Ce livre raconte de l'intérieur les tractations qui ont prévalues à la signature de la "Paix de
Saint-Germain". L'auteur Francis Walden, diplomate belge chevronné a choisi ce cadre historique pour exposer de façon assez brillante il faut le dire, l'art de la négociation.
Le premier chapitre est un condensé d'aphorismes ".... les combats d'hommes se déroulent dans l'ombre, que ce qui apparaît finalement à la lumière, et que l'on appelle victoire ou défaite, n'est qu'arrangement factice fait pour les yeux de la multitude et sans rapport avec le fond." ou encore "La vérité n'est pas le contraire du mensonge, trahir n'est pas le contraire de servir, haïr n'est pas le contraire d'aimer, confiance n'est pas le contraire de méfiance, ni droiture de fausseté." etc.
La suite du livre est la narration des négociations qui conduisirent à ce traité de paix.
Le contexte est celui de la période courant après la troisième guerre entre catholiques et protestants en France de 1568 à 1570. Les protestants ont été défaits à Jarnac, le prince de Condé, leur chef a été assassiné. La paix de
Saint-Germain fût ratifiée entre le roi Charles IX et l''amiral Gaspard de Coligny. Ce traité accordait aux protestants une certaine liberté pour pratiquer leur culte dans les lieux où ils le pratiquaient auparavant. le livre détaille abondamment comment les négociations ont permis d'accorder aux protestants quatre villes "places fortes": La Rochelle, Montauban,Cognac,et La Charité pour une durée de deux ans. Ce traité, est une oeuvre de tolérance et de laïcité consacrant pour la première fois qu'aucune différence entre des personnes ne peut être admise à raison de leur religion.
Ce qui n'est pas dit dans ce livre , c'est que le traité prévoit également que les protestants sont admis aux fonctions publiques. Enfin Catherine de Médicis, très habile stratège, mère influente du roi Charles IX, donne en mariage sa fille
Marguerite de Valois à Henri de Navarre, le futur Henri IV.
Le traité de paix est signé le 8 août 1570 au château royal de
Saint-Germain-en-Laye.
Hélas cette paix demeura éphémère puisque deux ans plus tard eu lieu le massacre de la Saint-Barthélemy. La paix de
Saint-Germain fut appelée « boiteuse et mal assise », par référence aux deux négociateurs mandaté par le roi : un boiteux, Mr Gontaut-Biron, et
Henri de Mesmes, seigneur de Malassise en face desquels négocièrent pour les protestants Messieurs d'Ublé et de Mélynes. La cousine de Mr de Mesmes, Eléonore, joue dans ce roman un rôle très particulier, déterminant.
Sur le plan littéraire, cet ouvrage écrit à la première personne par un des protagonistes, Mr de Mesmes, constitue un un petit joyau de français, écrit certes sur un mode un peu désuet, mais de haut art diplomatique assurément. On sent que chaque mot est pesé, soupesé, étudié avant d'être livré. Sur le fond, évidemment, une somme d'intelligence sur l'art de la négociation dans tous ses aspects, avec exposés sans ambages ses "trucs et astuces" qui font la qualité des fins négociateurs.
Un ouvrage à recommander chaudement à toute personne qui entend négocier......