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Citations sur Donbass (91)

Il comprenait trop bien ce que la jeune femme disait de la guerre,.Quand il était rentré d'Afghanistan, il lui avait fallu plusieurs années pour ne plus ressentir la fadeur de la vie civile. Là-bas,à la guerre, tout était plus éclatant, les sentiments,les joies,les peines,la mort...même l'horreur. C'est pour cela qu'il s'était engagé dans la police, pour tenter de retrouver un peu de cette lumière crue qui exacerbait chaque sensation. (p.51)
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Que les cimetières, qu'ils soient soviétiques ou ukrainiens, étaient toujours le pire lieu du monde pour les mères.
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Depuis qu'il était en âge de jouer dans la forêt, il était souvent tombé sur des ossements. Les massacres étaient une spécialité locale : chaque époque avait offert les siens. Les fosses communes creusées par les communistes dans les années trente n'avaient pas toutes été découvertes, pas plus que celles utilisées par les nazis pour assassiner les Juifs durant la guerre. Les os pouvaient aussi être ceux d'un paysan parti mourir dans la forêt durant la grande famine provoquée par Staline en 1932-1933. Ou ceux d'un combattant mort en 2014.
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Ce n'est pas pour moi que j'ai peur. Ici, les gens sont vivants. La guerre les a mis à nu, on voit tout de suite ceux qui sont bons et ceux qui sont mauvais. Et ceux qui sont bons me donnent une furieuse envie de rester. A Kiev, la guerre est lointaine. Je me sentirais orpheline sans elle. Elle m'a déjà avalée, elle a fait de moi ce que je suis, ce que tu aimes, peut être. Il n'y a pas dechappatoire, de toute façon.
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"C'est quoi la guerre, sinon l'occasion de rebattre les cartes, l'opportunité pour les outsiders et les minables de se faire une place au soleil ?"
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A propos de Donetsk :
Les rues étaient propres : elles l'étaient avant l'arrivée des séparatistes et ceux-ci avaient mis un point d'honneur à les conserver comme telles. Question d'image. Leur "capitale" devait être prête à accueillir des délégations étrangères à n'importe quel instant fussent-elles composées de l'arrière-ban des partis d'extrême droite et d'extrême gauche de l'Europe de l'Ouest.
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Il n’était plus question d’avenir radieux, le présent tout entier se dérobait. Un présent douillet, rassurant, où l’on pouvait espérer marier une gentille fille et l’emmener une fois par an sur la côte de Crimée, où l’on gagnait sa croûte et sa boisson du samedi soir, où les barres d’immeubles étaient les mêmes pour tous. Où l’on pouvait partir à la pêche en sachant que le pays et le foyer seraient toujours là au retour. Dans ce monde-là, les villes s’appelaient Anthracite, Prolétaire, Bonheur… On y construisait des jardins d’enfants, des hôpitaux, des tramways aux couleurs pastels et naïves comme des slogans révolutionnaires. Tout avait valdingué. Le Donbass s’était retrouvé d’un coup comme une baleine échouée sur le rivage, rouillé, inutile, trop grand pour le pays nouveau et inconnu auquel il appartenait désormais. Ses habitants avaient assisté au dépeçage de l’outil industriel. Les oligarques achetaient et vendaient les usines comme des jetons de poker, pendant que les maraudeurs en arrachaient le métal pour le revendre sur des marchés noirs de misère. Les anciens mineurs sortaient à la nuit tombée voler dans des trains de marchandises le minerai que, dans cette autre vie désormais disparue, ils avaient sorti de terre à la force de leur bras. Où bien ils partaient dans les mines illégales du centre de la région, des galeries artisanales bâties à la va-vite dans lesquelles les wagonnets étaient remplacés par des baignoires tractées par des cordes - les accidents y étaient encore plus nombreux que dans les mines officielles. Ceux qui avaient gardé leur boulot avaient découvert leur nouveau statut de sous-prolétaires, de déchets de l’histoire. On ne les comparait plus aux cosmonautes mais aux ouvriers bangladais. Les filles l’avaient compris, elles aussi. Dans les bals, s’il y en avait encore, elles ne se disputaient plus les jeunes mineurs aux bras durs comme la pierre.
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Combien de frères s'étaient déchirés aux premières heures du conflit ? De pères avec leurs fils ? De couples ? Pro-ukrainiens contre prorusses... Modernistes contre traditionalistes... Il n'y avait alors plus de place pour les tièdes et les nuances. Des questions nouvelles étaient apparues et subitement tout le monde se devait d'avoir un avis : se sentait-on russe ou ukrainien ? monde slave autoritaire ou Occident décadent ? oligarques aux commandes ou gay prides sur les boulevards ? La haine était au coin de la rue, dans chaque cage d'escalier ; on formulait ses réponses avec de plus en plus de prudence ; les passages à tabac étaient monnaie courante... Plus tard, la guerre avait en quelque sorte remis les compteurs à zéro. On avait enterré les grandes idées et les espoirs fous, les questionnements, les identités tourmentées. On avait cessé de se disputer puisque seules les bombes étaient capables de se faire entendre. On n'espérait plus que la survie.
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- Qu'est-ce que la gloire a à voir là dedans, Henrik ? Il n'y a que les cons pour vouloir encore chercher la gloire à nos âges...
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Elles étaient des survivantes. Le quartier était rempli de ces veuves impassibles. Le pays pouvait bien s'étriper, elles continueraient à fabriquer des confitures et à mariner des champignons. Leurs maris s'étaient agités toute leur vie, puis leurs coeurs avaient lâchés, fatigués de tant donner à des corps trop massifs, à des vies trop brutales. Elles, elles restaient. Elles vivaient quinze ans, vingt ans de plus que leurs hommes. Et pendant vingt ans, elles enfilaient chaque jour les mêmes chaussons, les mêmes robes de chambre. Elles accomplissaient consciencieusement la routine de leurs petites vies. Elles y déployaient même une force surprenante. Peu leur importait de vivre en Union soviétique, en Russie, en Ukraine, elles avaient tout connu et tout était égal. Seul importait que leurs petits-enfants ne voient pas les horreurs qu'elles avaient vues. La Guerre, la vraie. Les purges de Staline.
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