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Citations sur La dernière étreinte (24)

Darwin décrit son face à face, avec Jenny, une orang -outan, dans une lettre:
"Le gardien lui a montré une pomme, mais il refusait de la donner, si bien qu'elle s'est jetée à terre en donnant des coups de pied et en pleurnichant, comme un enfant gâté. Elle a eu l'air de bouder, et après 2 ou 3 accès de colère, le gardien lui a dit:
Jenny, si tu arrêtes de hurler et si tu es sage, je te donnerai la pomme.
Elle a parfaitement compris chaque mot et elle a eu du mal à arrêter de gémir, comme un enfant. Mais, elle a fini par y arriver et elle a obtenu la pomme, aussitôt elle a bondi dans un fauteuil pour commencer à la manger, affichant un ait satisfait inimaginable."
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Dans les années 1970, les animaux étaient des créatures dignes de Hobbes: violentes, sans cesse en rivalité, égoïstes, jamais sincèrement bonnes. Mettre l’accent sur l’idée qu’ils puissent faire la paix n’avait aucun sens. En outre, l’expression sous-entendait la présence d’émotions, ce qui était mal vu. [...] Plusieurs décennies ont passé, des centaines d’études ont été publiées, aujourd’hui nous savons que la réconciliation est un phénomène répandu parmi les mammifères sociaux, des rats aux dauphins, en passant par les loups et les éléphants, même parmi les oiseaux. C’est un comportement qui vise à restaurer les relations, à tel point que, si l’on découvrait que tel animal social ne se réconciliait pas après un conflit, on serait surpris. On aurait du mal à comprendre comment il maintient la cohésion de sa société.
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Pourquoi tous les politiciens convoitent-ils un poste élevé, si ce n'est en vertu de la soif de pouvoir propre à tous les primates ? (...) Nous sommes des animaux. Je ne pense pas que notre espèce soit très différente des autres mammifères sur le plan des émotions. J'aurais même du mal à isoler des émotions exclusivement humaines.
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Mon but était d’analyser les rivalités entre mâles pour des questions de rang, le rôle de médiation des femelles dominantes, comme Mama, et les différentes façons de surmonter les conflits. Pour y parvenir, il a fallu que je m’intéresse à la hiérarchie sociale et à l’exercice du pouvoir, des thèmes qui, à l’époque, étaient controversés. C’était les années 1970, l’heure de gloire du flower power. Nous étions jeunes, plus ou moins anarchistes, farouchement en faveur de la démocratie et méfiants vis-à-vis des autorités qui dirigeaient l’université (on les appelait « mandarins », comme les bureaucrates de la Chine impériale). La jalousie sexuelle était jugée dépassée, et toute espèce d’ambition, suspecte. Hélas pour moi, la colonie de chimpanzés que j’étudiais trahissait toutes ces tendances « réactionnaires » à la puissance 1000: goût du pouvoir, arrivisme et jalousie. […]
Premièrement, en tant qu’être humain, j’étais sidéré par les ressemblances avec nos cousins les plus proches. Je traversais la phase que connaît tout primatologue, celle du: « Si ça, c’est un animal, je suis quoi, moi? » Deuxièmement, je faisais partie d’une joyeuse bande de hippies, et je constatais chez les grands singes des comportements courants dénoncés par les gens de ma génération. Loin de leur permettre d’influencer mon regard sur les grands singes, j’ai commencé à avoir une vision plus juste de mes camarades. Au fond, cela revenait aux fondamentaux de l’observation: la reconnaissance des formes. Peu à peu, je découvrais les manœuvres cachées pour décrocher tel ou tel poste, les coalitions qui se forment, les intrigues pour obtenir des faveurs, l’opportunisme politique, et ce dans mon propre environnement. Je ne parle pas exclusivement de la génération qui précède la mienne. Les mouvements étudiants avaient leurs mâles alpha, leurs luttes de pouvoir, leurs groupies et leurs jalousies. Pire encore, plus nous étions proches, plus la jalousie sexuelle pointait sa tête hideuse. Mes recherches sur les grands singes me donnaient la distance idéale pour identifier ces tendances; pour qui se donnait la peine de les observer, elles étaient claires comme le jour. Les leaders ridiculisaient et isolaient tous ceux qui les menaçaient et piquaient les copines des autres, alors qu’ils prêchaient les bienfaits de l’égalitarisme et de la tolérance. Il y avait un hiatus énorme entre ce que ma génération, dans ses discours politiques enflammés, prétendait être, et son comportement réel. Nous étions complètement dans le déni !
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Irene Pepperberg a fait l'expérience de la gratification retardée avec Griffin, un de ses perroquets du Gabon, qui a réussit à patienter particulièrement longtemps. Il était sur un petit perchoir alors que l'on déposait une tasse d'un des aliments qu'il aimait le moins, des céréales, par exemple, et qu'on lui demandait de ne pas y toucher. Griffin savait que, s'il attendait assez longtemps, il aurait des noix de cajou, voire des bonbons à la place. Dans 90% des cas, il y parvenait, arrivant même à des délais de 15 minutes.

[...] les animaux comprennent-ils qu'ils résistent à la tentation? Sont-ils conscients de leur désir? Quand les enfants évitent de regarder le marshmallow ou se cachent les yeux avec les mains, nous supposons qu'ils sont en proie à la tentation ; ils parlent tout seuls, chantent, inventent des jeux de mains et de pieds, voir s'endorment pour ne pas avoir à endurer une si longue attente. […] On dit qu'ils ont recours à des stratégies de diversion conscientes. […] Griffon, le perroquet, résistait aussi activement pour exclure la nourriture peu prisée qu'il avait face à lui. Une fois, à peu près au tiers d'un de ses plus longs temps de patience, il a jeté la tasse de céréales à l'autre bout de la pièce. Sinon, il la déplaçait pour qu'elle soit hors d'atteinte, parlait tout seul, lissait ses plumes ou les secouait, bâillait ostensiblement ou tombait de sommeil. Il lui arrivait de lécher la nourriture sans rien consommer, mais en hurlant : « Veux des noix ! »
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Toshisada Nishida avait une grande admiration pour le super mâle alpha [chimpanzé], Ntologi, qui est resté au pouvoir pendant douze ans, un record. Ntologi avait l'art de diviser pour mieux régner et d'offrir des pots-de-vin. Un exemple : il s'appropriait la viande de singes qu'il n'avait pas chassés pour la distribuer à ses partisans tout en l'interdisant à ses rivaux. Ce contrôle de la circulation de la viande était un instrument politique très efficace.
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Plus récemment, la science a été obligée de tenir compte du corps, qui est au cœur de toute réflexion sur l'empathie. Les études d'imagerie cérébrale confirment l'idée d'Ulf Dimberg selon laquelle il s'agit d'un processus physique inconscient. Un exemple : si l'on bloque le mimétisme facial en demandant aux sujets de coincer un crayon entre leurs dents pour empêcher leurs muscles de bouger, leur capacité d'empathie en souffre.
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Aujourd'hui, grâce à ce type d'études, les chercheurs s'accordent à dire que les poissons sentent la douleur.
Aux lecteurs qui se demandent pourquoi il a fallu attendre si longtemps pour arriver à cette conclusion, je répondrai par un cas de figure encore plus sidérant. Pendant longtemps, la science avait aussi peu de considération pour les bébés d'hommes. (...) Leurs réactions étaient considérées comme des réflexes dépourvus d'émotions. Du reste, les médecins blessaient régulièrement les nouveaux-nés (lors de circoncisions ou d'opération de chirurgie invasive, par exemple) sans les anesthésier avec des anti-douleurs. On ne leur donnait que du curare, un relaxant musculaire qui avait l'avantage de les empêcher de résister à ce qu'on leur infligeait. Il a fallu attendre les années 1980 pour que les protocoles changent, parce qu'on avait compris que les nourrissons réagissaient pleinement à la douleur en pleurant ou en grimaçant. Si seulement on l'avait découvert plus tôt !
Le regard sceptique sur la douleur ne vaut donc pas seulement pour les animaux, mais pour tout organisme qui ne parle pas. Tout se passe comme si la science ne s'intéressait aux sentiments que s'ils sont accompagnés de commentaires explicites, tels que "Tu m'as fait horriblement mal !"
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Kissinger a dit un jour que le pouvoir est le meilleur aphrodisiaque masculin (p. 228)
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Notre visage est beaucoup plus mobile que nous ne pensons, ce qui permet d'établir un contact avec autrui en reproduisant ses mouvements. Évidemment, c'est devenu un problème pour les gens dont le visage est botoxé. La contraction des muscles les empêche de reproduire les mouvement faciaux des autres, ce qui les prive de la possibilité de ressentir ce qu'ils sentent. Ils sont peut-être plus beaux, mais ils ont du mal à avoir de l'empathie.
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