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4,13

sur 834 notes
J'avais déjà vu le film deux fois et le livre me tentait depuis assez longtemps. Puis est arrivé le challenge variétés et cette catégorie: un livre dont le titre comporte une couleur. Je l'ai dévoré. Je l'ai adoré.
Ce roman est poignant, rempli d'amour et d'espoir. Je l'ai trouvé magnifique.
J'avoue que la place assez importante de la foi dans la vie des personnages me faisait un peu peur, mais finalement, cela ne m'a pas ennuyée (dans le sens de barbée), ni agacée.
Le langage simple (mais parfois cru) de Célie et la succession des missives adressées d'abord de Célie au bon dieu puis "échangées" entre les deux soeurs font que la lecture de ce livre est très rapide.
Gros coup de coeur pour moi.
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Petite anecdote pour commencer : j'ai découvert ce livre en semaine et le week-end suivant, je l'ai trouvé dans un bac de la vente Amnesty proche de chez moi. Y'a un petit coup de pouce du bon Dieu, je crois. Je n'ai pas mis longtemps avant de l'ouvrir et je suis toute... whaouh maintenant.
Écrit sous forme épistolaire, on suit les lettres que s'écrivent Célie et Nettie au fil des années. Les premières sont celles de Célie exclusivement et je dois avouer qu'au premier abord, le style m'a déboussolé. Célie est une jeune femme noir du fin fond des États-Unis, qui n'a reçu aucune éducation et ça se sent. Elle écrit comme on appellerais vulgairement « petit-nègre » avec des phrases mal formées et des conjugaisons hésitantes. Pourtant, on finit très vite par s'y habituer. On s'attache à Célie, malchanceuse mais qui continue d'espérer revoir un jour sa soeur. J'avais envie de la serrer dans mes bras tout le long du livre, de lui faire des bisous pour la consoler et de l'emmener loin de son stupide époux. En même temps, on la voit grandir et s'épanouir au fil des pages, devenir indépendante et ça m'a plut. Pourtant, ses centres d'intérêts ne changent pas : Nettie et ses enfants. Elle est touchante lorsqu'elle parle d'eux et j'ai complètement craqué pour ce personnage.
Face à elle, on trouve Nettie, la petite soeur qui est allée à l'école avant de devenir missionnaire en Afrique. J'ai eu moins de tendresse pour elle, même si sa vie n'est, je trouve, pas mieux que celle de sa soeur. « Vieille fille » noire, elle vit avec un couple de missionnaire au milieu de nulle part à s'occuper des enfants d'une tribu africaine. J'ai trouvé certaines de ses réflexion très intéressante et très bonnes, surtout sur tout ce qui touche à l'évangélisation « forcée » des populations dites « païennes » d'Afrique. Ils nous ont jamais demandés de venir, on les a forcé à s'imprégner de notre culture au dépend de la leur et ensuite, on s'étonne qu'il ne veulent pas de nous. C'est bien le propre de l'homme ça. Ses lettres sont moins nombreuses mais plus longues, on en apprends donc tout autant sur sa vie que sur celle de Célie mais j'ai été moins emballé par ses histoires.
L'histoire que nous conte Alice Walker est douce, poétique, dure aussi par certains côté mais toujours pleine d'espoir. On s'attache aux personnages, on veut voir s'ils vont évoluer dans le bon sens et si leur vie va aller en s'améliorant. La fin est tellement fantastique, j'avais envie de verser quelques larmes, surtout que l'auteur fait une belle frayeur à ses lecteurs 2/3 lettres avant la fin... Une fin à la hauteur de cette histoire magnifique qui a su me toucher et que je ne vais pas oublier tout de suite.

Un très très beau livre sur l'amour et l'amitié dans un univers sombre. On en ressort le coeur gonflé d'amour pour nos contemporains et plein d'espoir pour le futur. Tout le monde peut tomber sous le charme de ce petit roman épistolaire et je vous conseille grandement de tenter votre chance.
Lien : http://leslecturesdeollie.bl..
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Célie et Nettie sont deux soeurs tendrement liées, dans l'Amérique du début du 19° siècle. Violée par son père, contrainte d'abandonner leurs enfants, Célie est donnée à un homme violent, qui la sépare de sa soeur. Célie commence à écrire au Bon Dieu pour parler de sa vie et de sa peine. Pendant des années, elle subit la brutalité de son époux et l'indifférence de son entourage. Elle trouve refuge et tendresse auprès de la maîtresse de son mari, la sulfureuse Shug Avery, croqueuse d'hommes et épicurienne. Peu à peu, Célie apprend le respect d'elle-même. Sa soeur Nettie lui manque toujours cruellement. Les années passant, elle s'est persuadée de sa mort. Jusqu'au jour où elle trouve toutes les lettres que sa soeur n'a jamais cessé de lui écrire, et que son époux lui a dissimulé.

C'est une belle histoire. Mais j'ai très vite été agacée par le ton infantil de Célie. Elle n'a pas d'éducation, c'est certain, mais cette ingénuité constante est insupportable. Néanmoins, la construction du récit est bonne. L'échange de lettres qui se croisent et se répondent sans le savoir comble les lacunes et répond aux questions soulevées par l'avancée de l'histoire. On a le point de vue de deux femmes noires dans deux environnements où elles ne trouvent pas leur place: l'une en Amérique, l'autre en Afrique. Il me semble que le titre original, en anglais bien sûr, convenait mieux au texte.

J'ai été bouleversée par le film produit en 1985 (décidément une très bonne année!) par Steven Spielberg. Whoopi Goldberg signe une de ses plus belles interprétations, aux côtés de Danny Glover, épatant de méchanceté et d'étroitesse d'esprit, et d'Oprah Winfrey, superbe en passionaria afro-américaine. La chanson Miss Celie's Blues, que Shug Avery dédie à Célie, me fait toujours autant vibrer d'émotion.
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Livre écouté en audiobook.
Un très beau roman épistolaire, dur, qui nous narre au fil des pages la condition des femmes afro-américaines en Géorgie dans les années 30. Célie n'a pas une vie facile, elle surmonte les épreuves avec fatalisme sans jamais se rebeller ou si peu. le roman nous transporte en parallèle en Afrique auprès des missionnaires.
Ce roman rend un bel hommage aux femmes de toutes conditions, à leurs batailles, leurs victoires.

Bien que certains aspects soient malheureusement toujours d'actualité (notamment les violences faites aux femmes partout dans le monde), l'auteure a su traiter d'un sujet difficile avec des mots justes.

Un classique de la littérature américaine.
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Trop, c'est trop. Trop de malheurs, d'horreurs, de violence, de trahisons. Un vrai catalogue d'avanies qui s'accumulent sur les épaules de la narratrice de ce roman épistolaire. Puis tout bascule. Et c'est alors trop de belles rencontres, d'heureux hasards, de retournements de situations.
Bien sûr, la pauvreté, le racisme, la violence conjugale, les sévices infligés aux gamines par des pères pervers, ça existe. Les retrouvailles, les cadeaux inattendus, les sauveurs, ça existe aussi.
Mais c'est comme le vinaigre, le sel, la moutarde ; ou bien le miel, les fruits, le chocolat : tout ça, ça existe ; mais que peut donner un mélange de tout ces ingrédients ? Surtout s'ils sont balancés en excès dans la marmite ? Franchement, ce n'est pas une recette qui me convient.
Autre point négatif : le procédé épistolaire s'avère totalement artificiel. Ecrivez-vous des dialogues dans vos lettres ? Et des descriptions hyper-fouillées ? Venant d'une narratrice sortie de l'école très jeune, c'est encore plus étrange. Pourquoi ne pas avoir choisi un narrateur externe ?
La seule partie du roman que j'ai appréciée, c'est la confrontation entre la soeur de la narratrice principale et les populations africaines qu'elle a choisi d'aller "évangéliser". La couleur de peau commune ne supprime pas, comme par magie, l'écart entre cette afro-américaine et les populations locales, qui n'ont jamais demandé qu'on vienne leur enseigner la Bible. A cette différence inévitable entre ces personnes nées sur les rives opposées de l'Atlantique s'ajoute un malaise nourri par l'histoire de leurs ancêtres respectifs : l'Américaine est marquée par le fait que ses ascendants étaient des esclaves déportés depuis les terres qu'elle visite ; elle prend conscience que les villageois qui l'entourent descendent de ceux qui sont restés... et ont peut-être participé au trafic d'esclave.
Hélas, ces questions intéressantes ne représentent qu'une toute petite partie du livre.
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j'ai enfin lu ce livre qui fait partie des classiques sur la conditions des femmes noires dans les états unis.
pourquoi ne l'avais-je pas lu avant :
-j'avais toujours un livre récent qui passait avant
-je ne suis pas non plus très fan des romans épistolaires

A cette époque, dans la première partie du 20ème siècle, l'esclavage a été aboli mais dans le sud d'Etats Unis, les choses ne sont pas aussi "avancée". les noirs n'ont toujours pas les mêmes droits alors, les femmes noires, pour elles, c'est encore pire. il faut se battre pour survivre et trouver une place dans cette société inégalitaire.

Alice Walker dépeint avec beaucoup de sensibilité cette société par le biais de lettres que les 2 soeurs Célie et Nettie ont écrits à Dieu

- Celie évoque la difficulté de sa vie, les violences et les injustices qu'elle subit
-Nettie quant à elle part en Afrique avec un couple de missionnaires et découvre la misère de ce pays

L'auteure a mis beaucoup d'émotion et d'intensité dans le livre.

Je vais pourvoir regarder maintenant le film. J'espère que je ne serai pas déçue
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Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec La Couleur Pourpre ?
"Chose rare, je n'ai pas choisi cette lecture. J'ai accepté de faire partie du Club de Lecture Pavillons Poche pour l'année 2023 et j'aurai la chance de recevoir chaque mois un colis surprise. Celui de janvier présentait ce roman."

Dites-nous en un peu plus sur son histoire...
"Celie a fait tout ce qu'elle a pu pour échapper aux violences de son père et sauver sa soeur. Malgré tout, elle se retrouve mariée à un homme violent et séparée de Nettie. Alors, quand tout devient trop difficile à supporter, elle écrit à Dieu..."

Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?
"J'étais enthousiaste à l'idée de découvrir ce roman si connu et adapté au cinéma dont je ne connaissais pas l'histoire, si ce n'est bien sûr, qu'il parle d'oppression, et de la condition des femmes noires au début du vingtième siècle aux États-Unis. Je m'attendais bien sûr à ce que ce ne soit pas une lecture facile et je ne me suis pas trompée. Dès la première lettre, on entre dans le vif du sujet des atrocités subies par Celie, le personnage principal. Et la façon naïve dont elle nous les raconte, avec sa syntaxe plus qu'approximative accentue l'horreur ressentie tout en nous interdisant de nous apitoyer sur son sort. Et que dire du passage édifiant sur la colonisation ! Cela dit, j'ai apprécié la présence de la préface, moi qui ne les lit jamais d'habitude, elle m'aura permis de déceler dans ma lecture des éléments à côté desquels je serais sûrement passée autrement et d'apprécier la réflexion de l'auteur et de ses personnages sur Dieu et sa représentation. Au final, ce n'est pas un coup de coeur mais un récit poignant qui m'aura remué bien des fois."

Et comment cela s'est-il fini ?
"J'ai beaucoup aimé la fin parce que malgré tout ce qui a pu se passer tout au long du roman et au cours des vies de ses personnages, elle arrive néanmoins à être lumineuse et c'est ce que j'attends de ce genre d'histoire."
Lien : http://booksaremywonderland...
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"Alors j'hausse les épaules et j'me dis en moi que cette chienne de vie elle va pas durer, mais que l'Paradis c'est pour toujours"📖
.
Chère Celie,

Tu n'a pas fait l'unanimité auprès de l'assemblée du café du classique et pourtant tu as toute ma sympathie et ma tendresse.
Naître femme noire, pauvre dans un Sud américain rongé par le racisme et les inégalités sociales n'est pas chose simple.
Quelle frustration que de te voir résignée et accepter ton sort. Quelle colère de lire les abus d'un père puis d'un mari.
Heureusement le tableau n'est pas que noir.
J'ai été attendrie alors que tu découvrais l'amitié, ton corps et ta sexualité.
Quel bonheur de te voir au fils des années grappiller tout doucement ton indépendance et ta liberté.
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Jai été touchée par la relation entre Celie et Nettie. Des échanges épistolaires sur trois décennies d'une tendresse infinie.
A travers elles, on découvre un quotidien de labeur, une société ségrégationniste et machiste. La violence contre les femmes, le colonialisme mais aussi l'amour et l'amitié. C'est à la fois touchant et révoltant.
.
Un langage simpliste et une écriture qui peut rebuter mais qui colle parfaitement au contexte social des protagonistes et particulièrement à celui de Célie. Il permet ainsi de mieux comprendre ce personnage si attachant et naïf.
.
En définitif, ce n'est pas un coup de coeur mais un roman classique avec des sujets graves et sensibles à découvrir ♡
J'ai pris plaisir à le lire dans le cadre du #lecafeduclassique initié par @point.a.laligne
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Ce roman épistolaire représente la base littéraire de la révolte intellectuelle face à la ségrégation d'Amérique.
Dès le début du roman, nous nous heurtons à une vérité brute. Celie, qui écrira à Dieu pendant des années, se retrouve enceinte de son propre père après avoir été violée par celui-ci.
Plus tard, elle sera mariée de force à un homme blanc qu'elle appellera toujours M. ___ , qui ne l'aimera jamais, qui la battra et qui lui arrachera tout ce dont elle a au monde : ses enfants et sa soeur, Nettie. Cette dernière sera envoyée en Afrique où elle sera missionnaire avec d'autres noirs américains.

The Color Purple est un roman qui ne se soucie pas d'euphémisme, de romance et de poésie. D'ailleurs, l'écriture en elle-même est très simpliste, voir enfantine. Celie n'est pas éduquée comme sa soeur. Elle est noire, maigre, laide et ne sait pas cuisiner. Voilà la carte d'identité de cette jeune femme. Ces informations circuleront alors de bouches en bouches au fil de ses rencontres et elle ne sera vouée qu'au destin de subir, d'enfanter, d'élever, et de se taire.
Ignorant son propre désir (ou bien son absence de désir) et l'amour même, elle se couchera le soir avec un homme qui ne lui procurera jamais de plaisir mais seulement des enfants qui devront grandir, se marier ou disparaître.

Un beau jour, une femme rentre dans sa vie, la célèbre Shug Avery. Cette artiste noire fût et sera toujours l'unique passion de M. ___ . Affaiblie par une maladie, Shug décide de s'installer quelques temps chez M. ___ afin de reprendre des forces. C'est à ce moment là qu'elle rencontre pour la première Celie. « C'est laid ! », lui dira t-elle.
Voir des personnages s'adresser à d'autres sans même utiliser un pronom personnel est très choquant. Au départ, je me suis demandée si j'avais bien compris le sens de la phrase. Alice Walker sait très bien comment nous exposer des décennies d'horreur et d'injustice en une seule ligne.

Pourtant, c'est cette même femme qui permettra à Celie de survivre puis de renaître. Grâce à elle, la jeune femme se verra enfin entant qu'être libre et osera même explorer les profondeurs complexes du désir féminin.
Shug se révélera d'une force incroyable et fera voler en éclat la prison de Celie, renversant l'autorité de M. ___ , tout en redonnant un espoir nouveau, insensée et libérateur.
Cette figure féministe bouleversera l'ordre du roman et laissera son empreinte sur tous les coeurs.
Une autre puissante figure féminine du roman se battra (au sens propre) contre l'oppression des hommes. Sofia.
J'ai énormément apprécié ce personnage. Véritable boulet de canon, elle fracassera (et je pèse mes mots) tout ce qui fera obstacle à sa soif de liberté.
Ce roman respire le féminisme. Au fil des pages, les femmes se soulèvent, se mettent à marcher vers un idéal commun : le bonheur.
Pourtant, elles ont toutes leur propre conception du bonheur. L'une désire être aimée des hommes, l'autre désire ne plus en avoir affaire et retrouver sa soeur.

Pour ceux qui comme moi souhaiterait découvrir ce texte en version originale, je tiens à dire quelques mots sur l'américain écrit par Alice Walker.
Tout d'abord, comme je l'ai dit plus haut, le style est très simple, très immature. Au début, les phrases sont très courtes et se passent parfois d'une construction littéraire classique. de plus, l'américain n'est absolument pas de l'anglais. Souvent considéré comme un anglais simplifié, l'américain s'écrit comme on le parle, c'est à dire en mâchant les mots, en les amputant de quelques syllabes ou carrément en changeant l'orthographe. du coup, vous vous retrouverez confronté à des phrases étranges et des mots inconnus. La petite astuce que j'ai déjà donné dans mon bilan de demie-lecture est simple:quand un mot vous semble inexistant de la langue anglaise, c'est qu'il est. Essayez donc de le prononcer à haute voix et vous le reconnaîtrez !
Ne vous effrayez pas, je vous assure qu'après quelques lignes, vous vous habituerez au style. Au final, cette lecture m'a semblé très simple au point de vue linguistique !

Sans prendre de gants, Alice Walker enchaîne les sujets tabous. Sexe, violence, blasphème, tous ces sujets à l'époque interdits sont abordés avec un excellent naturel par les personnages du livre.
Le détail qui m'a énormément marqué est quand Celie, écoutant Harpo se plaindre du caractère indomptable de sa femme, Sofia, lui conseille de la battre. Celie, battue depuis sa jeunesse, violée par son père puis par son mari, conseille à un homme noir de battre une autre femme noire.
Ceux qui n'auront jamais étudié de psychologie s'offusqueront de ce conseil prônant la violence mais les autres comprendront sûrement pourquoi et ne blâmera pas Celie, bien au contraire.
Celle-ci a toujours vécue sous les coups des hommes, cela est devenu tout naturel pour elle. Elle ne peut tout simplement pas admettre une autre façon de faire pour que le couple trouve un terrain d'entente.
Cette résignation est révoltante.

La religion est également un thème omniprésent du roman. Tout d'abord parce-que Celie adresse ses lettres à Dieu et qu'à l'époque, pratiquement tout le monde allez à l'église.
Pourtant, au fil des épreuves, Celie commence à voir plus claire, à se détacher de l'autorité masculine suprême.
Le moment où le genre masculin de Dieu est abordé par Shug et par Celie est un de mes passages favoris.
« The God I been praying and writing to is a man. And act just like all the other mens I know. »
Cette conception de la religion et de la figure divine est tout simplement géniale. Au fil de cette magnifique discussion (que je vous laisse découvrir par vos propres moyens), Shug et Celie découvre une vision moderne et tellement plus libératrice de Dieu.

Pour la question de la sexualité, c'est encore une fois Shug qui servira d'électrochoc pour Celie. Devenues très complices, elles redécouvriront le plaisir sans tabous. le rapport qu'entretient Shug avec le corps féminin est à mon goût une oeuvre d'art littéraire. Ce personnage transpire de sensualité et pourtant, son corps ne rentre pas dans les normes de la beauté populaire. Elle n'est pas mince, elle n'est pas blonde, elle n'est pas jeune ni blanche. Shug explose les limites de la beauté féminine et à chaque fois qu'elle apparaît dans le roman, on se sent bien, on se sent femme. Ce sentiment est très puissant et je salue le talent d'Alice Walker.

Enfin, je tiens à parler d'un autre passage qui m'a époustouflé. Discutant avec M. ___ , Celie aborde le sujet de l'Afrique. Elle développe alors un raisonnement troublant de part sa finesse et par sa vérité.
A l'origine, les africains vivaient nus. Inconnus de la société occidentale, ils se contentaient des ressources naturelles et de leur relation étroite avec la vie à l'état brut. Un jour, une poignée de missionnaires blancs leurs enseignèrent la religion monothéiste, la connaissance de la technologie, des médias et enfin, les obligèrent de porter des vêtements. Confrontés à leur nudité pour la première fois face à ses missionnaires vêtus, ils se mirent à porter chemises et pantalons.

« So these Olinka people heard about Adam and Eve from the white missionaries and they heard about how the serpent tricked Eve and how God chased them out of the garden of Eden. »

« Guess who they say the snake is ?
- Us, no doubt, say M. ___ . »

Celie compare donc les africains à Adam et Eve et les missionnaires blancs au serpent. En ayant goûté le fruit de la connaissance (ou de la religion chrétienne?), les tribus africaines ont à tout jamais perdu leur liberté et leurs liens étroits avec la Nature. Ils se retrouvent alors esclaves des moeurs occidentales qui ne voient pas d'Hommes en eux et d'un Dieu unique dont ils ignoraient tout il y a quelques décennies.


Pour conclure, j'ai évidemment adoré ce roman. Je trouve que toutes les femmes devraient l'avoir lu, le lire et le relire pour se souvenir que notre liberté n'a pas toujours été donnée à celles qui nous ont précédées.
La liberté est quelque chose d'acquis de nos jours mais qui est si facilement arrachée.
Le pire, c'est que bien souvent, c'est seulement après qu'elle nous soit retirée que nous commençons à nous révolter. Quand le gouvernement essaye de passer une loi qui ampute notre précieuse liberté, nous manifestons. Pourtant, il ne faut pas attendre des lois absurdes pour se battre. Aujourd'hui encore, des femmes sont sous l'autorité d'hommes malfaisants. Battues, violées, vendues ou mariées à huit ans, ces filles et ces femmes ne jouissent pas de la liberté dans laquelle nous vivons. C'est en pensant à elles qu'il faut sans cesse agir, de n'importe quelle façon qu'il soit. En particulier de nos jours où le racisme sévit encore malgré l'avancée vertigineuse du progrès, où les jeunes confondent de plus en plus peur et haine et affichent sans honte sur leurs réseaux sociaux des figures extrémistes prônant la discrimination raciale, où les amalgames animent les conversations stériles entre racistes qui se cachent derrière leur « je suis pas raciste mais... »
Lire un texte aussi engagé est un bon début pour se battre contre ça.

Plus que jamais, je m'oppose contre toutes ces conceptions moyenâgeuses de l'autre, de l'étranger.
L'Humain est un être unique quelque soit sa couleur de peau, quelque soit ses rites et ses croyances. Il n'est pas divisé en plusieurs races.

Si seulement on nous enseignait à l'école l'Histoire de l'Homme et non pas L Histoire des guerres et des colonies. Si seulement on apprenait aux gens que les différences de vie enrichissent l'esprit. Si seulement on apprenait aux jeunes d'aujourd'hui, vivant sous la peur et sous la consommation qu'il vaut mieux vivre ensemble que divisé. Si seulement on faisait autant de progrès dans la vision qu'ont les gens sur le reste du Monde que sur les téléphones. Si seulement l'être humain pourrait se libérer du tyran nommé «Système» et arrêterait de courir après la richesse matérielle pour mieux se focaliser sur le bonheur réel. Si seulement tout cela, on vivrait enfin en unité totale et paisible et The Color Purple ferait parti d'un passé révolu.
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Je me suis totalement laissé emporter par ce livre. Les deux soeurs Celie et Nettie sont très attachantes et on a vraiment envie de connaître leur vie et de savoir ce qu'elles deviennent.
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