Quelques-uns tiennent que Dieu a en particulière protection les grands, et qu'aux esprits où il reluit quelque excellence non commune, il leur donne par des bons génies, quelques secrets avertissements des accidents qui leur sont préparés, ou en bien ou en mal, comme à la reine ma mère, que justement l'on peut mettre de ce nombre, il s'en est vu plusieurs exemples. Même la nuit devant la misérable course en lice, elle songea comme elle voyait le feu roi mon père blessé à l’œil, comme il fut ; et étant éveillée, elle le supplia plusieurs fois de ne vouloir point courir ce jour, et vouloir se contenter de voir le plaisir du tournoi, sans en vouloir être. Mais l'inévitable destinée ne permit tant de bien à ce royaume qu'il pût recevoir cet utile conseil.
Marguerite de VALOIS (1553-1615) - Nos deux corps sont en toi…
Nos deux corps sont en toi,
Je le sais plus que d'ombre.
Nos amis sont à toi,
Je ne sais que de nombre.
Et puisque tu es tout
Et que je ne suis rien,
Je n'ai rien ne t'ayant
Ou j'ai tout, au contraire,
Avoir et tout et tien,
Comment se peut-il faire?..
C'est que j'ai tous les maux
Et je n'ai point de biens.
Je vis par et pour toi
Ainsi que pour moi-même.
Tu vis par et pour moi
Ainsi que pour toi-même.
Le soleil de mes yeux,
Si je n'ai ta lumière,
Une aveugle nuée
Ennuie ma paupière.
Comme une pluie de pleurs
Découle de mes yeux,
Les éclairs de l'amour,
Les éclats de la foudre
Entrefendent mes nuits
Et m'écrasent en poudre.
Quand j'entonne les cris,
Lors, j'étonne les cieux.
Je vis par et pour toi
Ainsi que pour moi-même.
Tu vis par et pour moi
Ainsi que pour toi-même.
Nous n'aurons qu'une vie
Et n'aurons qu'un trépas.
Je ne veux pas ta mort,
Je désire la mienne.
Mais ma mort est ta mort
Et ma vie est la tienne.
Ainsi, je veux mourir
Et je ne le veux pas.
J’ai un ciel de désir, un monde de tristesse
J’ai un ciel de désir, un monde de tristesse,
Un univers de maux, mille feux de détresse,
Un Etna de sanglots et une mer de pleurs.
J’ai mille jours d’ennuis, mille nuits de disgrâce,
Un printemps d’espérance et un hiver de glace ;
De soupirs un automne, un été de chaleurs.
Clair soleil de mes yeux, si je n’ai ta lumière,
Une aveugle nuée ennuitte ma paupière,
Une pluie de pleurs découle de mes yeux.
Les clairs éclairs d’Amour, les éclats de sa foudre,
Entrefendent mes nuits et m’écrasent en poudre :
Quand j’entonne mes cris, lors j’étonne les cieux.
Belle âme de mon corps, bel esprit de mon âme,
Flamme de mon esprit et chaleur de ma flamme,
J’envie à tous les vifs, j’envie à tous les morts.
Ma vie, si tu vis, ne peut être ravie,
Vu que ta vie est plus la vie de ma vie,
Que ma vie n’est pas la vie de mon corps !
Je vis par et pour toi, ainsi que pour moi-même ;
Je vis par et pour toi, ainsi que pour toi-même :
Nous n’aurons qu’une vie et n’aurons qu’un trépas.
Je ne veux pas ta mort, je désire la mienne,
Mais ma mort est ta mort et ma vie est la tienne ;
Ainsi je veux mourir, et je ne le veux pas !…
Quelques mois après, ledit prince de Navarre, qui lors s'appelait roi de Navarre, portant le deuil de la reine sa mère, y vint accompagné de bien huit cents gentils-hommes tout en deuil, qui fut reçu du roi et de toute la Cour avec beaucoup d'honneur². Et nos noces se firent peu de jours après avec autant de triomphe et magnificence que de nulle autre de ma qualité, le roi de Navarre et sa troupe y ayant laissé et changé le deuil en habits très riches et beaux, et toute la Cour parée comme vous savez, et la saurez trop mieux [très bien] représenter; moi habillée à la royale avec la couronne et couette d'hermine mouchetée qui se met au devant du corps, toute brillante de pierreries de la couronne, et le grand manteau bleu à quatre aunes de queue portée par trois princesses; les échafauds dressés à la coutume des noces des filles de France, depuis l'évêché jusques à Notre-Dame, et parés de drap d'or; le peuple s'étouffant en bas à regarder passer sur ces échafauds les noces et toute la Cour...
Je louerais davantage votre œuvre, si elle ne me louait tant, ne voulant qu’on attribue la louange que j’en ferais plutôt à la philautie qu’à la raison, ni que l’on pense que, comme Thémistocle, j’estime celui dire le mieux qui me loue le plus. C’est un commun vice aux femmes de se plaire aux louanges, bien que non méritées. Je blâme mon sexe en cela, et n’en voudrais tenir cette condition. Je tiens néanmoins à beaucoup de gloire qu’un si honnête homme que vous m’ait voulu peindre d’un si riche pinceau.
De ces divins avertissements je ne me veux estimer digne. Toutefois, pour ne me taire comme ingrate des grâces que j'ai eues de Dieu, j'avouerai n'avoir jamais été proche de quelques signalés accidents, ou sinistres ou heureux, que je n'en aie eu quelque avertissement, ou en songe ou autrement.
Toujours dans l'eau, blanche comme du lys, sentant comme baume, se frotte, se refrotte, fait encensements, de sorte que l'on dirait que c'est une sorcière avec charmes.
Bussi entrant en la chambre avec cette belle façon qui luy estoit naturelle,leRoy luy dit qu'il vouloit qu'il s'accordast avec Quelus,et qu'il ne parla plus de leur querelle et luy commanda d'embrasser Quélus.Bussi luy respond;"Sire,s'il vous plaist que je le baise , j'y suis tout disposé."
Et accomodant les gestes avec la parolle ,luy fit une embrassade à la Pantalone.