Pour
L'Ingénu, j'ai eu un peu plus de mal même si ce récit commençait également très bien. Là encore,
Voltaire choisit avec beaucoup de minutie la date pour son histoire, 1689, pour la lier le plus possible aux hostilités entre la France et l'Angleterre qui était vive à cette époque. Alors que le prieur de Notre Dame de la Montagne et sa soeur Mlle de Kerkabon se promènent dans la ville, ils vont faire la rencontre d'un huron, membre d'une peuplade indienne au Canada, débarqué en bateau dans leur ville qui va immédiatement être l'objet de tous les regards. Les trois protagonistes découvrant rapidement et étonnamment leur lien de parenté, le huron est immédiatement invité à loger chez les Kerkabon afin de découvrir la culture française et de se l'approprier. Loin de cette éducation européenne, même s'il s'intéresse depuis son enfance à la France, celui qu'on appelle
l'Ingénu a du mal à comprendre les nouvelles règles auxquelles il va devoir se cantonner. Il est perçu comme un homme qui sait les choses de la vie sans être instruit religieusement, ce qui laissent évidemment pantois tous ses nouveaux amis français. Vu comme un jeune homme naïf, il semble malgré tout moins crédule que ses camarades à propos de la réflexion et de la pensée religieuse.
Le fanatisme religieux contre lequel se bat
Voltaire dans plusieurs de ses oeuvres est également bien présent dans ce conte. Par le personnage de
l'Ingénu,
Voltaire va consciemment dévoiler ce qui est pour lui de l'ordre de l'hypocrisie et du bien pensant. Car
l'Ingénu est prêt à se baptiser et à suivre les enseignements du Premier Testament mais il s'étonne des libertés que prennent ses proches ou des modifications universelles faites aux livres. La réflexion sur les interprétations d'une croyance, d'un savoir, est bien au centre de cette histoire. Vu comme le sauvage à instruire,
l'Ingénu est celui qui va montrer le plus de bon sens, ne se formalisant pas de la bienséance de la société française et de son certain puritanisme. Comme pour
Candide, j'ai trouvé parfois le rythme inégal et c'est ce sentiment de lenteur qui m'aura quelquefois lassée. Mais comme pour
Micromégas, ce conte propose de bonnes réflexions philosophiques, cette fois-ci plus tournées vers notre société française mettant en avant, comme tant d'autres sociétés, l'ethnocentrisme dont elle peut faire preuve. Il s'inscrit complètement dans l'histoire du pays, donnant encore plus de poids au texte par cette contextualisation géographique et historique. Je conseille alors à ceux qui sont intéressés par ce genre de lecture ou ceux qu'ils veulent s'y essayer ces deux contes très intéressants et stimulants.
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