AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Poèmes (22)

Etonnamment monotone et lasse
Est ton âme en mon automne hélas
Commenter  J’apprécie          153
Plus jamais.

Plus jamais de chambre pour nous,
Ni de baisers à perdre haleine
Et plus jamais de rendez-vous
Ni de saison, d’une heure à peine,
Où reposer à tes genoux.

Pourquoi le temps des souvenirs
Doit-il me causer tant de peine
Et pourquoi le temps du plaisir
M’apporte-t-il si lourdes chaînes
Que je ne puis les soutenir ?

Rivage, oh ! rivage où j’aimais
Aborder le bleu de ton ombre,
Rives de novembre ou de mai
Où l’amour faisait sa pénombre
Je ne vous verrai plus jamais.

Plus jamais. C’est dit. C’est fini
Plus de pas unis, plus de nombre,
Plus de toit secret, plus de nid,
Plus de lèvres où fleurit et sombre
L’instant que l’amour a béni.

Quelle est cette nuit dans le jour ?
Quel est dans le bruit ce silence ?
Mon jour est parti pour toujours,
Ma voix ne charme que l’absence,
Tu ne me diras pas bonjour.

Tu ne diras pas, me voyant,
Que j’illustre les différences,
Tu ne diras pas, le croyant,
Que je suis ta bonne croyance
Et que mon coeur est clairvoyant.

Mon temps ne fut qu’une saison.
Adieu saison vite passée.
Ma langueur et ma déraison
Entre mes mains sont bien placées
Comme l’amour en sa maison.

Adieu plaisirs de ces matins
Où l’heure aux heures enlacée
Veillait un feu jamais éteint.
Adieu. Je ne suis pas lassée
De ce que je n’ai pas atteint.
Commenter  J’apprécie          80
La maison des enfants.

La maison des enfants
Est livrée au grand vent
Leurs chambres sont désertes.
Le grand vent du matin
Ne dénoue au jardin
Nul ruban de soie verte.

Plus de mots hésitants
Et plus de compliments
Au midi de ma fête
Et plus de petits pas,
Plus de secrets tout bas
Ni de cris à tue-tête.

Loin de moi grandissez
Enfants de mon passé
Qui vivez en voyage,
Puis venez à mon cœur
Fontaine de mes pleurs
Y puiser votre image.

Usez de mon amour.
Votre jour est toujours
L’objet de mon envie.
Revenez à mes bras,
Ne vous éloignez pas
Du sein de votre vie.

Êtes-vous nés trop tôt
Rires de mes berceaux
À l’âge du quadrille ?
Êtes-vous nés trop tard
Enfant de mes hasards,
Enfants petites filles ?

Le jardin est pareil,
L’abeille et soleil
Y font leur course à l’aise,
Mais sous les hauts sapins
Plus de jeux anciens
Plus de chansons Françaises.

Plus de baisers le soir
Ni de peur dans le noir
Où vient rôder le diable,
Plus de jouets cassés,
Plus de genoux blessés
Ni de châteaux de sable.

Enfants, c’est mon passé
Passé que vous bercez
Au jardin de Verrières,
Car je riais aussi
Sous l’arbre que voici
Et que planta mon père.

Les jours sont abîmés.
Aurais-je trop aimé
Le pas qui déconcerte ?
Je suis seule à présent
Voyageuses enfants
Devant la porte ouverte.
Commenter  J’apprécie          50
La solitude est verte.

•Chasseresse ou dévote ou porteuse de dons
•La solitude est verte en des landes hantées,
•Comme chansons du vent aux provinces chantées
•Comme le souvenir lié à l'abandon.

La solitude est verte.
•Verte comme verveine au parfum jardinier
•Comme mousse crépue au bord de la fontaine
•Et comme le poisson messager des sirènes,
•Verte comme la science au front de l'écolier.

La solitude est verte.
•Verte comme la pomme en sa simplicité,
•Comme la grenouille, cœur glacé des vacances,
•Verte comme tes yeux de désobéissance,
•Verte comme l'exil où l'amour m'a jeté.

662 - [Le Sable du sablier, Poésie/ Gallimard n° 61, p. 63]
Commenter  J’apprécie          40
Le garçon de Liège.

Un garçon de conte de fée
M’a fait un grand salut bourgeois
En plein vent, au bord d’une allée,
Debout sous l’arbre de la Loi.

Les oiseaux d’arrière-saison
Faisaient des leurs malgré la pluie
Et prise par ma déraison
J’osai lui crier : « Je m’ennuie. »

Sans dire un doux mot de menteur
Le soir dans ma chambre à tristesse
Il vint consoler ma pâleur.
Son ombre me fit des promesses.

Mais c’était un garçon de Liège,
Léger, léger comme le vent
Qui ne se prend à aucun piège
Et court les plaines de beau temps.

Et dans ma chemise de nuit,
Depuis lors quand je voudrais rire
Ah ! beau jeune homme je m’ennuie,
Ah ! dans ma chemise à mourir.
Commenter  J’apprécie          30
Solitude, ô mon éléphant
Louise de VILMORIN
Recueil : "Solitude, ô mon éléphant"

Je ne suis plus là pour personne,
Ô solitude ! Ô mon destin !
Sois ma chaleur quand je frissonne,
Tous mes flambeaux se sont éteints.

Tous mes flambeaux se sont éteints,
Je ne suis plus là pour personne
Et j’ai déchiré ce matin
Les cartes du jeu de maldonne.

Solitude, ô mon éléphant,
De ton pas de vague marine
Berce-moi, je suis ton enfant,
Solitude, ô mon éléphant.

Couleur de cendres sarrasines,
Le chagrin me cerne de près,
Emmène-moi dans la forêt
Dont les larmes sont de résine.

Si j’évite la mort, c’est que je veux pleurer
Tout ce qui me fut proche et ce qui m’a leurré.
Allons dans la forêt sous la sombre mantille
Que trame de tout temps la vertu des aiguilles.

Je ne veux plus revoir dans l’océan du ciel
La lune voyager en sa blondeur de miel,
Ni sa barque en croissant me priver d’une idylle
Qu’elle emporte à son bord parmi d’autres cent mille !

1972
Commenter  J’apprécie          20
Mon cadavre est doux comme un gant.

Mon cadavre est doux comme un gant
Doux comme un gant de peau glacée
Et mes prunelles effacées
Font de mes yeux des cailloux blancs.

Deux cailloux blancs dans mon visage,
Dans le silence deux muets
Ombrés encore d’un secret
Et lourds du poids mort des images.

Mes doigts tant de fois égarés
Sont joints en attitude sainte
Appuyés au creux de mes plaintes
Au nœud de mon cœur arrêté.

Et mes deux pieds sont les montagnes,
Les deux derniers monts que j’ai vus
À la minute où j’ai perdu
La course que les années gagnent.

Mon souvenir est ressemblant,
Enfants emportez-le bien vite,
Allez, allez, ma vie est dite.
Mon cadavre est doux comme un gant.
Commenter  J’apprécie          20
Le châle.

Assise sur la plaine
Elle tissait le soir
Le châle de mes peines
Du fil de mes espoirs.

Mes mains chaudes et mains moites
Blancs oiseaux passagers
J’aimais ses mains étroites
Sur mon cœur en danger.

J’aimais que son visage
Mît mes jours en péril
Et risquer mon courage
Aux traits de son profil.

La faute originelle
Plantée en son bel œil
Fleurissait sa prunelle :
Couronne de mon deuil.

Et j’aimais sa démarche
Son air d’ange entêté
Quand nous passions sous l’arche
Des ponts d’hiver hantés.

À l’abri des colonnes
Prunelles des amours
Fleurissez de couronnes
Les baisers sans retour.

Elle rendit son ombre
Au grand vent d’un matin
Feuille à peine plus sombre
Que la feuille au jardin.

Mains moites, mains glacées
Oh ! mains de pain béni,
Reposez enlacées
Le long châle est fini.

Salons de l’autre monde
Dans les eaux des miroirs
Aux côtés de ma blonde
Je vais venir m’asseoir.
Commenter  J’apprécie          20
Habillée au goût du bonheur.

Habillée au goût du bonheur
Elle traversa mes années
Sans jamais parler du bonheur.
Et le soir cheminant l’allée,
Cheminant les sentiers des lièvres,
Elle disait de petits mots
Qui s’en allaient hors de ses lèvres
Comme l’eau frisée du ruisseau
Qui coupait en deux nos journées.

Passant le pont, penchée vers l’eau,
Penchée vers l’eau que disait-elle ?
« Tous les oiseaux battent de l’aile
Quand le courant tire le ciel.
Chaque poisson est un oiseau
Tombé d’amour, tombé à l’eau
Pendant les messes de Noël. »

Habillée au goût du bonheur
Elle traversait la prairie
En berçant un bouquet de fleurs,
Un bouquet de Vierge Marie
Qui était lourd comme un enfant.
Enfant fleuri en ses bras blancs,
Petites filles endormies
Qu’elle apportait à la maison,
Amour en chapeau de prairie
Aux couleurs de chaque saison.

En traversant notre prairie
Elle disait, berçant les fleurs :
« Les moutons de la bergerie
Ont fui les armes du malheur
Et moutonnent au ciel d’orage.
Dès que s’annonce le danger
Chaque mouton devient nuage,
Nuages de moutons légers
Partis au vent, haut sur la côte,
Lorsque s’éloigne le berger
Pour la messe de Pentecôte. »

Habillée au goût du bonheur,
Elle s’en fut de mes années
Chantant les vêpres sur mon cœur.
Vêpres par l’amour encensées,
Cantique traversé d’oiseaux,
Moutons en sa tête envolée,
Poissons des cieux tombés à l’eau
Naviguaient le ruisseau des pleurs
Quand s’en allait ma bien-aimée,
Un baiser en sa main fermée,
Sans m’avoir parlé du bonheur.

Chantant vêpres à petits mots,
Elle disait, quittant ma vie :
« Les étoiles des étés chauds
Sont des demoiselles pâlies
Qui désertèrent leur pâleur.
Amantes en lueur parties,
En étoiles filant ailleurs
Dès que l’amour clôt leurs paupières
Et va surprendre les prières
Aux vêpres de la Chandeleur. »
Commenter  J’apprécie          20
A l'envers de ma porte.

Ma peur bleue, ma groseille,
L’amour est une abeille
Qui me mange le cœur
Et bourdonne à ma bouche
Que tu nourris et touches
Des baisers du malheur.

Mon ange sans oreilles,
Ma peur bleue, ma groseille,
Ne viendras-tu jamais
À l’envers de ma porte ?
Es-tu de cette sorte
Ange sourd et muet ?

Tes mains sans teint, polies
Au jeu de tes folies,
Se mouillent à mes yeux
Et tu ris de ces fleuves
Où naviguent mes vœux
Parmi tes robes neuves.

Ne me donneras-tu
Que ton chapeau pointu
À porter ma sorcière,
Et nul autre baiser
Que ces nids de danger
Et ces ruches entières ?

Ne me permets-tu pas
De t’enlever tes bas
À l’envers de ma porte ?
Je veux voir tes pieds nus
Et les abeilles mortes
Du bonheur revenu.

Mon ange sans oreilles,
Ma peur bleue, ma groseille
Posée sur mes désirs,
Ma chambre est grande ouverte
Que coupe l’allée verte
Par où tu dois venir.

Ma peur bleue, ma groseille,
Viens à fleur de mes veilles
Et que tombe le jour
À l’envers de ma porte.
Et que le vent emporte
Le chemin du retour.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (56) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1227 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}