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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tout comme le chantait Renaud, moi aussi je me changerais bien en chien, et comme réverbère quotidien, je m'offrirais Madame Thatcher. Et je ne serai pas la seule à aller me soulager sur sa tombe, je le sais.

Pourquoi est-ce que je parle de Miss Maggie dans ma chronique ? Parce qu'il est question de son gouvernement dans ce roman noir social.

Ce fut une lecture dure, âpre, une lecture qui me marquera profondément, un roman dont j'ai dévoré les 200 dernières pages sans pause, restant épuisée à la fin de ma lecture à cause de ma course effrénée dans les rues de la ville, les flics à mes trousses, leurs matraques me chatouillant les côtes et fracassant le sommet de mon crâne, j'ai sauté par-dessus les haies, les chiens policiers à mes trousses, les policiers montés m'ont coursé dans les rues, je me suis faite plaquer contre le mur par les destriers rendu fous par leurs cavaliers, les chevaux redevenant des machines de guerre pour la cause.

Il ne faisait pas bon être mineur gréviste en 1984…

"1984" n'est pas qu'un roman célèbre d'Orwell… C'est en 1984 que l'Angleterre est entrée dans les temps modernes tels que nous les connaissons. C'est en mai 1984 que la bombe à retardement à été enclenchée et que le compte à rebours fut lancé dans un sinistre "tic-tac".

Une seul nom : Margaret Thatcher, dite "la dame de fer". Elle a été réélue pour un second mandat, les gens n'ayant aucune autre alternative crédible. La dame de fer s'est attaqué aux mineurs et les mines ont fermés, entrainant des combats, des tabassages en règle de mineurs et la mort des villes qui vivaient du charbon, pourtant rentable. Les grévistes n'ont pas eu le soutien de la population…

Ce roman jongle avec deux périodes, celle de 1984, nommée "avant" et 2001, nommée "maintenant", nous faisant changer d'époque mais avec les mêmes personnages, sans savoir ce qui s'est passé pour eux pendant ces 17 ans (on le saura à la fin).

1984, dans la ville minière de Coldwell, près de Newcastle… Nous sommes en compagnie de Tony, un jeune footballeur professionnel qui a du potentiel; de Louise qui cherche l'amour; de Tommy, une jeune brute, bras droit et gauche d'un caïd de la pègre locale; Mick un mineur syndicaliste qui aime la dive bouteille et Stephen Larkin, un journaliste idéaliste.

Tout ce petit monde évolue alors que les mineurs se lancent dans leur ultime combat, certains étant plus impliqués que d'autre.

2001… de la ville de Coldwell en état de siège en 1984 à celle décrépite et moribonde, tout a changé et ♪ "non, non, rien n'a changé" ♫.

Si la révolte semble être morte sous les coups de matraque donné en 1984, la résignation qui a engourdi les mineurs continue de faire son oeuvre en 2001. La ville est morte et seule la pègre fait son beurre en vendant de l'herbe.

Ce roman nous montre la manipulation des masses par les médias qui, avec un reportage, peut faire passer le clan A pour des brutes et le clan B pour des victimes. Ici, ce furent les mineurs qui se firent passer pour des brutes sanguinaires et les poulets pour des pôvres petits. Démagogie, quand tu nous tiens.

Le gouvernement Thatcher voulait détruire la classe ouvrière et seuls les mineurs se sont révoltés… le reste du monde ne comprenait rien et s'en fichait. Ce n'était pas son combat et de toute façon, les médias étaient instrumentalisées, les gens manipulés et les mineurs esseulés.

Les personnages de ce roman sont multiples, certains plus attachants que d'autres. Multiples, mais travaillés ! Ils ont leurs contradictions, ils ont des idéaux, des espoirs de vie meilleure, des envies, du courage mélangé à une part de lâcheté. Et les pire ne sont pas toujours les caïds… N'est-ce pas, Keith ?

Martyn Waites nous balance sans ménagements au milieu de cette population fracassée, moribonde, en état de mort clinique quasi. Il nous jette parmi cette population dépossédée de son travail, privée de son droit à faire bouillir la marmite, amputé de leur fierté et de la solidarité entre camarades mineurs.

Ils n'ont plus rien et ne peuvent léguer à leurs enfants que le malheur, le renoncement à tout et la haine de soi.

Pour eux et pour la génération suivante commence une longue et pénible descente aux Enfers, une descente bien plus dégradante que celle qui les transformait en rats qui grattaient la terre pour en extraire les pépites noires.

L'échec ne naît pas de la révolte mais de la résignation…

Un roman aussi noir que l'anthracite mais au bout du tunnel, il y a souvent de la lumière…

Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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Bienvenue dans notre société postindustrielle ! Les cités ouvrières sont devenues des lieux de relégation sociale. Explosion des inégalités. Emergence de travailleurs pauvres. Un travail assoupli et précarisé. L'exclusion, le chômage et l'échec scolaire se sont généralisés. Les services publics se sont détériorés. Nous sommes dans la banlieue de Newcastle mais nous pourrions être dans n'importe quelle autre ville de France ou du Royaume-Uni... Pour comprendre le présent, Martyn Waites souhaite revenir ce qu'il s'est passé une génération plus tôt. Lorsqu'elle accède au pouvoir au début des années 80, Margaret Thatcher va lancer une "révolution libérale" qui va ébranler son pays de manière irréversible. Un de ses objectifs est de réduire l'influence des syndicats en fermant des mines pourtant rentables. Les mineurs lui répondent en organisant de grandes grèves face auxquelles elle se montre inflexible. La répression policière est féroce et les médias orientent l'opinion en présentant les grévistes sous un jour défavorable. La grève échoue. Les mineurs qui scandaient : "du travail pas la charité " vont se muer au cours des années en "cas sociaux" à qui les nouveaux leaders politiques n'ont plus rien à promettre. Une génération perdue qui est née sous les coups de matraque.

Le double fictif de l'auteur est un journaliste qui retourne dans la cité minière de Coldwell pour y faire un reportage. Il renoue ainsi avec son passé, sa famille et un idéalisme émoussé par une brillante carrière. L'auteur met en place un aller-retour permanent entre "avant" et "maintenant". Cela lui permet, par exemple - d'expliquer la déchéance d'un couple qui ne parvient pas à empêcher la chute de ses enfants dans la drogue et la violence. Il mêle des histoires personnelles à un récit social qui illustre l'évolution d'une classe et d'une région industrielle. Il brosse notamment les destins d'une femme au foyer désespérée, d'une adolescente qui flirte avec le danger, d'un truand en quête de rédemption, d'un footballeur à la carrière brisée, etc. J'ai aimé ce roman, son regard social et ses fulgurances noires. Je n'ai qu'un seul reproche à faire à l'auteur : il dévoile trop facilement ses intentions. J'ai apprécié les nombreuses références à des groupes des années 80. Il est vrai que la musique a - en Angleterre plus qu'ailleurs - une place centrale et générationnelle. Je termine en fredonnant comme Belette2911 la chanson de Renaud : "Miss Maggie".
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« le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher avait été réélu pour un second mandat par un raz-de-marée apathique. Les gens avaient voté pour elle parce qu'il n'y avait aucune alternative crédible. Avant les élections, il y avait eu des mouvements de mécontentement contre la façon dont la droite gouvernait. Une diversion se présenta, sous la forme d'un petit conflit dans le sud de l'océan Atlantique, au sujet des îles Malouines, une équipée ultrapatriotique qui permit d'assurer la réélection. Encouragée par ces événements, Thatcher s'était ensuite cherchée une cible intérieure : elle avait trouvé les mineurs. »

Nous sommes en 1984 et, dans la ville minière de Coldwell, près de Newcastle, les destins de Tony, jeune footballeur professionnel issu d'une famille d'ouvriers, de Louise tout juste au sortir de l'adolescence et qui cherche l'amour, de Tommy, la jeune brute qui monte dans la pègre locale, de Mick le mineur syndicaliste, et de Stephen Larkin, journaliste idéaliste, se croisent alors que les mineurs se lancent dans leur ultime combat. Presque vingt ans plus tard, Larkin revient sur les lieux où ses illusions se sont fracassées et croise les mêmes personnes ainsi que d'autres, plus jeunes. de la Coldwell en état de siège à la Coldwell décrépite et moribonde, tout a changé et rien n'a changé. La révolte semble avoir disparu sous les coups de 1984 et la résignation qui a suivi continue de faire son oeuvre.

C'est avec un roman social que les éditions Rivages font leur rentrée littéraire. Un roman dur, âpre, qui, par le jeu des allers-retours entre 1984 et 2001, démonte les mécanismes de l'apathie de la classe ouvrière anglaise et de la violence sociale à la lumière de la destruction programmée de ladite classe par le gouvernement Thatcher. Car si les temps sont aux explications simplistes, à commencer par un supposé déterminisme social, pour ne pas dire un atavisme de classe, afin d'expliquer la misère dans laquelle à sombré une grande partie du prolétariat anglais, Martyn Waites propose une vision bien plus nuancée des choses. On n'est bien entendu pas surpris de voir Thatcher montrée du doigt, ce qui est bien la moindre des choses, mais on est toujours étonné de voir comment ce gouvernement a pu se libérer de la contrainte des droits de l'Homme avec l'appui – ou à tout le moins une coupable indifférence – des médias et de la population pour faire plier tous ceux qui se risquaient à lui résister .

À travers ses personnages formidablement construits, avec leurs contradictions, leurs idéaux, leurs espoirs, leurs envies, leurs étincelles de courage et leur lâcheté ordinaire, Waites montre habilement plusieurs facettes du prisme de cette population fracassée, dépossédée du travail qui lui offrait, outre un gagne-pain, la fierté et la solidarité, et qui n'a plus à léguer à la génération suivante que renoncement et haine de soi.

De cette construction implacable constamment rythmée par une bande originale caractérisant situations et personnages, il ressort beaucoup de reniements, d'espoirs déçus, mais aussi de révoltes qui peuvent encore ressurgir, de recherches de rédemptions pas forcément vouées à la réussite et peut-être un soupçon d'espoir. Et Martyn Waites de montrer que si l'échec peut advenir, ce n'est pas la révolte le problème mais bien la résignation.

Cela donne un roman noir social poignant et tragique d'une grande maîtrise qui lie avec bonheur les histoires personnelles de personnages joliment incarnés à l'Histoire contemporaine subtilement dépeinte. Engagé et écrit avec talent, Né sous les coups est une bien belle réussite.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Un formidable roman noir d'une rare puissance.
Le choc se produit dès les premières pages.
Après un prologue fulgurant et violent, le premier chapitre de la première partie commence par deux pages de description d'un match de foot pendant lequel un joueur marque un but. La description est tout simplement à couper le souffle.
Et le reste du récit est à l'avenant, prenant le lecteur aux tripes jusqu'à la fin.
Une écriture puissante et racée, des personnages forts qui prennent vie au fil des pages, une intrigue noire et sociale implacable, qui se met peu à peu en place et captive l'attention du lecteur pour mieux montrer les dégâts causés par la folle politique dictatoriale, criminelle et ultralibérale de Thatcher.
Vous pensez que le sujet en tant que tel ne vous intéresse pas, et donc que vous n'accrocherez pas ?
Détrompez vous : Martyn Waites est aux commandes, la construction de son récit est imparable, ses personnages plus vrais que nature, le drame terrible - d'autant plus qu'il est basé sur la réalité - et de plus en plus palpable.
L'auteur nous offre un superbe roman noir et âpre qui témoigne de la déliquescence de la société anglaise sous les coups de boutoir de l'ultra-libéralisme, tout en lui insufflant une puissance romanesque, une intensité dramatique, un suspense et une tension crescendo dignes d'un grand thriller. Une lecture marquante, poignante et édifiante dont on ressort sonné.
Martyn Waites est à coup sûr une révélation éblouissante, une voix originale avec laquelle il faudra désormais compter, et son premier roman, énorme coup de coeur, en est la preuve !
À découvrir d'urgence, à l'heure où ce roman sort en poche (collection Rivages/Noir) et où paraît enfin en France chez Rivages son second roman, "La Chambre blanche".
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Coldwell est une cité minière dont les ouvriers ont lutté jusqu'à la mort pendant les années Thatcher. Vingt ans plus tard, la ville est sinistrée et gangrenée par la criminalité.
Premier roman, dans la lignée de David Peace. Polar social, contexte de fermeture des mines dans le nord de l'Angleterre alternant les chapitres "Avant" 1984 et "Maintenant", début des années 2000. Nés sous les coups est aussi une expérience sensorielle et émotionnelle. du grand roman noir britannique. J'ai totalement adhéré


Lien : https://collectifpolar.com/
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Ni enquête policière, pas vraiment un thriller, Né sous les coups est le digne représentant des romans noirs historico-sociétaux.

Martyn Waites nous plonge dans les années Thatcher en Grande Bretagne. Les Marines sont revenus victorieux des Malouines, la Dame de fer est au somment de sa force ; elle vaincra les mineurs britanniques qui s'opposent aux fermetures de mines qui ont fait fortune du pays.

Au nord de l'Angleterre, dans une bourgade imaginée par l'auteur, ce sont 17 ans qui seront labourées au gré des standards de la pop anglaise de l'époque.
Avant, c'était au moment des grèves, maintenant, c'est en 2001, alors que Stephen Larkin revient pour y écrire un article sur cette ville qu'il a bien connu en 1984.

Le premier intérêt de ce roman, ce sont ses personnages ; nombreux, ils se révèlent tous avec beaucoup de subtilité au fur et à mesure de la narration, tout comme la façon dont ils s'imbriquent les uns aux autres. Il faut savoir être patient, et accepter le flou avant que les choses ne s'éclaircissent au fil du roman.

Le second point fort de ce livre réside dans sa construction faites d'aller et retour entre avant, et maintenant qui donne du rythme à un roman statique, et extrêmement localisé par ailleurs. Ce procédé allège une certaine froideur voulue par l'auteur, et que l'on retrouve dans une écriture sans fioriture, et d'un réalisme qui s'avère parfois, mais justement, relativement cru ; terrifiant, même .

Enfin, l'auteur s'attaque à un sujet historique rarement traité dans la littérature. En ciselant le destin funeste d'une ville et de tout ce qu'elle pouvait comporter d'humain, il lance comme un appel à ne pas oublier ces hommes et ces femmes marqués dramatiquement par des décisions politiques qui les dépassaient tous. Si l'on sent l'engagement de l'auteur, on ne se sent pas pour autant otage de ses options. Il s'en dégage beaucoup de force, une grande maîtrise.

Ce livre est le troisième finaliste pour le prix SNCF du Polar 2014, après Des noeuds d'acier de Sandrine Colette, et Yeruldelgger d'Ian Manook. Pour ce qui est de mon vote, le choix va être cornélien….


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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