Elle aimait prendre soin de son corps en pratiquant diverses activités physiques et en choisissant avec minutie ses aliments, de préférence biologiques, qu’elle ingérait. Ses beaux yeux verts tout ronds et brillants rendaient son regard vif et rusé. Sa petite bouche étroite esquissait un sourire quasi permanent. Alice était heureuse, droite et fière dans ses baskets ! Ses cheveux châtains frisés ébouriffés lui donnaient un air mutin charmant. Elle s’exprimait avec aisance, se liait d’amitié facilement et sa voix mélodieuse était un délice pour les oreilles de ses interlocuteurs.
En regardant Alice dans les yeux, elle sut qu’elle était à sa place. Cette pensée était réconfortante. Elle aspirait à une vie calme et posée aux côtés d’une personne qui l’aimait. Elle comprenait la chance qu’elle avait maintenant auprès d’Alice de laisser cicatriser doucement toutes ses blessures du passé. Comme le dit l’adage : « après la pluie vient le beau temps ». Après la neige, elles pourront sans doute profiter de magnifiques journées pour flâner au soleil à la montagne main dans la main.
Elle avait pris tout cela pour un jeu. Le plaisir de tuer n’avait pas été le même. Adèle, qui avait en premier lieu essayé de s’enfuir, avait eu les yeux qui exprimaient toute sa terreur, quand le foulard rouge avait serré son cou si blanc jusqu’à son dernier souffle. Cela avait été un moment de pure magie ! Rien que de se remémorer les meurtres en détail : chaque minute, chaque geste, chaque mot, chaque sensation… lui procurait une jouissance incommensurable.
Elle venait d’être majeure et cherchait un objectif dans sa vie. Il l’intriguait malgré elle : au mieux elle y dénicherait des secrets, au pire peut-être quelques conseils ou anecdotes amusantes. À sa grande surprise, il était couvert d’une calligraphie fine, légèrement penchée sur la gauche. Les lettres se succédaient sans sens apparent. L’auteur de ces écrits les avait méticuleusement cryptés.
Au fil du temps, les anciennes maisons s’étaient vidées. Les habitants fuyaient vers la ville, plus commode, plus moderne. Le charme de la campagne ne suffisait pas à faire le poids face aux obligations de la vie trépidante actuelle. Seuls quelques irrésistibles épris de sports de glisse se rappelaient encore que Sainte-Rosine était réputée jadis pour la pratique du ski.