Citations sur Sinouhé l'Egyptien, tome 2 (28)
Mais je tiens à dire ici que peut-être la vengeance enivre et que son goût est délicieux, mais de toutes les fleurs de la vie c’est elle qui se fane le plus vite, et sous les délices de la vengeance ricane un crâne de mort.
Je me rappelai comment Amon dominait les hommes par la crainte et comment il interdisait de demander : Pourquoi ? Je me rappelais aussi le dieu mort de la Crète qui flottait dans l’eau corrompue et dont les victimes étaient dressées à danser devant des taureaux, afin de réjouir le monstre marin. Tous ces souvenirs accroissaient ma haine pour les anciens dieux, et la lumière et la clarté d’Aton prenaient un éclat éblouissant à côté de tout le passé, car Aton libérait les hommes de la peur, et il était en moi et hors de moi et hors de tout savoir.
Que tous les dieux de l’Égypte me protègent d’une femme qui fasse mon bonheur, car le pharaon aussi veut faire le bonheur des gens, et le fleuve charrie des cadavres à cause de cette bonté.
Suspends ton cours, clepsydre, et retiens ton eau, car cet instant est propice et je voudrais que le temps s’arrête, pour que cet instant dure toujours.
Mais en vieillissant, j’ai compris qu’en dernière analyse tous les souverains sont les mêmes et que tous les peuples sont les mêmes, et que peu importe en somme qui gouverne et quel peuple en opprime un autre, car finalement ce sont toujours les pauvres qui supportent les souffrances.
Mais en vieillissant, j'ai compris qu'en dernière analyse tous les souverains sont les mêmes et que tous les peuples sont les mêmes, et que peu importe en somme qui gouverne et quel peuple en opprime un autre, car finalement ce sont toujours les pauvres qui supportent les souffrances.
Car moi, Sinouhé, je suis un homme et comme tel j'ai vécu dans chaque homme qui a existé avant moi et je revivrai dans chaque homme qui viendra après moi. Je vivrai dans les rires et les pleurs des hommes, dans ses chagrins et ses craintes, dans sa bonté et sa méchanceté, dans sa faiblesse et sa force.
Les secrets sont lourds à porter et ils sont dangereux et c’est pourquoi il vaut mieux les porter seul que les confier à autrui.
Mais je ne m’enfuis pas, parce que j’étais faible, et quand un homme est faible, il se laisse mener par les autres jusqu’au crime, plutôt que de choisir lui-même sa voie. Il préfère même la mort à rompre la corde qui le lie, et je crois que je ne suis pas le seul à être faible de cette manière.
Je devine que tu vas de nouveau fourrer bêtement la tête dans tous les pièges, mais je n’y peux rien.