Pepe Carvalho est le personnage de fiction (ou le double ?) créé par l'écrivain catalan
Manuel Vasquez Montalban (1939-2003). A Barcelone, l'écrivain a une place dans le quartier du Raval....
Après une vie politique assez tourmentée, Pepe Caarvalho devient détective privé. Il est généralement (mais pas ici) entouré de Biscuter, homme à tout faire et cuisinier rencontré dans les prisons de Lleida et de Charo, son amie, prostituée indépendante à Barcelone. Car Pepe Carvalho n'est pas uniquement détective, il est aussi gastronome et souvent au fourneau. Ses bons repas, même solitaires, commencent invariablement par le choix d'un bon livre à brûler...Une caractéristique qui me le rend particulièrement sympathique (la cuisine, pas l'utilisation des livres comme petit-bois de chauffe.) Et la philosophie de Montalban me convient aussi.....Barcelone_Gaudi_064
Dans
le quintette de Buenos Aires, publié en espagnol en 1997 et en français en 2000, l'oncle de Pepe revenu finir à Barcelone une vie passée à Buenos Aires, s'inquiète pour son fils Raul : militant d'extrême gauche dans les années 70, il avait été emprisonné en 76. Sa femme Bertha été tuée, et sa fille de seize mois a disparu, ses travaux scientifiques ont été confisqués. Raul avait été finalement mystérieusement libéré et il était rentré à Barcelone. Vingt ans après, il décide de repartir en Argentine, et depuis n'a plus donné signe de vie. Pepe est chargé d'aller le convaincre de revenir vivre en Espagne.
A Buenos Aires, Pepe va s'apercevoir que la quête de Raul est complexe, que ses anciens camarades de luttes ne sont pas tous enchantés de le revoir, et que les anciens tortionnaires ont gardé toute leur capacité de nuisance. A la façon d'un tango, les personnages témoignent de l'Argentine péroniste, de la Junte militaire, de la nouvelle ère…Chaque figure a son double, comme les danseurs de tango dont la formation la plus classique est le quintette : chanteur (ou chanteuse comme Adriana Varela), violon, bandonéon, contrebasse et piano. La technique de
Vazquez Montalban est le collage. le résultat : une fresque déjantée, moite, désabusée, haute en couleurs et en odeurs, grotesque et sensible, un poème picaresque envoûtant…
Au fil de ses recherches, Pepe Carvalho se résout à ouvrir une officine de détective privé en s'associant à un praticien local. Sa découverte de la ville et de la gastronomie du pays vont être rythmées par de nombreuses rencontres, entre autres avec la mystérieuse Alma, professeur de littérature à l'Université, un homme qui se fait passer pour le fils naturel de
Jorge Luis Borges, un ancien tortionnaire flanqué d'un gros homme de main et suité de sinistres motocyclistes, quelques cadavres aussi etbien d'autres personnages qui sont autant de visages de l'Argentine actuelle. le chapitre intitulé « Meurtres au Club des Gourmets » est digne de l'anthologie de la littérature ou, peut-être un jour, du cinéma. Dommage que
Chabrol soit en fin de course…
Le détective généreux et désabusé Pepe Carvalho nous entraîne avec son humour froid dans un lacis d'intrigues baroques et foisonnantes, de vieilles connaissances réapparaissant et de coïncidences parfaitement invraisemblables. Tout est faux-semblants, face cachée, travestissements, trahisons, délations, passages à tabac. Si pour Pepe Carvalho, Buenos Aires se résume à "tango, Maradona, disparus", pour moi, les clichés se nomment «
Carlos Gardel, Astor Piazzola et Eva Peron ». Pour tenter d'y comprendre quelque chose de plus précis, laissons-nous entrainer deux pas en avant, un pas en arrière !
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