Il est souvent plus difficile de revenir dans son village natal que d'en partir.
Fernando Pessoa l'avait compris. Celui qui revient au pays natal est à la recherche du temps perdu.
" À chaque époque, une partie de l'opinion publique semble tomber dans le même panneau. La peur de l'autre, celui qui vient d'ailleurs. À chaque vague d'immigration, les mêmes tensions, les mêmes crises..."
La saudade, cette mélancolie, cette nostalgie, propre aux Portugais… Si difficilement traduisible. Maria me dit ne plus envisager rentrer au Portugal à la retraite. Les réalités économiques et les perspectives d’une meilleure qualité de vie lui feront peut-être changer d’avis. Envisageaient-ils un tel scénario il y a quarante ans, quand à contre-cœur, ils ont laissé derrière eux leur maison, leur famille… leur Portugal… Non, ils se voyaient rester quelques années pour y faire des économies et faire construire une maison au pays. Mais le piège s’est refermé. Celui dont sont victimes tous les émigrés de la planète. Quand les enfants grandissent et s’installent dans leur pays d’adoption. Les petits-enfants finissent d’anéantir les velléités de départ… Maria et Manuel semblent savoir qu’ils ne retrouveront plus leur Portugal. Leur Portugal n’existe plus.
Avec le temps, le pays que l'on a quitté devient le pays où l'on ne revient jamais.
L'émigration engendre peut-être des rêves trop grands.