : mais,- c'est singulier!- j'ai beau m'expliquer, par exemple, en acoustique,- et même, en physique, à l'aide de deux extrêmes soudains du froid et du chaud,- le bruit du vent,- eh bien ! Quand j'entends le Vent, j'ai peur. Aux mille tressaillements du Silence, - produits par les causes les plus simples,- je deviens livide. Toutes et quantes fois que l'ombre d'un oiseau passe à mes pieds, je m'arrête, et posant par terre ma valise, je m'essuie le front, voyageur hagard ! Alors je reste oppressé sous le poids d'une inquiétude nerveuse, -pitoyable!- du ciel et de la terre , des vivants et des morts.
Et, malgré moi, je me surprends à vociférer :
- Oh ! oh ! Que peut signifier ce caravansérail d'apparitions, tenant leur sérieux pour disparaître incontinent ? - L'univers est-il oiseux ? … L'Univers dévorateur – chaîne indéfinie où les pieds de l'un craquent entre les mâchoires de l'autre – est-il destiné lui-même à la voracité de quelque Eon ? Quel sera son ver de terre ? Réponds-moi, bruit du vent, oiseau qui passes ! ...et toi qui le sais, ô Silence !
Commenter  J’apprécie          10
Et avec quoi voulez-vous que je vous réponde ? fit Lenoir en souriant.
Avec quoi me questionnez-vous ? – Vous niez la valeur du mot mot
avec le MOT lui-même.
Est-ce par gestes que vous voulez causer avec moi ?…
Le vent souffle, l’instinct hurle, l’idée s’exprime.
Commenter  J’apprécie          10
Mon aspect, sans me vanter, devrait, au contraire, j’imagine,
inspirer des pensées, par exemple, comme celle-ci :
« Il est flatteur d’appartenir à une espèce dont fait partie un pareil individu !… »
Commenter  J’apprécie          10
Au chapitre VI, au cours d'une conversation avec les époux Lenoir (Claire et
Césaire), Tribulat se lance dans un véritable délire verbal d'où émane une étrange poésie, mêlant érudition réelle et érudition fantaisiste, à la manière d'un Borges qui aurait fumé deux ou trois joints :

Enfoui dans le canapé entre Césaire et sa femme, je racontai, rapidement et à grands traits, mes voyages dans les cinq parties du monde, mes explorations au sommet des montagnes et dans les entrailles de la terre, depuis le sommet de l'Illimani jusque dans les profondeurs des mines de Poullaouën ; je parlai des djeysers ou volcans de boue d'Islande, - du crâne pointu des Séminoles,- des rites de Jaggernaut, - des supplices chinois dont la simple nomenclature emplirait un dictionnaire de la capacité de nos Bottin, - des sectes de sorciers qui dansent en Afrique avec des bâtons de soufre enflammé sous les aisselles, - du passeport tatoué sur mon dos que m'avait donné, en signe d'affection, Zouézoué-Anandézoué-Rakartapakoué-Boué-Anazenopati-Abdoulrakam-Penanntogômo V, roi des îles Honolulu et Moo-Loo-Loo,- des arbres indiens sur chaque feuille desquels est inscrite quelque pensée de Bouddha, du culte du serpent chez les cannibales de la Terre de Feu, - (serpent qui se contente de mordre l'ombre humaine
sur le sable, au soleil, -pour faire mourir), des sucs de la ciguë crucifère du pôle austral, dont l'infusion donne toujours le même genre d'hallucinations et qui contient les reflets du monde antédiluvien ;- de la religion du Canada, qui consiste à croire que l'univers a été créé par un grand lièvre;- des niams-niams ou hommes qui portent une queue de chimpanzé et qui se classent avant le gorille et au-dessus du nègre Caffre, dans l'échelle des créatures (ainsi que je le constate dans mon traité intitulé : Du Têtard), -du grand lama thibétain dont le visage royal est toujours voilé depuis sa naissance jusqu'à sa mort inclusivement,- du chef de tribu zélandais KO-LI-KI (Roi des Rois), qui ne vit qu'en prélevant sur ses sujets (lorsqu'il passe à travers les huttes)
de grands morceaux de chair, enlevés d'un coup de mâchoire, aux endroits friands ; – je parlai des grands arbres, des flots, des rochers et des aventures lointaines...
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (34) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Ce film d'horreur et d'épouvante est (aussi) un roman

    Jack Torrance, gardien d'un hôtel fermé l'hiver, sa femme et son fils Danny s'apprêtent à vivre de longs mois de solitude. Ce film réalisé en 1980 par Stanley Kubrick avec Jack NIcholson et Shelley Duvall est adapté d'un roman de Stephen King publié en 1977

    Le silence des agneaux
    Psychose
    Shinning
    La nuit du chasseur
    Les diaboliques
    Rosemary's Baby
    Frankenstein
    The thing
    La mouche
    Les Yeux sans visage

    10 questions
    966 lecteurs ont répondu
    Thèmes : cinema , horreur , epouvanteCréer un quiz sur ce livre

    {* *}