Chaque époque trouve les mots dont elle a besoin pour se voiler la face.
La vie est comme une échelle de poulailler; courte et pleine de merde.
Parce que vous avez usurpé la fonction des dieux qui en d’autres temps guidèrent la conduite des hommes, apportant la thérapie du cri le plus irrationnel sans le réconfort du surnaturel : l’avant-centre sera assassiné en fin de journée.
Parce que vous utilisez l’avant-centre pour vous sentir des dieux générateurs de victoires et de défaites, carrés dans vos confortables bergères de césar à la petite semaine : l’avant-centre sera assassiné en fin de journée.
Parce qu’à l’heure où le soir tombe, les biorythmes de l’enthousiasme décroissent, l’hallali et le râle final résonnent comme une musique truculente et mélancolique : l’avant-centre sera assassiné en fin de journée.
[…]
Carvalho se redressa et emboita le pas au footballeur et à M. Relations publiques. Il remâchait silencieusement des injures incongrues contre lui-même, s’en voulant d’avoir accepté cette mission. Partager une paella avec un fils à papa et un veau anglais couvert de tâches de rousseur… Il pressentait un désastre.
[…]
Le temps n’en fait qu’à sa tête et seul le mensonge du cinéma ou des romans peut le circonvenir. Mais Biscuter, Charo, Bromure et lui-même étaient l’incarnation du temps, qui trahissait ses victimes différemment, selon le cas. Sous son action, Charo s’empâtait, Bromure pourrissait de l’intérieur, Carvalho devenait un spectateur toujours plus pensif de son temps et de celui d’autrui, lequel jusqu’à présent, n’avait pas de prise sur Biscuter, qui l’avait peut-être vaincu à la minute même de sa naissance en apparaissant aussi hideux qu’aujourd’hui, comme si le temps, en le voyant sortir du ventre de sa mère, avait reconnu en lui une victime à long terme.
[…]
- Oui. Et non. En vérité, je suis déconcerté. Je savais lire dans les yeux des crapules espagnoles, mais j’ai du mal à lire dans les yeux des crapules d’importation. Le langage des yeux n’est pas universel. Je m’en suis rendu compte.
- Que voulez-vous dire ?
- Mes informateurs m’on conduits à des mafias qui n’ont rien d’indigène et, d’après mes conversations, ces gens-là ne savent rien de ce que nous voudrions qu’ils sachent, mais ce qu’il savent, ils ne veulent pas que nous le sachions.
- Ça ne revient pas au même.
- Non.
[…]
Vivre littérairement est très dangereux, même d’excellents écrivains n’y ont pas résisté.
Les gens pardonnent la stupidité mais pas la richesse.
Nous sommes dans une société en décomposition. En apparence, tout est contrôlé, en équilibre, mais sous les apparences, le chaos menace. Les gens ne croient plus à rien. Ils ne se donnent même plus la peine de faire semblant de croire à quoi que ce soit. Les sociétés incroyantes sont pleines de francs-tireurs gratuits.
Nous sommes dans une société en décomposition. En apparence, tout est contrôlé, en équilibre, mais sous les apparences, le chaos menace. Les gens ne croient plus à rien. Ils ne se donnent même plus la peine de faire semblant de croire à quoi que ce soit. Les sociétés incroyantes sont pleines de francs-tireurs gratuits.
La nouveauté est toujours moins sotte au début, et encore. Elle naît parfois bien vieille, voire déjà morte.
On peut aimer la police quand on souffre d’un complexe d’autorité, ou être ennemi de la police quand on est un citoyen sur ses gardes, mais considérer un policier comme un personnage de spectacle n’est possible que dans les périodes troubles et dans celles où les gens ont perdu le sens de la hiérarchie des valeurs.
En vérité, je suis déconcerté. Je savais lire dans les yeux des crapules espagnoles, mais j’ai du mal à lire dans les yeux des crapules d’importation. Le langage des yeux n’est pas universel.
Les sociétés industrielles acceptent de payer par des morts l’utilisation de l’automobile, mais elles n’admettent pas qu’on tue au nom d’une folie politique, religieuse ou sexuelle. Il y a des morts permises et des morts interdites.