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Pepe Carvalho tome 14 sur 16

Denise Laroutis (Traducteur)
EAN : 9782020386661
493 pages
Seuil (31/03/2001)
3.63/5   50 notes
Résumé :
Le célèbre détective Pepe Carvalho part pour la capitale argentine enrichir ses connaissances, mais il part avant tout à la recherche de son cousin Raul qui a disparu. Ses aventures l'entraînent dans le Buenos Aires d'aujourd'hui, drôle et pathétique à la fois.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Une découverte qui m'a emballée ! le titre : « Le quintette de Buenos Aires »... et déjà je commençais mon voyage. Avec Pepe Carvalho, un vrai « gallego », je décolle d'Espagne, direction l'Argentine.

Un « gallego »  ou encore un « asado » ? Faut vous dire que je n'ai aucune connaissance de la langue espagnole, ce livre a donc été une découverte totale _de l'auteur et de son personnage principal, bien sûr_ mais aussi des expressions utilisées en Argentine. Je remercie la traductrice, Denise Laroutis, qui a eu la générosité d'expliquer au lecteur francophone les subtilités entre l'espagnol et celui parlé par les argentins, soulignant les rivalités ou moqueries des uns envers les autres au travers de détournements de mots, les termes culinaires ainsi que les termes liés à la dictature et son après...

J'ai beaucoup apprécié le détective privé Carvalho, son état d'esprit. Un côté borderline, anticonformiste et fin gourmet. A cet égard, ce livre chante la gastronomie autant qu'il croque la musique ou respire les auteurs argentins.

Si vous aimez le dépaysement, il est pour vous. C'est un festin !

Plus qu'un roman policier, c'est :
- un foisonnement de personnages, tous très fouillés, dont certains ne sortent pas de l'imagination de l'auteur mais de l'histoire de l'Argentine ;
- des récits de meurtres, d'enlèvements, de rencontres charnelles, de « processus », de « milicos », de la « guerre sale », et plus légèrement de tromperies conjugales ;
- une plume chaude et légère, mordante et drôle, surtout très intelligente, qui ne confine pas le lecteur dans la facilité mais force le respect par sa rigueur et la concentration nécessaire pour suivre le récit, laissant de côté ce qui n'est pas nécessaire à la compréhension (même si souvent cela la faciliterait, ici l'auteur tire le lecteur vers le haut).

Bref, je me suis régalée dans ce spectacle haut en couleur, dans le cabaret « Tango Amigo », en compagnie d'Adriana Varela, dans les rues de Buenos Aires et j'ai fait mon marché en compagnie de Carvalho pour qu'il choisisse les aliments et prépare le repas.

« Qu'est-ce que vous connaissez de l'Argentine ? le tango, Maradona et les disparus »...Euh ? un peu plus maintenant ! Peut-être une partie de la conscience collective des argentins aussi.

« Adios muchachos », peut-être chanté par Roberto Goyeneche (prononcé « Goyenètché »). En tout cas, à bientôt Pepe. On se retrouve à Barcelone, la prochaine fois ?

Che !
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Pepe Carvalho est le personnage de fiction (ou le double ?) créé par l'écrivain catalan Manuel Vasquez Montalban (1939-2003). A Barcelone, l'écrivain a une place dans le quartier du Raval....

Après une vie politique assez tourmentée, Pepe Caarvalho devient détective privé. Il est généralement (mais pas ici) entouré de Biscuter, homme à tout faire et cuisinier rencontré dans les prisons de Lleida et de Charo, son amie, prostituée indépendante à Barcelone. Car Pepe Carvalho n'est pas uniquement détective, il est aussi gastronome et souvent au fourneau. Ses bons repas, même solitaires, commencent invariablement par le choix d'un bon livre à brûler...Une caractéristique qui me le rend particulièrement sympathique (la cuisine, pas l'utilisation des livres comme petit-bois de chauffe.) Et la philosophie de Montalban me convient aussi.....Barcelone_Gaudi_064

Dans le quintette de Buenos Aires, publié en espagnol en 1997 et en français en 2000, l'oncle de Pepe revenu finir à Barcelone une vie passée à Buenos Aires, s'inquiète pour son fils Raul : militant d'extrême gauche dans les années 70, il avait été emprisonné en 76. Sa femme Bertha été tuée, et sa fille de seize mois a disparu, ses travaux scientifiques ont été confisqués. Raul avait été finalement mystérieusement libéré et il était rentré à Barcelone. Vingt ans après, il décide de repartir en Argentine, et depuis n'a plus donné signe de vie. Pepe est chargé d'aller le convaincre de revenir vivre en Espagne.

A Buenos Aires, Pepe va s'apercevoir que la quête de Raul est complexe, que ses anciens camarades de luttes ne sont pas tous enchantés de le revoir, et que les anciens tortionnaires ont gardé toute leur capacité de nuisance. A la façon d'un tango, les personnages témoignent de l'Argentine péroniste, de la Junte militaire, de la nouvelle ère…Chaque figure a son double, comme les danseurs de tango dont la formation la plus classique est le quintette : chanteur (ou chanteuse comme Adriana Varela), violon, bandonéon, contrebasse et piano. La technique de Vazquez Montalban est le collage. le résultat : une fresque déjantée, moite, désabusée, haute en couleurs et en odeurs, grotesque et sensible, un poème picaresque envoûtant…

Au fil de ses recherches, Pepe Carvalho se résout à ouvrir une officine de détective privé en s'associant à un praticien local. Sa découverte de la ville et de la gastronomie du pays vont être rythmées par de nombreuses rencontres, entre autres avec la mystérieuse Alma, professeur de littérature à l'Université, un homme qui se fait passer pour le fils naturel de Jorge Luis Borges, un ancien tortionnaire flanqué d'un gros homme de main et suité de sinistres motocyclistes, quelques cadavres aussi etbien d'autres personnages qui sont autant de visages de l'Argentine actuelle. le chapitre intitulé « Meurtres au Club des Gourmets » est digne de l'anthologie de la littérature ou, peut-être un jour, du cinéma. Dommage que Chabrol soit en fin de course…
Le détective généreux et désabusé Pepe Carvalho nous entraîne avec son humour froid dans un lacis d'intrigues baroques et foisonnantes, de vieilles connaissances réapparaissant et de coïncidences parfaitement invraisemblables. Tout est faux-semblants, face cachée, travestissements, trahisons, délations, passages à tabac. Si pour Pepe Carvalho, Buenos Aires se résume à "tango, Maradona, disparus", pour moi, les clichés se nomment « Carlos Gardel, Astor Piazzola et Eva Peron ». Pour tenter d'y comprendre quelque chose de plus précis, laissons-nous entrainer deux pas en avant, un pas en arrière !
Lien : http://www.bigmammy.fr
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Bigmamy a écrit une bien belle critique qui dit l'essentiel et même le reste. Ah oui, ça mériterait un film, mais avec du budget et du talent, pour bien rendre compte de tous les décors évoqués. Et avec l'acteur argentin Ricardo Darín. Mais les mots de Montalban ont la puissance nécessaire pour brosser ces tableaux. On dit que les Argentins sont des Italiens qui parlent espagnol et se prennent pour des Anglais. Certains personnages m'ont rappelé la blague portant sur la recette de l'Uruguayen (juste de l'autre côté du Rio de la Plata) Comment fait on un Uruguayen?
- On met un peu d'Italien, un peu d'Espagnol et un peu de merde.
Attention, car si on met trop de merde, cela devient un Argentin.
En langue originale, le roman serait sans doute encore plus goûteux, le traducteur attirant notre attention sur les particularités de l'espagnol parlé en Argentine, à l'image de leur manière spécifique de désigner les pièces de boucherie ! Toutes les références littéraires, les poèmes, les tangos sont également somptueuses. Et le petit clin d'oeil à celui de Gardel, Adios Muchachos https://www.youtube.com/watch?v=IGI_1L7iQNA. Et que dire de l'apparition de Robinson Crusoë avec Vendredi, le perroquet et le lama, comme touche de réalisme magique, cher à Gabriel Garcia Marquez !
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Notre flic gastronome se retrouve à Buenos-Aires à la recherche d'un cousin (pas un indic, le fils de son oncle). Ecrit à la fin des années quatre-vingt dix, pas si longtemps après la chute des galonnés, Pepe va fréquenter toute une faune qui a magouillé, s'est enrichie, a torturé pendant le régime des militaires. Il rencontre aussi les “Folles de maiˮ, ces grands-mères à la recherche de leurs enfants ou petits-enfants “disparusˮ, beaucoup ont été kidnappés et adoptés incognito par les traine-sabre. Les cadavres vont jalonner le parcours, vieilles vengeances, conflits d'intérêt, silence nécessaire. Toujours le style alliant cynisme, modestie et réalisme de Pepe-Manuel. A la lecture, une question surgit, quelle est la différence entre ces livres et les polars anglo-saxons. Réponse en peu de mots : La vie. Ici plaisir des sens, de tous les sens, humanité tragique ou comique, là-bas, moralisme, juste pensée, cliché politiquement correct, ethniquement juste… Fadaises et fadasse. Ici gastronomie, là, nourriture bio ! Montalban qui a eu l'extrême mauvais goût de nous quitter a échappé au terrorisme intellectuel de la nouvelle censure woke. Grâce lui soit rendue.
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Pour celui qui veut découvrir la société et l'histoire argentine, ce roman vaut n'importe quel livre sur le sujet. C'est bien documenté, et j'ai beaucoup aimé cet aspect historique. L'aspect psychologique m'a beaucoup plu aussi, avec ces réflexions sur le militantisme, la politique, etc.

Néanmoins, je trouve (et là c'est peut être parce que je l'ai lu en espagnol) que l'auteur se perd dans les détails et les histoires annexes qui font perdre le fil.

Peut être mon avis serait différent si je l'avais lu en français ! Mais de manière général, c'est un bon moment que vous passerez avec Pepe Carvalho.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Carvalho va vers la cheminée. Il fait un tas avec les bûches. Il prend le livre qu'il lisait. Ses mains le mettent en pièces et il dispose sous le petit bois les feuilles déchirées. Il y met le feu, les flammes rougissent son visage, il le sait et l'imagine illuminé comme si c'était le visage d'un autre. Tournant les yeux vers la table, il croit sentir le fumet qui l'appelle, mais ne réveille en lui qu'un seul sens, celui de la nostalgie, retour de flamme dans lequel brûle l'image de sa grand-mère avec une casserole toute pareille dans les mains. Il plongera ensuite sa fourchette dans le riz qui aura le goût de l'exil, comme s'il y manquait un ingrédient pour qu'il soit pareil au plat de sa mémoire. La fourchette râcle les derniers grains, par refus de la moindre complaisance dans la prostration, puis la main de Carvalho prend le verre de vin à moitié plein et il boit. Soupir de satisfaction dédié à son autre moi qui lui tient compagnie pendant son dîner solitaire.
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J'ai écrit au Roi, un vieux Républicain comme moi. J'ai demandé pour lui ce que je n'avais jamais demandé pour moi! J'ai transigé sur des choses que je n'aurais jamais accepté avant. Finalement , je l'ai ramené en Espagne. Le temps, le temps guérit tout, parait-il. Le temps ne guérit rien de rien. Il ajoute son poids, et voilà.
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— Tu es en train de me dire que tu as osé brûler le roman de Marechal ?
— Ça peut être de n'importe qui, je m'en fous.
— Mais c'est notre Ulysse !
Alma est définitivement indignée.
— Tu n'es qu'un fasciste. Un cuistot !
— La culture n'apprend pas à vivre. C'est juste le masque de la peur et de l'ignorance. De la mort.
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— ... Toi, toi tu peux le retrouver. Tu sais comment faire, tu es dans la police, non ?
— Détective privé.
— Ce n'est pas pareil ?
— La police fait régner l'ordre. Moi, je me contente de révéler le désordre.
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Quand Carvalho serre dans ses bras son corps nu, il perçoit des électricités qui émanent de tout ce qui pointe et il se remplit aussitôt la bouche de poils blonds frisés sur un pubis de nacre. Il avait besoin de manger du sexe comme on a besoin d'embrasser la terre après un exil.
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