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Pepe Carvalho tome 5 sur 16
EAN : 9782264029836
277 pages
10-18 (20/10/1999)
3.54/5   111 notes
Résumé :
Lors d'une réunion plénière du comité central, Fernando Garrido, secrétaire général du Parti communiste espagnol, est assassiné. L'événement a un énorme retentissement en Espagne. Les délégués, en marge de l'enquête de la police, font appel à Pepe Carvalho, détective privé, ex-membre du Parti. Il apparaît rapidement que l'assassin ne peut être qu'un des délégués présents à la réunion, ce qui ne plaît pas à tout le monde. Pepe commence à recevoir des menaces plutôt m... >Voir plus
Que lire après Meurtre au comité centralVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Pepe Carvalho a un appétit féroce. Presque une obstination. Une obstination à la limite de la contradiction. Détective, ancien membre du Parti communiste, il se retrouve, si l'on peut dire, replongé dans son passé militant en enquêtant au sein du Parti Communiste Espagnol. En le tenant à distance, comme un éclat dont on s'abrite les yeux.
Peut-être que l'obstination et la contradiction font mauvais ménage avec la dialectique du Parti ? Peut-être que Pepe Carvalho était destiné à ne plus militer ? Est-il resté un sympathisant ? Lui assure qu'il est devenu apolitique. Laissons-le à cette forme de certitude.
Un ancien communiste qui se trouve, à un moment de sa vie, à travailler au sein de la CIA, c'est assez savoureux. Qu'est qui a poussé Pepe Carvahlo dans le militantisme ? L'idéologie ou l'action ? Les deux à la fois ?
N'étant pas familière du personnage, je ne m'aventurerai pas dans un examen fouillé de son caractère . Pepe a de l'humour, même un peu acide, un désenchantement accroché en bandoulière, un courage physique indéniable, une manie tout à fait « scandaleuse » : il brûle les livres de sa bibliothèque de façon méthodique et régulière ; un amour gourmand et gourmet pour les vins, la nourriture et s'en trop m'avancer pour les femmes.
L'intrigue se passe au début des années 80, cela fait donc 5 ans que Franco est mort et lentement sur la dépouille zombiesque du vieux Caudillo se construit l'Espagne d'aujourd'hui. Ce pays est donc un jeune enfant qui essaie de grandir. le PCE sortit de l'ombre est lui aussi peu accoutumé à cette liberté virginale. Tous ces hommes habitués à la clandestinité, la lutte souterraine,l'âpreté du combat armé et du sacrifice sont un peu bousculés dans leur tête et leur coeur. Ils se comportent entre eux comme des amants qui se jalousent, amoureux sans condition d'une même cause, belle et immaculée qui s'appelle le Communisme. Certains plus fatigués, certains plus agressifs, certains plus lucides, mais tous d'un seul bloc pour un idéal qui a nourri, géré, guidé leur vie. Que se passe-t-il quand le bloc se fissure ? Un crime. Qui appelle-t-on ? Pepe Carvalho. Ancien camarade de lutte, passé par la case prison sous Franco - qui semble une sorte d'adoubement inconscient pour cette génération de militants – Pepe est sans doute le plus indiqué pour ce travail. Lui en doute un peu. D'autant plus que l'affaire est confiée par le Gouvernement à un certain Fonseca, ancien tortionnaire du régime franquiste qui maintenant oeuvre pour le Ministère de la Justice. Ah ! le recyclage des « affreux » dans beaucoup de pays ! Tellement efficace, tellement bien huilé ! Pepe Carvalho accueille la nouvelle de la nomination de Fonseca à la tête de l'enquête avec une forme d'indifférence distante. Ces deux là ont un passé commun et l'attitude presque détachée que Pepe Carvalho adopte devant Fonseca relève d'une forme de mépris.
Carvalho va se confronter à des ennemis visibles et invisibles, venant de toutes parts, donnant l'impression que toutes les officines légales et illégales d'espionnage des puissances du monde se sont réveillées et convergent sur Madrid.
Pepe Carvalho, lui se sent fatigué de tout ce chambardement, entre tueurs à gages, manipulateurs politiques, agitateurs patentés, militants de tous poils près à en découdre avec tout le monde et par-dessus tout cela, la ligne du Parti. Peut-être aussi fatigué de se remémorer, par instant, son passage en prison, comme si, contre son gré, l'Histoire le rattrapait. Car Montalbán parle sous le couvert d'une enquête rondement menée, d'histoire politique d'un pays et d'histoire tout court.
Les anciens du PCE ne veulent pas « rendre les armes », renâclent à entrer « dans la modernité » ; La jeune génération des futurs dirigeants du Parti les pousse de côté, entre vénération et agacement. Ces jeunes militants sont présentés emprunts de futur mais aussi confits dans des formes de « tics » rhétoriques de la pensée communiste et un « syndrome » du culte de la personnalité assez prononcé.
Montalbán parsème le récit des envies culinaires de Pepe Carvalho ; elles sont récurrentes et importantes. Pepe Carvalho est très attentif à ce qu'il mange et où il mange. C'est son sas d'oxygène. Visiblement très bon cuisinier, il élabore en un tour de main des recettes principalement catalanes, avec une profusion d'ingrédients – végétariens s'abstenir – qui confère au rite.
Pepe Carvalho a un humour impertinent, un peu sarcastique, comme Montalbán ; Il peut aussi faire preuve d'un grand détachement comme si le monde autour de lui ne le concernait plus. Lui qui a tant vécu, éreinté par cette vie en perpétuel mouvement. Mais ce n'est pas une fatigue pessimiste comme peut l'être celle de Wallander, ni une fatigue atone comme parfois chez Dortmunder ; c'est une fatigue agile ; Elle se fond dans le décor, dans l'action, dans le mental de Pepe Carvalho ; un mental aiguisé, aigu, critique, libre.
Première incursion dans le monde de Manuel Vásquez Montalbán ; Une lecture plaisante, facile avec un personnage qui me donne envie d'aller chercher un peu plus dans d'autres enquêtes, le sel de l'âme de Pepe Carvalho.
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Je commence à être sacrément impressionné par le talent et la vista de Manuel Vazquez Montalban, après la lecture de cette enquête de Pepe Carvalho (la troisième pour moi) menée sur le terrain glissant des cercles politiques de l'alors toute jeune démocratie espagnole. le premier secrétaire du parti communiste espagnol, héros de l'antifranquisme et personnage-pivot de la transition démocratique, est assassiné en plein comité central du parti. C'est à Carvalho, ancien communiste, que l'état-major du parti confiera la tâche de retrouver l'assassin (et donc le traître). Si encore une fois l'enquête de Carvalho ne semble pas se plier aux canons étroits du roman policier, la méditation sur le politique qui se dégage au fur et à mesure des avancées du détective est simplement superbe. La première partie du roman, correspondant à l'affranchissement de Carvalho par ses commanditaires, réfléchit à ce que signifie le fait d'être communiste sous Franco puis à cette époque apparemment plus apaisée de la naissance de l'eurocommunisme. le coeur du roman, et notamment l'interrogatoire des principaux suspects, est le prétexte d'une typologie très réussie (mais un peu artificielle) des dirigeants et militants communistes de l'époque : vieux résistants, jeunes techniciens, éternels ouvriers et paysans. La conclusion, enfin, est une ode à la gloire des politiques émancipatrices et de ceux qui s'y consacrent avec intégrité. Si l'évocation de Madrid par MVM est bien plus chétive que celle de Barcelone (elle semble se résumer à la recette du gras-double), on ne manquera ni la description d'un appareil d'Etat passé en un clin d'oeil du franquisme à la démocratie, ni celle des nouvelles figures de la Transition qui font l'objet d'une liste "à la Perec" particulièrement inspirée au détour d'un chapitre. Un livre passionnant pour tous les mordus de politique et les curieux de civilisation espagnole, qui - sans arriver à sa hauteur, mais il n'y visait pas - forme un prolongement particulièrement intéressant, centré sur le rôle du PCE, à la plus récente Anatomie d'un instant de Javier Cercas.
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Drôle de policier ou l'intrigue est ténue comme un sandwich SNCF comme disait Séchan
Pourquoi Pepe Carvalho s'engage-t-il dans une enquête sur le meurtre du camarade Garrido , enquête commanditée par d'anciens combattants de la guerre civile, camarades de luttes alors qu'il n'est plus ni communiste, ni quoique se soit et est considéré par ceux qui le connaisse au mieux comme un apostat, au pire un renégat ou traître ? Pour l'argent ? Que nenni ! Alors ?
Eh c'est parce que Pepe voulait parler politique notamment de quarante ans de communisme d'après guerre et donc Montalbán n' a eu d'autre choix que de suivre et c ‘est pour cela que le lecteur a droit à des analyses et synthèses politiques érudites. Il y a parfois des personnages qui prennent l'ascendant sur leur créateur et qui imposent leur sujet. Dire que Montalbán en soit marri peut-être pas car pour parler politique c'est toujours mieux dans un roman surtout policier que de chroniquer à chaud dans un journal!
On pourra apprécier p 71 un éloquent discours d'un gourou politique, dialectique intellectuelle parfaite du discours de gauche anarcho- communiste d'un certain temps, irréfragable mais dont le seul défaut c'est d'être à cent lieues de la réalité. de la dentelle littéraire !
Montalbán, pardon Pepe, nous livre ses impressions, pour dire peu, sur l'important vivier communiste espagnol entre deux âges sans parler de son incontournable contexte post-franquiste. On retrouve la dualité Montalbán/Pepe Carvalho et fiction/réalité.
Excellent analyse du parti, des militants : les doctrinaires, les purs et les autres, les anciens qui ont vécu la période Franco et la prison, des jours glorieux de luttes et les jeunots, tendrons politiques plus politiciens/fonctionnaires/apparatchiks mais dont les valeurs évoluent et pas forcement en bien: quand un militant se plaint d'être un lampiste on sent que la foi syndicale ou politique n'est plus ce qu'elle était, excellent analyse donc, en général, de l'ambiance d'un comité central communiste et la défection du militantisme, l'épouvantail Franco ayant disparu.
D'autre part Montalbán nous donne une jolie vue des particularismes régionaux de l'Espagne On est catalan ou Basque voire Madrilène ou Murcien et il en a autant que de groupuscules politiques à vrai dire même que d'ibères.
Pour en revenir à Pepe on connaît son goût pour les bon petits plats il nous apprend que
le cocido pot-au-feu à l'espagnol est fait à base de pois chiche, le mexicain avec des lentilles, et au Brésil des haricots noirs. Ainsi est le castillan, celui de Madrid se
distingue par le chorizo et celui de Catalogne par la saucisse au sang et la farce. Itou avec les kiwis néo-zélandais et les kiwis galiciens. Hum !
L'autre marotte c'est la littérature et les flambées au coin du feu, Huxley, Orwell et Zamiatine sont convoqués au menu et enfin la dernière et non la moindre les femmes. Là par contre Pepe fait un faux pas: son atavisme sexuel prend le pas sur ses cellules grises, et c'est bien déraisonnable dans une enquête à aux risques politiques pleine de barbouzes aux grosses pointures CIA ou KGB…Tse. Tse. Pepe!
La politique donc constitue ce livre: l'aspect policier y est mineur mais il y a quand même de l'action, ponctuelle certes, mais de l'action violente d'autant plus qu'elle semble très plausible. On est plus dans le John le Carré que dans Maigret, Niémans ou Laviolette.
Les personnages ont de l'épaisseur sans parler du trublion Pepe.
Un très bon moment mais il faut aimer l'histoire, la politique, éventuellement le polar édulcoré et l'Espagne.
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***

Premier Vasquez Montalban à mon actif.

Dieu que c'est compliqué. le détective gastronome passe encore, cela en rappelle d'autres, mais l'intrigue entre tous les courants de la politique et de la non-politique espagnole.... Je m'y suis perdue. Se rappeler qui était qui n'a pas été une sinécure non plus.

Il en reste l'impression d'un polar qui détour après détour vous emmène jusqu'à l'épilogue, doté de sens, ce qui n'est pas mal pour un roman policier. Je récidiverai sans doute pour savoir si c'est Pepe Carvalho qui ne m'enthousiasme pas ou juste l'histoire du parti communiste madrilène.
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Pepe Carvalho et moi, c'est une longue histoire, qui remonte à la lecture d'un article dans Point de vue, au beau milieu des années 90, puis,plus tard, au visionnage de la série télévisée. Trouver les livres de Manuel Vasquez Montalban à la campagne dans ses mêmes années, c'était aussi très compliqué !
Aujourd'hui, en 2018, je vous présente Meurtre au comité central, et ce n'est pas la lecture la plus facile de Montalban. Je dirai même que j'ai failli lâcher au quart du roman et j'ai fait une très longue pause avant de reprendre la lecture. le roman est en effet très touffu, il nous entraîne dans le passé de l'Espagne, à l'époque de la dictature franquiste et de la répression du parti communiste. Puis vient l'après, la chute du franquisme, et l'ascension du Parti, qui n'a plus besoin de se cacher. Les destinées de chaque membre, éventuellement de sa famille, ne sont pas toujours faciles à suivre – il y en a eu des traîtrises, il y en a eu, des changements de situation, pour ne pas dire des retournements de situation, et il est loin d'être facile pour la lecture que je suis de me repérer. Ajoutons que Pepe Carvalho, dans la plus pure tradition de ses enquêtes, passe un temps certain à se nourrir, du moins à trouver des recettes qui lui conviennent. Je n'ai pas compté le nombre de fois où l'enquête a été arrêté pour lui permettre de trouver un endroit où se nourrir, ou à tester une recette que j'aurai du mal à vous recommander. Comme le dit Pepe : » Sherlock Holmes jouait du violon. Moi je cuisine. »
Ce n'est pas si souvent qu'il quitte Barcelone pour Madrid, et, comme pour tout catalan – voir l'inspecteur Mendez – ce déplacement ne lui va pas forcément. Il n'a que peu de contact avec Biscuter et Charo, des personnages que j'apprécie, et que j'ai peu vu. Non, le climat madrilène ne convient pas à tout le monde. Là non plus, je n'ai pas compter le nombre de fois où Pepe a été enlevé, menacé par une arme. Il a donc écopé de quelques blessures, plus ou moins sérieuses, il en a donné aussi, mais il a toujours respecté sa déontologie – et tant pis si cela exaspère ses adversaires. Oui, c'est une structure romanesque un peu répétitive. Ne serait-ce pas un moyen de se moquer de ce Parti et de son organisation ? Un peu, sans doute. L'action se passe en 1980, le communisme vit encore de belles heures dans certains pays.
Un roman policier que je suis heureuse d'avoir fini, mais que je n'ai pas forcément énormément apprécié.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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critiques presse (1)
Liberation
16 juillet 2012
Partout, on retrouve ou découvre l’humour, la culture, le plaisir, la finesse, le sens populaire de la ville et de l’Histoire, dont disposait et que dispensait à parts égales Manuel Vázquez Montalbán […].
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Le regard de Santos Pacheco consultait celui de Salvatella, dont le sourire indiqua à Carvalho que Santos n’avait pas le sens de l’humour et que l’autre le savait. Réconforté et averti par son camarade, Santos échangea avec Carvalho un regard complice et souriant.
– Madrid n’est pas une abstraction, et on ne peut pas généraliser à propos des fonctionnaires. Je vois que vous adhérez à tous les poncifs provinciaux.
– Ce n’est pas une question d’adhésion ou de non-adhésion. Madrid n’est plus ce qu’elle était.
– En 1936 ?
– Non, en 1959, lorsque j’y habitais. Les gambas de la Casa del Abuelo, par exemple. Excellentes et pour rien. Allez donc les chercher, à présent.
– Ah ! Il s’agit des gambas.
Le regard de Santos allait de droite à gauche, on aurait dit qu’il était à la recherche du lieu exact que méritaient les gambas perdues de la Casa del Abuelo dans une conversation sur le meurtre du secrétaire général du parti communiste.
– Il y a d’excellents restaurants de fruits de mer, dit-il soudain avec un certain soulagement.
– Mais à quel prix !
– Évidemment, les fruits de mer sont chers.
– Il y a de tout, coupa Salvatella, puis il ajouta : Quand je vais aux réunions du Comité central, je dors chez Togores, celui de la Perkins. Il habite près du palais des Sports, rue Duque de Sesto. Eh bien, dans le coin, il y a un endroit où on en sert d’excellents pas trop chers. C’est toujours plein. En se baladant un peu on trouve des bistrots géniaux. Près de chez Togores il y en a un fantastique, il s’appelle La Maria de Cebreros. Vous avez déjà goûté les rognons que prépare cette femme ? Délicieux. C’est la chose la plus simple du monde. Du sel, du poivre, au gril, un peu d’huile et de citron. Bien sûr, il faut que ce soient des rognons de mouton bien frais.
Toi, ou tu fais semblant ou tu es de ma clique.
Carvalho remarqua qu’à l’évidence Santos était désorienté et qu’il tentait d’assumer en souriant la complicité gastronomique qui s’était établie entre Salvatella et lui.
– Je ne vous contredirai pas, dit-il, car il y a longtemps que je ne vais plus à Madrid, mais la dernière fois je suis passé par le quartier des Austrias. Là où avant il y avait un bistrot, il y a maintenant une cafétéria et on vous sert des tripes à la madrilène faites avec du concentré de bouillon et du chorizo de cheval.
– Les tripes, c’est une autre histoire, répliqua Salvatella. Pour ça, il faut bien reconnaître, et ce n’est pas un poncif provincial…
Santos Pacheco haussa les épaules à l’allusion de Salvatella.
– … Qu’elles ont beaucoup perdu. Il en va des tripes à la madrilène comme des fèves à l’asturienne. Ce sont des conserves. Des conserves.
Salvatella assenait durement à Santos Pacheco cette vérité objective, tout comme s’il montrait la blessure causée par le pic à glace de Mercader sur le crâne de Trotski.
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- Pourquoi une telle accolade ? Demanda-t-il à Fernando Garrido
Ce dernier haussa les épaules.
- Ça date probablement de la guerre. Séparations ou rencontres avaient quelque chose de miraculeux
- Moi je crois que c’est l’influence soviétique. Les soviétiques saluent toujours comme ça . Et encore heureux qu’on ait pas hérité de leur manière de s’embrasser.
Ne m’en parle pas mon vieux .Chaque fois qu’ils m ‘embrassaient je ne savais pas quoi faire, ou leur envoyer un coup de pied dans les couilles ou me laissé baiser.
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Santos déplaça distraitement les dossiers. Il faisait semblant d’avoir une activité quelconque, ce qui le dispensait de saluer un à un tous ceux qui arrivaient.
– En voilà quelques-unes qui ont fait tapisserie lors de la dernière réunion.
La secrétaire lui montrait un tas de chemises, des dossiers à la dérive entassés sur un coin de la table couverte de fichiers et de sous-mains tout neufs où les membres du Comité central du Parti communiste d’Espagne allaient trouver l’ordre du jour, le sommaire du rapport du secrétaire général et l’intervention complète du responsable du Mouvement ouvrier.
– De mon temps, on donnait sa vie pour être membre du Comité central et maintenant on mégote sur les week-ends.
Santos adressa un sourire à Julian Mir, responsable du service d’ordre.
– Je n’échangerais pas ce temps-là contre maintenant.
– Non, Santos, moi non plus, mais le manque de considération de certains de nos camarades m’énerve. Il y en a qui se tapent sept cents kilomètres en train pour venir à la réunion et il s’en trouve d’autres pour rester à Argüelles, à une demi-heure de taxi.
– Alors, qu’est-ce que je fais des dossiers de ceux qui ne sont pas venus à la dernière réunion ?
– Mets-les avec ceux d’aujourd’hui.
La fille obéit à Santos et Julian Mir reprit son rôle de responsable du service d’ordre. Il examina d’un regard expert les entrées et les sorties de ses subordonnés, porteurs d’un brassard rouge.
– Un de ces jours, il va nous arriver un malheur. Je n’aime pas cet endroit.
Santos souligna la mauvaise humeur critique de Mir d’un hochement de tête ambigu, tout aussi susceptible de marquer son accord que son désaccord. Ce hochement de tête, il le réservait à Mir depuis l’époque du Ve régiment. Julian n’aimait pas les ombres du soir : on les aurait dites grosses de soldats franquistes. Il n’aimait pas non plus les lumières de l’aube ouvrant la voie à l’avant-garde des troupes. Tout comme plus tard, il ne devait pas aimer du tout, mais vraiment pas du tout, les haies du Tarn taillées depuis le Pléistocène à la mesure des patrouilles allemandes. Ensuite il n’aima pas les missions dont il fut chargé en Espagne, mais il les accomplit cependant avec la dédaigneuse assurance d’un héros du Far West.
– Des problèmes ?
– Quatre fachos morts de peur, répondait invariablement Mir au retour de chacune de ses expéditions en terre franquiste.
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Elle portait des bas blanchâtres, peut-être pour donner plus de personnalité à des jambes agréablement minces ou afin de cacher le réseau de veines bleues qui devaient transparaître sous cette peau diaphane qui collait ses pommettes, par force semblait-il, pour laisser la place à des yeux noirs bien maquillés, des yeux excessifs qui mangeaient un nez contraint à la petitesse et des joues qui, lorsqu’elle souriait, devaient solliciter la bouche et laisser une ride grave et tendue comme un arc de part et d’autre des lèvres toujours humectées par une petite langue.
Une vitrine pleine de fromages prit la place du visage de Carmela.
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Cerdàn parlait du nez lorsqu’il s’adressait à d’autres prêtres de l’esprit et, lorsqu’il s ‘adressait à la classe ouvrière, il ressemblait à une maîtresse d’école expliquant que les tables ont quatre pieds et que les ballons sont ronds.
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