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Citations sur Mes deux Allemagne (25)

[RDA, 1988]
- Quand deux personnes qui ont été sur la même longueur d'ondes se retrouvent dans des camps opposés, c'est beaucoup plus pénible que lorsqu'on n'est pas d'accord au départ, a-t-elle expliqué en versant de la poudre de cacao dans nos tasses.
- Pourtant, il est sympa, ai-je remarqué. Maman l'aimait bien.
- Il a choisi son bord, Lilly, a répondu Lena en contenant mal sa colère. C'est déjà assez ennuyeux que nous ayons eu à lui demander de l'aide.
Bernd travaillait pour le ministère qui espionnait les faits et gestes de la population, tandis que Lena faisait partie de ceux qui vivaient sur leurs gardes en permanence. C'était à la fois aussi simple et aussi compliqué que ça.
(p. 299-300)
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[1988, RFA-RDA]
Je sentais confusément qu'elle [ma mère] aurait aimé avoir quelqu'un à qui se confier, avec qui évoquer sa peur de mourir, son angoisse de me laisser seule et ces autres sujets que je ne soupçonnais pas à l'époque. Or, la seule personne qui aurait pu l'aider était aussi loin de chez nous qu'il était possible de l'être. Entre elle et maman, il y avait un mur, des miradors et des barbelés. Il y avait des dispositifs de tir automatique le long d'une zone balayée par des projecteurs, dite "bande de la mort", où patrouillaient des soldats et leurs chiens qui traquaient d'éventuels transfuges. Cette clôture défendait un petit pays [la RDA] furieusement replié dans ses retranchements qui, sous prétexte de protéger ses ressortissants contre les agressions du monde extérieur, les maintenait prisonniers.
(p. 23)
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Je me suis soudain souvenue que Maman glissait toujours un peu d'argent dans les colis qu'elle envoyait à Lena. Elle dissimulait les billets tantôt dans un paquet de café, tantôt sous le couvercle d'un poudrier ...

Cependant, les années passant, les douaniers qui contrôlaient systématiquement les paquets en provenance de l'Ouest dans les bureaux de poste étaient devenus plus malins. Rien n'échappait à leur vigilance,
si bien qu'à la fin, mon oncle et ma tante n'avaient plus reçu un centime.
C'était du vol organisé !

- Ils nous piquaient même le café ! s'est rappelé Lena. (...)
- Et les photos des footballeurs des tablettes de chocolat aussi ! a grogné Till.

- Mais attention, tout n'est pas négatif, Lilly, a tenu à préciser Lena.
Chez nous, personne ne meurt de faim.
Les produits alimentaires de base ne manquent jamais, ils sont même excessivement peu chers.
Ce qui est compliqué, c'est de trouver un article comme un appareil ménager, des pièces de rechange, ou de jolies boules de Noël ... Là, c'est la loterie !
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[RFA, 1988]
- Tu délires ! s'est-elle affolée. Personne ne cherche à ALLER en RDA ! Ceux qui sont contents, ce sont ceux qui réussissent à en PARTIR, justement ! Au cas où tu ne le saurais pas, certains préfèrent courir le risque de se faire descendre plutôt que rester sur place.
- Peut-être, mais...
- Il n'y a rien dans les magasins ! Quand ils ne tombent pas en ruine, les immeubles sont décrépits ; acheter une télé exige des années d'économies, la plupart des gens n'ont pas le téléphone et vivent avec les toilettes dehors ou sur le palier, et tu voudrais aller là-bas ?
Vu la réaction de Meggi, je me suis abstenue de lui raconter qu'en plus l'appareil d'Etat exerçait une surveillance de tous les instants sur les individus.
(p. 145)
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- Mam, à quoi ça sert d'interdire des livres?
- A empêcher les gens de réfléchir...
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De même que tous ceux de ma génération, j'ai grandi dans une Allemagne divisée en deux pays distincts, appartenant chacun à un bloc différent. Je savais qu'un conflit larvé opposait l'Est et l'Ouest depuis la dernière guerre, que les fusées soviétiques étaient braquées sur nous et que les roquettes américaines les tenaient en respect. Mais je ne me posais pas de questions. Du moment que le pays dans lequel je vivais, la RFA, était du bon bord !
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Le Mur était omniprésent, on n'avait même pas besoin de le voir pour deviner où était la frontière. Il suffisait de lever la tête pour apercevoir, toutes proches, les paillettes de Berlin-Ouest qui scintillaient dans l'obscurité.

Par contraste, l'Est n'en paraissait que plus sombre et plus figé.

C'était fou : de part et d'autre du Mur, les maisons étaient construites dans le même style et dans la même pierre, elles recevaient - stricto sensu - la pluie du même nuage ; et cependant, entre elles, il y avait tout un monde.
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A l'Ouest, au moins, on avait de la chance : on était libre de ses mouvements et on bénéficiait d'un bon niveau de confort.

Tandis qu'à en croire le peu de nouvelles qui nous parvenaient de RDA, de l'autre côté du Mur, tout était gris, froid et austère, et le "socialisme" maintenait la population dans une sorte de pauvreté forcée. C'était un pays où aucune de mes connaissances n'allait jamais en vacances.

(...) Bien sûr, je gardais mes réflexions pour moi. Je sentais bien que Maman était très attachée à son passé, même si elle n'en parlait qu'en de rares occasions et d'une manière différente des autres gens. J'avais remarqué qu'elle ne disait jamais "de l'autre côté" pour désigner la RDA, ce qui, à l'Ouest, était l'expression consacrée. Elle disait toujours "chez nous".
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Je brûlais d'en apprendre davantage.

- Tu sais, Lilly, si je ne parle pas volontiers de la RDA, ce n'est pas parce que j'ai honte, a ajouté Maman en levant les yeux.
C'est plutôt que les gens n'y comprennent rien,
ou que cela ne les intéresse pas.
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Depuis qu'ils s'étaient rencontrés à Budapest, quelques mois plus tôt, ils avaient rendez-vous chaque premier samedi du mois au même endroit de Berlin-Est.
Mon père vivait à Hambourg, et ma mère, à Iéna.
Le seul endroit où ils pouvaient se rencontrer était Berlin, et encore, pour quelques heures seulement. Juste avant minuit, heure à laquelle les barrières se refermaient sur les visiteurs de l'Ouest, ma mère raccompagnait mon père au poste-frontière.
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