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Citations sur L'Énéide (136)

Ces paroles attisent le feu qui brûlait le cœur de Didon; elles rendent l'espoir à son âme anxieuse et délient sa pudeur. D'abord elles vont dans les temples et d'autel en autel cherchent la paix. Elles choisissent et immolent, selon l'usage, des brebis à Cérès législatrice, à Phébus, au divin Bacchus, et avant tous, à Junon qui veille aux liens du mariage. Didon, dans toute sa beauté, la patère à la main, verse elle-même le vin entre les cornes d'une blanche génisse, ou devant les images des dieux fait d'un pas grave le tour de l'autel humide de sang. Elle renouvelle ses sacrifices comme si le jour recommençait et penchée, les lèvres béantes, sur les flancs ouverts des victimes, elle consulte leurs entrailles palpitantes. Hélas, que les haruspices sont ignorants! Que servent à une âme passionnée les vœux et les temples? La flamme dévore ses tendres moelles et la silencieuse blessure se creuse dans son cœur. La malheureuse Didon brûle et va, errante, égarée, à travers toute la ville. Ainsi la biche atteinte à l'improviste d'une flèche que, de loin, dans les bois de la Crète, le pâtre qui la poursuivait a lancée : elle emporte avec elle, sans qu'il le sache, le fer ailé, et elle fuit, elle parcourt les forêts et les fourrés dictéens; mais le mortel roseau demeure attaché à son flanc. Tantôt la reine conduit Énée au milieu de la ville; elle lui montre avec orgueil les ressources de Sidon et de la cité prête à le recevoir. Elle commence une phrase et tout à coup s'arrête. Tantôt, à la tombée du jour, elle veut retrouver le même banquet que la veille et dans son délire redemande au Troyen le récit des malheurs d'Ilion et de nouveau reste suspendue à ses lèvres. Lorsqu'on se sépare, lorsqu'à son tour la lune pâlissante amortit son éclat et que le déclin des astres conseille de dormir, seule et triste dans sa maison déserte elle se jette sur le lit qu'il a quitté. Absente, absent, elle le voit, elle l'entend, ou elle retient dans ses bras Ascagne, séduite par sa ressemblance avec son père, pour essayer de tromper son indicible amour.
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Durs descendants de Dardanus, la terre qui première vous porta, aux origines de vos pères, la même, en son sein fécond, accueillera votre retour. Cherchez la mère antique. Là-bas, la maison d’Enée dominera sur tous les rivages.
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Il dit ces mots en pleurs, et lâche au gré des ondes
La bride à ses vaisseaux volant à voiles rondes ;
Enfin léchant la rive, il vient borner son cours
Où Cumes renommée au Ciel porte ses Tours.
La proue à contresens vers l’Onde est détournée,
L’ancre d’un ferme arrêt tient la flotte enchaînée,
Les poupes au grand ventre ombragent tout le bord.
Les escadrons Troyens d’un saut gagnent le port,
Pressant gais et brillants l’Hespérienne rive.
Les uns deçà, delà, cherchent la flamme vive
Dans sa semence occulte aux veines des cailloux.
Un Gros courant au bois prend le cerf au poil roux,
Ceux-ci la tendre biche aux verts taillis rencontrent,
Ceux-là trouvant des eaux à leurs troupes les montrent.
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Puissent les dieux - s'il est des divinités qui aient égard aux cœurs vertueux, s'il est quelque justice au monde -, puisse la conscience d'avoir bien agi t'en récompenser dignement. Quel siècle heureux que celui qui t'a vu naître ! Quels ont dû être tes parents, pour avoir donné le jour à celle que tu es ! Tant que les fleuves iront à la mer tant que l'ombre parcourra les versants des montagnes, tant que le ciel sera le pâturage des étoiles, tes honneurs, ton renom, ta gloire demeureront à jamais, quelque terre qui puisse m'appeler.
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Hors de lui, il s’adresse au roi : « Un Turnus ne se fait pas attendre ; les lâches Énéades n’ont aucun prétexte pour se rétracter et pour refuser de tenir leurs engagements ; je vais me battre. Apporte les objets sacrés, ô père, et énonce les termes de la convention. Ou bien mon bras enverra au fond du Tartare le Dardanien qui a déserté le combat en Asie – les Latins n’ont qu’à s’asseoir en spectateurs – et à moi seul, avec mon épée, je nous laverai de notre faute commune, ou bien, vaincus, nous sommes à lui et Lavinia lui revient comme épouse. »

CHANT XII - traduction Paul Veyne / Éditions Les Belles Lettres - Albin Michel
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Partons, nous ; allons vers d'autres larmes où nous appellent les mêmes affreux destins de la guerre. (Folio, p.333)
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[Didon à propos d’Enée – livre IV vers 597-629]
Soleil, qui de tes flammes éclaires toutes les œuvres de la terre, et toi, qui assembles, assistes les cœurs, Junon, Hécate aussi, qu’appelle par les villes le hurlement des carrefours nocturnes, Furies vengeresses, dieux d’Elissa qui meurt, accueillez ceci, tournez vers les méchants votre courroux qu’ils méritent et exaucez nos prières. S’il est besoin que cette tête exécrable atteigne un port, aborde à une terre, si les destins de Jupiter l’exigent, si ce terme est immuable, que pressé par la guerre, par les armes d’un peuple fier, chassé de chez lui, arraché aux bras d’Iule, il doive mendier des secours, qu’il voie l’indigne trépas des siens ; puis qu’après s’être livré sous les lois d’une paix inégale, il ne jouisse ni de sa royauté ni des jours qu’il souhaitait, mais qu’il tombe avant son temps, sans sépulture au milieu des sables. Telle est ma prière, telle est la dernière parole que je répands avec mon sang. Vous maintenant, Tyriens, poursuivez de vos haines cette race et tout ce qui sortira de lui ; telle est l’offrande que vous ferez parvenir à mes cendres. Point d’amitié entre les deux peuples, ni d’accords, jamais. Lève-toi, ô inconnu [Hannibal], né de mes os, mon vengeur, qui par le feu, par le fer pourchasseras les colons dardaniens, maintenant, plus tard, en tous temps où on en aura la force. Rivages contre rivages, flots contre mers, j’en jette l’imprécation, armes contre armes, qu’ils se battent, eux et leurs fils.
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[Enée], joyeux des présents de la déesse et d’un si grand honneur, ne peut en rassasier ses yeux et promène tour à tour ses regards sur chaque objet ; il admire, il tourne entre ses mains et entre ses bras ce casque dont l’aigrette répand la terreur et qui vomit des flammes, cette épée qui apporte la mort, cette rigide cuirasse d’airain, couleur de sang, énorme, pareille à la nuée azurée qui s’embrase aux rayons du soleil et renvoie au loin son éclat ; puis il contemple les cuissards lisses faits d’électrum et d’or retrempé, la lance, les inexprimables ciselures du bouclier.
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Là sont les royaumes que l’énorme Cerbère fait retentir de sa triple gorge aboyante ; le monstre est couché dans un antre, face à la rive. La prêtresse [Sibylle], voyant déjà son cou se hérisser de couleuvres, lui jette un gâteau soporifique, composé de miel et de graines préparées ; l’animal, dans sa faim enragée, ouvre ses trois gueules, engloutit ce qu’on lui jette, détend et allonge à terre sa croupe monstrueuse, dont l’énormité emplit tout l’antre. Enée se hâte de franchir l’entrée, tandis que le gardien est enseveli dans le sommeil, et il s’éloigne rapidement du bord de l’onde qu’on ne repasse pas.
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Arma virumque cano...
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