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Jacques Van den Heuvel (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070428717
143 pages
Gallimard (15/05/2003)
3.94/5   395 notes
Résumé :
Le 9 mars 1762, le protestant Jean Calas est roué de coups sur la place publique de Toulouse, puis exécuté. Il est accusé sans preuves d'avoir tué son fils qui s'était converti au catholicisme. Niant depuis le début et clamant son innocence jusqu'à son dernier souffle, Calas n'est pas entendu. Mais bientôt, l'affaire gagne la capitale? Indigné, Voltaire s'empare de cette injustice. Devant l'incohérence du procès, il demande la réhabilitation du père Calas.Dénonciati... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
3,94

sur 395 notes
Ce traité est un coup de gueule du philosophe en 1763 contre la justice toulousaine et les religions. Puis, c'est aussi un coup de gueule des Français quand, après les attentats du 13 novembre 2015, il y a une recrudescence des ventes de ce petit livre.
Aaah, Voltaire, c'est mon pote, lui aussi ! J'ai l'impression de l'avoir toujours connu. 
En 1762, poussés par le capitoul ( maire-magistrat ) et la rumeur de Toulouse-la-catholique, 8 magistrats sur 13 envoient Jean Calas, huguenot, au supplice de la roue jusqu'à ce que mort s'ensuive, parce que, disent ils, il a pendu son fils Marc-Antoine car il voulait se convertir au catholicisme ... Mais c'est faux !
Profondément touché par cette injustice révélée par maintes incohérences, en 1763, François-Marie Arouet publie un "Traité sur la Tolérance", empli de raison, éclairé par Les Lumières, mais aussi, comme d'habitude avec lui, plein d'ironie et même d'insolence pour le monde religieux outrancier. 

Quand Socrate a bu la ciguë, il avait hâte de pouvoir discuter avec Homère. Quand je partirai, je serai pressé de trouver, outre ma famille,  Voltaire ... et Socrate ! On peut toujours rêver. 
Ce livre m'a fait rire et pleurer. Il est à rapprocher du "Napoléon le petit" de Victor Hugo, ou du "J'accuse" de Zola. Quand un grand écrivain sort ses tripes au nom de l'éthique, il est sublime. 
Qu'y a t-il dans ce petit livre ? Il est trop dense, et toute la culture de Voltaire s'exprime, avec un nombre incalculable de témoignages, de références. Les Romains furent tolérants, pas les Juifs ni les Chrétiens : la plupart des histoires de saints sont des fadaises, des impostures, des mensonges, montre t-il. 
"Voyons si Jésus-Christ a institué tout ça !" (là, on se rapproche de « La religieuse » de Diderot ), écrit-il. Mais non, ses paraboles sont mal interprétées par les hommes, et autant d'occasions de persécuter les humains, nos frères. L'ironie est partout, pas forcément goûtée par la mentalité française, mais plus dans l'esprit anglais. Puis il cite de nombreux témoignages signifiant l'intolérance : st Augustin, st Hilaire, st Justin, Fénelon, de Thou, etc... 
Il invente ensuite le dialogue absurde entre un mourant et un fanatique lui ordonnant d'abjurer sa religion ; ... Ensuite, contre les outrances de l'intolérance, il invente une proposition "du pire" au jésuite le Tellier, confesseur de Louis XIV ; ... Puis il imagine une querelle idiote ( j'étais MDR) entre un jésuite et un janséniste en Chine ! 
... Et il fait un hommage à Dame Nature. 
En gros, Voltaire est contre les sophistes, les inquisiteurs, les jansénistes et les jésuites, l'évêque d'Hippone et autres extrémistes, les superstitions et les préjugés : "le droit à l'intolérance est barbare", dit-il, et Attila a fait moins de morts que toutes les religions, qui, estime t-il, jusqu'en 1763, ont fait cinquante millions de morts. Prend-t il en compte les indiens d'Amérique sacrifiés au catholicisme des conquérants espagnols ?

A la fin du livre, Voltaire se loue de la clémence de Paris qui a contré l'arrêt de Toulouse, libéré les filles de la veuve Calas, Louis XV le bien-aimé accordant à celle-ci une indemnité pécuniaire. 

Voltaire, par ses paroles incisives et ses pamphlets, me fait penser à  « Blanqui l'insurgé » (excellente biographie d'Alain Decaux ), un siècle plus tard : celui-ci fiut hors d'état de "nuire" la moitié de sa vie, pour cause de troubles et de provocations. Celui-là se réfugia en Angleterre et en Suisse.

Voltaire convainc très bien  : je suis devenu déiste grâce à lui, grâce à cette phrase : 

"L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer 
Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger."
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Je ne vais pas m'étendre sur le contenu de ce traité. Je pense que tout le monde le connait.

Je suis toujours sous le charme du cynisme de Voltaire dans ses écrits (même si celui-ci est un peu pénible à lire du fait de la longueur des phrases).

Mais surtout ce livre me fait mal, parce que même si lors de sa sortie, Voltaire à réussi à obtenir la révision du procès de Jean Callas (un peu trop tard malgré tout). Aujourd'hui, 250 ans après la parution de ce pamphlet, les choses n'ont pas changées, voir, elles se sont même empirées.
L'intolérance, à tout point de vue, est devenue monnaie courante.
Aujourd'hui on se cache derrière le bien pensant, le politiquement correct afin de se voiler la face. Des mots des actes sont interdits par la loi, ou sont tout simplement condamnés par la société.. mais ils sont toujours perpétrés et parfois même par les autorités dirigeantes.

Ces textes écrits par nos philosophes, fort heureusement, ont quand même réussi a éclairer une partie des êtres humains peuplant notre terre. Il est quand même dommage que de nombreuses personnes préfèrent rester dans les ténèbres...
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Ce traité est un coup de gueule du philosophe en 1763 contre la justice toulousaine et les religions. Puis, c'est aussi un coup de gueule des Français quand, après les attentats du 13 novembre 2015, il y a une recrudescence des ventes de ce petit livre.
Aaah, Voltaire, c'est mon pote, lui aussi ! J'ai l'impression de l'avoir toujours connu.
En 1762, poussés par le capitoul ( maire-magistrat ) et la rumeur de Toulouse-la-catholique, 8 magistrats sur 13 envoient Jean Calas, huguenot, au supplice de la roue jusqu'à ce que mort s'ensuive, parce que, disent ils, il a pendu son fils Marc-Antoine car il voulait se convertir au catholicisme ... Mais c'est faux !
Profondément touché par cette injustice révélée par maintes incohérences, en 1763, François-Marie Arouet publie un "Traité sur la Tolérance", empli de raison, éclairé par Les Lumières, mais aussi, comme d'habitude avec lui, plein d'ironie et même d'insolence pour le monde religieux outrancier.
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Quand Socrate a bu la ciguë, il avait hâte de pouvoir discuter avec Homère. Quand je partirai, je serai pressé de trouver, outre ma famille, Voltaire ... et Socrate ! On peut toujours rêver.
Ce livre m'a fait rire et pleurer. Il est à rapprocher du "Napoléon le petit" de Victor Hugo, ou du "J'accuse" de Zola. Quand un grand écrivain sort ses tripes au nom de l'éthique, il est sublime.
Qu'y a t-il dans ce petit livre ? Il est trop dense, et toute la culture De Voltaire s'exprime, avec un nombre incalculable de témoignages, de références. Les Romains furent tolérants, pas les Juifs ni les Chrétiens : la plupart des histoires de saints sont des fadaises, des impostures, des mensonges, montre t-il.
"Voyons si Jésus-Christ a institué tout ça !" (là, on se rapproche de « La religieuse » de Diderot ), écrit-il. Mais non, ses paraboles sont mal interprétées par les hommes, et autant d'occasions de persécuter les humains, nos frères. L'ironie est partout, pas forcément goûtée par la mentalité française, mais plus dans l'esprit anglais. Puis il cite de nombreux témoignages signifiant l'intolérance : st Augustin, st Hilaire, st Justin, Fénelon, de Thou, etc...
Il invente ensuite le dialogue absurde entre un mourant et un fanatique lui ordonnant d'abjurer sa religion ; ... Ensuite, contre les outrances de l'intolérance, il invente une proposition "du pire" au jésuite le Tellier, confesseur de Louis XIV ; ... Puis il imagine une querelle idiote ( j'étais MDR) entre un jésuite et un janséniste en Chine !
... Et il fait un hommage à Dame Nature.
En gros, Voltaire est contre les sophistes, les inquisiteurs, les jansénistes et les jésuites, l'évêque d'Hippone et autres extrémistes, les superstitions et les préjugés : "le droit à l'intolérance est barbare", dit-il, et Attila a fait moins de morts que toutes les religions, qui, estime t-il, jusqu'en 1763, ont fait cinquante millions de morts. Prend-t il en compte les indiens d'Amérique sacrifiés au catholicisme des conquérants espagnols ?
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A la fin du livre, Voltaire se loue de la clémence de Paris qui a contré l'arrêt de Toulouse, libéré les filles de la veuve Calas, Louis XV le bien-aimé accordant à celle-ci une indemnité pécuniaire.
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Voltaire, par ses paroles incisives et ses pamphlets, me fait penser à « Blanqui l'insurgé » (excellente biographie d'Alain Decaux ), un siècle plus tard : celui-ci fiut hors d'état de "nuire" la moitié de sa vie, pour cause de troubles et de provocations. Celui-là se réfugia en Angleterre et en Suisse.
Voltaire convainc très bien : je suis devenu déiste grâce à lui, grâce à cette phrase :
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"L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger."
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Une belle oeuvre de Voltaire que j'ai eu envie de lire pour mettre en parallèle son époque et la nôtre, qui résonne trop souvent de faits divers xénophobes ou antisémites. Son traité sur la tolérance fait écho à la condamnation à mort et à l'exécution d'un père de famille toulousain de soixante-huit ans, protestant, à qui, fut reproché l'assassinat de son fils de religion catholique. le sujet est si sensible alors en France, depuis la révocation de l'édit de Nantes, que Voltaire déploie son argumentation en prenant le soin de ne jamais attaquer frontalement ni le Roi ni l'Église catholique, brossant dans le sens du poil chaque fois que nécessaire, ces deux piliers du pouvoir de son temps. Une stratégie qui lui permet de plaider sa noble cause sans risquer la censure de sa publication ou l'excommunication.
En tournant la dernière page, l'impression qui demeura, c'est que son discours aurait toute sa place aujourd'hui. Et l'on pourrait s'étonner que près de 250 ans plus tard, rappeler l'importance de la tolérance soit si indispensable. Que la croyance de chacun soit encore un motif de haine et de fureur.
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Ce traité permet de voir les choses autrement. Je dois avouer que j'ai eu du mal au début, la longueur des phrases me rebutait fortement. Un certain contraste est présent dans ce petit livre : certains chapitres sont lents et ennuyeux, d'autres sont vifs et intéressants. L'argumentaire de Voltaire est beaucoup trop porté sur le côté historique et moins sur le côté philosophique dont j'attendais beaucoup. On peut trouver ce livre compliqué à lire par la richesse du vocabulaire, les phrases qui ne se terminent pas et le sujet qui n'est pas toujours facile à aborder. Je relirai ce livre dans quelques années pour peut-être changer de point de vue. Chacun de nous a besoin de la tolérance pour pouvoir vivre en communauté. le fanatisme est encore d'actualité, il faut le combattre pour vivre en paix.
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Citations et extraits (159) Voir plus Ajouter une citation
Je me demande à présent si c'est la tolérance ou l'intolérance qui est de droit divin? Si vous voulez ressembler à Jésus-Christ, soyez martyrs, et non pas bourreaux.
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LUCIEN. : — Voilà d’étranges hommes que les barbares avec qui vous
viviez ! De mon temps, les Gètes et les Massagètes étaient plus doux et plus raisonnables. Et quelle était donc votre profession dans l’horrible pays que vous habitiez ?
ÉRASME. : — J’étais moine hollandais.
LUCIEN. : — Moine ! Quelle est cette profession-là ?
ÉRASME. : — C’est celle de n’en avoir aucune, de s’engager par un serment inviolable à être inutile au genre humain, à être absurde et esclave, et à vivre aux dépens d’autrui.
LUCIEN. : — Voilà un bien vilain métier ! Comment avec tant d’esprit aviez-vous pu embrasser un état qui déshonore la nature humaine ? Passe encore pour vivre aux dépens d’autrui : mais faire vœu de n’avoir pas le sens commun et de perdre sa liberté !
ÉRASME. : — C’est qu’étant fort jeune, et n’ayant ni parents ni amis, je
me laissai séduire par des gueux qui cherchaient à augmenter le nombre de leurs semblables.
LUCIEN. : — Quoi ! Il y avait beaucoup d’hommes de cette espèce ?
ÉRASME. : — Ils étaient en Europe environ six à sept cent mille.
LUCIEN. : — Juste ciel ! Le monde est donc devenu bien sot et bien barbare depuis que je l’ai quitté ! Horace l’avait bien dit, que tout irait en empirant :
Prigeniem vitiosiorem
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Prière à Dieu
Ce n'est donc plus aux hommes que je m'adresse ; c'est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps : s'il est permis à de faibles créatures perdues dans l'immensité, et imperceptibles au reste de l'univers, d'oser te demander quelque chose, à toi qui a tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous as point donné un coeur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d'une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d'une toile blanche pour dire qu'il faut t'aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu'il soit égal de t'adorer dans un jargon formé d'une ancienne langue ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l'habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d'un petit tas de la boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d'un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu'ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu'il n'y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s'enorgueillir.
Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères! Qu'ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l'industrie paisible! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l'instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu'à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.
(Chapitre XXIII)
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"Monstre, tu n'as pas ma religion, tu n'as donc point de religion : il faut que tu sois en horreur à tes voisins, ta ville, ta province."
S'il était de droit humain de se conduire ainsi, il faudrait donc que le Japonais détestât le Chinois, qui aurait en exécration le Siamois ; celui-ci poursuivrait les Gangarides, qui tomberaient sur les habitants de l'Indus ; un Mogol arracherait le coeur du premier Malabare qu'il trouverait ; le Malabare pourrait égorger le Persan, qui pourrait massacrer le Turc : et tous ensemble se jetteraient sur les chrétiens...
Le droit de l'intolérance est donc absurde et barbare : c'est le droit des tigres, et il est bien horrible, car les tigres ne déchirent que pour manger, et nous, nous sommes exterminés pour des paragraphes.

NDL : un mot : sublime !
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les hommes aiment assez qu’on leur montre leurs sottises en général, pourvu qu’on ne désigne personne en particulier ; chacun applique alors à son voisin ses propres ridicules, et tous les hommes rient aux dépens les uns des autres. N’en était-il donc pas de même chez vos contemporains ?

(Conversation de Lucien, Érasme et Rabelais dans les Champs Élysées)
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