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Voici donc un des premiers romans de Jo Walton, écrit avant de se faire connaître avec le fameux Morwenna.

J’avoue que je me suis plusieurs fois demandé quelle était l’intention de l’auteur en rédigeant ce Cercle de Farthing, avant même de me laisser emporter par l’histoire, ce qui est sûrement une erreur, avouons-le. Je pense qu’il était d’abord de transcrire une ambiance aristocratique anglaise ; de ce point de vue-là, c’est tout à fait dans le bon ton : en effet, Jo Walton semble maîtriser, c’est assez frappant mais réconfortant (bizarrement, j’ai l’impression), les tics et les affres du flegme « so british » de la vieille noblesse qui domine donc ce Cercle de Farthing. Qu’est-ce donc que ce Cercle ? C’est « tout simplement » le groupe d’hommes et femmes politiques, surtout aristocratiques anglais, qui est à l’origine de l’éviction de Winston Churchill en 1941 pour signer un traité de paix avec l’Allemagne nazie. C’est dans ce contexte qu’intervient l’uchronie, élément qui m’a, en fait, le plus attiré vers cette aventure. Le Royaume-Uni est en paix et le continent européen est quasi complètement soumis depuis neuf ans (nous sommes en 1949) à Adolf Hitler et ses comparses.
Elle réalise son intrigue dans un huis-clos très travaillé où nous alternons entre les points de vue, d’un côté, de la jeune Lucy Kahn, fille des puissants Eversley mais mariée contre leur gré à David Kahn, qui a le malheur d’être un Anglais juif, et de l’autre, de l’inspecteur Peter Carmichael, policier venu enquêter sur la mort de James Thirkie, l’un des puissants du Cercle de Farthing. De ce côté-là, elle transcrit remarquablement bien l’ambiance aristocratique de la campagne anglaise. Certes, elle s’appuie un peu trop sur des chapitres courts pour rythmer plus facilement son récit, mais cela se justifie par l’alternance déjà évoquée. Pour préciser un petit peu sa technique, j’ai bien peur de ne pas avoir été ébloui par le style d’écriture, ni par le « labyrinthe » de pistes à élucider auquel elle aurait dû prétendre (honnêtement, le processus d’enquête est cousu de fil blanc). Heureusement qu’elle fouille comme il convient les relations entre les personnages sur des sujets sensibles comme l’antisémitisme latent et l’homosexualité refoulée.

C’est donc à travers un polar qui prend sa part d’ombre non pas dans le genre noir, mais bien dans les tendances sociétales des années 1930 et 1940, que Jo Walton crée, pourrait-on croire, un bel hommage au style « Crime en Cottage à la Christie ».
Merci donc à Babelio, sa Masse Critique et aux Editions Denoël pour cet envoi !

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Ça vous dit de lire une uchronie?
Ou vous préféreriez un polar ?
Vous aimeriez retrouvez l'ambiance so mais so british d'un Downton Abbey?
Vous serez servi avec le cercle de Farthing, premier opus de la trilogie "Du subtil changement" de Jo Walton. Je découvre et je me suis laissée prendre par l'atmosphère dégagée dans ce titre.
Nous sommes en 1949 dans une Angleterre baisant les bottes de l'Allemagne pour se ménager la paix; une Angleterre qui rampe allégrement vers le plus pur des fascismes. En 1941 se sentant bien seule pour combattre le nazisme et Hitler, l'Angleterre accepte la main tendue du Fuhrer et son offre de paix. Churchill refuse et on envoie un jeune politicien, Sir James Thirkie,le prometteur , négocier. Les bombardements cessent. C'est la joie dans le pays, la gloire pour Thirkie, la paix dans l'honneur.
Le cercle de Farthing est une branche influente du parti conservateur. Les éminences grises du parti: Lord Eversley et sa femme, Richard Francis, Sir James Thirkie et sa femme, Normanby et sa femme et autres gros noms. Et c'est donc dans la propriété de Lord Eversley , à Farthing , que sont réunis toutes ces aristocratiques têtes le weekend avant un vote important qui nommera le premier ministre.
Avec beaucoup d'habileté, Jo Walton , nous décrit l'absurdité de cet ordre immuable auquel croit tant l'aristocratie anglaise. Mais ici, on va au-delà. On y décrit leur racisme, leur homophobie, leur xénophobie, leur hypocrisie, leur peur de perdre ce monde artificiel bâti sur héritages et traditions et qui n'ont que faire d'un monde en changement.
Ce weekend là, on retrouvera mort Sir Thirkie . Puis Lord Eversley et sa fille (fille rejetée par sa famille car elle a épousé un Juif) se feront tirer dessus, sans trop de mal, lors d'une promenade à cheval. Carmichaël, enquêteur à Scotland Yard, sera chargé de l'enquête.
Le Cercle de Farthing nous montre ce qu'il y a de laid , de très laid chez les humains , nous parle des compromissions, d'impossibles à surmonter et c'est bien dit, bien fait et très agréable à lire. Assez que les deux autres titres de cette trilogie : Hamlet au paradis et Une demi couronne me tentent énormément .




Le cercle de Farthing
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Le subtil changement.
C'est le titre de la trilogie dont le Cercle de Farthing constitue le premier volume.
Eh bien ça lui va comme un gant.

Le roman se situe dans un monde uchronique dont la bifurcation s'est produite dans les moments décrits dans le film Les Heures Sombres. Churchill a été écarté du pouvoir et le Royaume Uni a conclu une paix séparée avec l'Allemagne d'Hitler (et accessoirement les États-Unis présidés par Lindbergh et le Japon ne sont jamais entrés en guerre. Bref les régimes totalitaires ont les mains libres).
Mais durant une grosse partie du bouquin, cet état de fait ne se voit pas vraiment. Un meurtre est commis chez des aristos très influents au sein du gouvernement et un inspecteur de Scotland Yard vient enquêter. Jo Walton alterne deux points de vue : celui de Lucy, la fille des hôtes qui ont organisés le séjour des aristos, et celui de l'inspecteur Carmichael. J'avoue avoir longtemps eu l'impression de lire une version de Downton Abbey dont les personnages seraient à l'opposé des progressistes de la série, combinée à un épisode de l'inspecteur Barnaby – Carmichael ayant pris dans ma tête le visage de John Nettles en un peu plus jeune. Vous avez compris que ce n'est pas un roman d'action.
Ce n'est pas une impression négative, d'ailleurs. le portrait de la société des nantis conservateurs – noble et pédant côté balcon et carrément libertin côté cave – est brillant et glaçant à la fois. On s'y croirait. A côté de ça, l'enquête policière n'est pas très brillante. Les policiers se perdent en conjectures et peinent à trouver des indices pour les étayer. On est loin de Sherlock Holmes.

Mais, petit à petit, la dimension uchronique s'instille, oriente le déroulement et justifie les mobiles. le lecteur comprend avec effroi en même temps que les personnages ce qui se joue réellement ici : un autre incendie du Reichstag. le filet se referme. le final est inévitable et donne froid dans le dos.

Bluffé. Jo Walton a parfaitement maîtrisé la progression de son subtil changement. J'en ai oublié mes quelques difficultés du début. Je me demande si le second volume sera aussi subtil. Je ne crois pas car tout est prêt pour que les fascistes puissent avancer démasqués.
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En Résumé : J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui propose de nous plonger dans un mélange d'enquête policière au flegme anglais et d'uchronie liée à la période de la seconde guerre mondiale. Un véritable puzzle de manipulations et de trahisons se dessine alors et happe le lecteur qui se retrouve à chercher la vérité. L'univers parallèle développé se révèle solide, offrant de nombreuses réflexions que ce soit sur les possibilités de l'époque comme sur certaines manipulations politiques qu'on retrouve encore de nos jours, le tout mâtiné d'aristocratie anglaise, offrant une ambiance à la fois cynique et sombre qui colle parfaitement au récit. Les personnages ne manquent pas d'attraits, se révélant denses, complexes et attachants, malgré parfois quelques facilités, principalement dans les capacités de déductions de certains. La plume de l'auteur se révèle soignée, efficace, alternant deux points de vue de façon efficace, un à la première personne et l'autre à la troisième personne jouant ainsi sur les différentes visions qu'on peut avoir des protagonistes. Je regretterai juste une impression de lenteur dans le début du dernier tiers du récit, mais rien de gênant tant la conclusion a réussi à me happer, me surprendre, évitant le happy-end facile. Ce livre étant le premier tome d'une trilogie déjà publiée en VO j'ai maintenant hâte de découvrir la suite.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Grosse sortie de route du cours de l'Histoire, les Britanniques ont signé un traité de "paix dans l'honneur" avec Hitler fin 1941, lui laissant l'Europe en pâture et Staline à gérer.
Exit Churchill, évincé du pouvoir par le Cercle de Farthing, une poignée d'hommes politiques très conservateurs à l'origine du traité en question.

Repliée sur ses îles, plutôt soulagée d'en avoir fini avec une guerre imbécile et peu concernée par ce qui se passe sur le continent, l'Angleterre ne s'attend certes pas à ce que la tête de file de ces artisans de la paix, Sir James Thirkie, soit retrouvé assassiné quelques années plus tard au lendemain d'une réception à Castle Farthing, propriété de ses amis les Eversley.

On suit alternativement le récit à la première personne de Lucy Eversley, qui a eu le mauvais goût d'épouser un Juif et s'appelle désormais Mrs Kahn dans une société pétrie d'un antisémitisme sans complexe, et celui d'un narrateur omniscient suivant les pas de l'inspecteur Peter Carmichael envoyé sur les lieux par Scotland Yard.

L'atmosphère est saisissante de crédibilité, entre les "bonnes moeurs " et la "bonne éducation" que partage ce très petit monde d'aristocrates et de politiques arrogants, convaincus de leur supériorité et décidant à quelques-uns du sort de leur pays, et par ailleurs ce qui ressort d'une société anglaise post-Seconde-guerre-sans-Churchill-mais-avec-Hitler-dans-les-pays-voisins.

Lucy, en tant que fille de lord Eversley et en tant qu'épouse de David Kahn, rapporte dans son récit les deux faces de ce farthing (petite pièce d'un quart de penny), précisant davantage au fil des pages en quoi la Grande Bretagne est impactée et influencée par la politique nazie sur le continent.
Elle et son époux sont en butte à un rejet massif de la part des proches et membres du Cercle de Farthing, et de nombre d'autres.
Pourtant, tous deux ont été invités pour ce week-end de réception.

Ils pourront s'en mordre les doigts à loisir : David Kahn est rapidement soupçonné du meurtre de Lord Thirkie, uniquement parce qu'il est juif.

L'inspecteur Carmichael est extérieur à ces considérations familiales, mais il subit de fortes pressions pour faire pencher l'enquête vers la culpabilité de David Kahn. Il a également à faire face aux préjugés des uns et des autres, et doit lui aussi dissimuler pour ne pas être cloué au pilori.

L'intrigue policière peut sembler élémentaire, elle est surtout classique. J'ai eu beaucoup d'intérêt à en suivre les rebondissements jusqu'à sa conclusion, prévisible peut-être mais glaçante.

Quant à l'ébauche de cette Angleterre uchronique, Jo Walton y a mis un soin tel qu'on y croit sans réserve… La façon dont l'antisémitisme et l'homophobie s'expriment sans retenue jusque dans les moindres échanges, montre un fonctionnement social volontairement aveugle aux persécutions subies sur le continent par ces deux communautés.
Ce n'est pas agréable à lire, mais ça pose un cadre crédible.

D'ailleurs, tout est plausible, tout se tient. Les personnages sont finement montrés, leurs sentiments affleurent sous des apparences bien policées ou bien au détour d'une réflexion dont on ne se demande pas toujours si elle est le fruit d'une maladresse ou le signe d'une grande malveillance.

L'aspect politique prend de l'ampleur au fil de la narration, s'appuyant sur quelques personnages et évènements historiques qui l'ancre dans un "réel alternatif" très intéressant.

J'ai vraiment apprécié ce premier tome de la Trilogie du Subtil Changement, la bien nommée.
J'espère que les deux suivants confirmeront cette très bonne impression.
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Je découvre Jo Walton avec ce premier roman de la trilogie « Du subtil changement ».
A la fois uchronie mais surtout polar, j'ai pris grand plaisir à découvrir cette auteure.
Le livre doit son titre à un Farthing, une toute petite monnaie qui avant sa démonétisation en 1960, valait un quart de penny, c'est à dire pas grand-chose.
L'histoire, elle se passe en 1949, dans une Angleterre ayant fait la paix avec Hitler, et ayant mis au banc Churchill. Huit ans plus tôt, après le vol de Rudolf Hess en Angleterre, une paix dans l'honneur a été signée entre le Royaume Uni et le Troisième Reich. Cela, grâce à un groupe de jeunes politiciens, surnommé le « cercle de Farthing », d'après le nom d'un domaine situé dans le sud de l'Angleterre
Tout ça pour dire que tout n'est pas rose dans cette Angleterre là, surtout pour les juifs et les homosexuels, comme un peu partout en Europe.
Mais voilà, l'investigateur de cette paix est assassiné, et les soupçons vont aussitôt se diriger vers David Khann, jeune banquier juif marié avec la fille des propriétaires du domaine. Vengeance, manigances, manoeuvres tordues et surtout complot vont être mis à jour par un policier très tenace et intègre, l'inspecteur Carmichaël.
La narration s'alterne entre les points de vue de Lucie Khann, la femme de David à la première personne et ceux de l'inspecteur Carmichaël à la troisième personne. Ce qui donne une bonne dynamique à l'histoire.
Histoire très originale et bien menée, les états d'âmes de chacun sont bien mis en avant et bien développées.
Une histoire qui finalement ressemblent à un bon polar à l'Agatha Christie mais en un temps qui aurait pu être, et qui heureusement ne l'a pas été...
Il faut que je trouve la suite.
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Les livres oublié de Ge
Le cercle de Farthing, Jo Walton
En 2014 sortait Morwenna de Jo Walton, ce livre m'a fait connaitre cette auteure galloise et notre rencontre fut un véritable coup de foudre. J'ai adoré ce titre en même temps que je découvrais son autrice. L'année d'après, toujours chez Denoël sortait le premier tome d'une trilogie annoncée. Je l'ai tout de suite acheté et allez savoir pourquoi, j'en ai remis la lecture. Et puis le livre a disparue de ma bibliothèque…
Aussi quand j'ai retrouvé cette trilogie en occasion dernièrement, je n'ai pas hésité un instant et je me suis dit, ce sera une de mes lectures de l'été.
Surtout que la trilogie du « Subtil changement » allie deux de mes genres préférés, la SFFF et le polar.
Ce roman nous plonge dans un mixte entre une enquête policière au flegme so british à une d'uchronie autour de la seconde guerre mondiale.
Mais alors que nous raconte « le cercle de Farthing «
Alors qu'en juillet 1940, alors qu'une grande partie de l'Europe est sous occupation allemande, Hitler propose aux Britanniques une paix de compromis avec l'Allemagne et de nouvelles négociations. Mais Churchill refuse, tout en sachant que le Royaume-Uni serait la prochaine cible. Alors que l'Angleterre vie très mal la campagne de bombardement stratégique (Le blitz) que l'Allemagne nazie mène depuis des mois contre son pays et sa population, une partie des têtes pensantes de l'opposition font tout pour démettre le premier ministre. Et Churchill est évincé laissant place au cercle de Farthing est une émanation du parti conservateur. Celui-ci s'empresse de renégocier avec Hitler et une paix, plutôt honteuse pour la Grande-Bretagne est signé. Et en pleine guerre mondiale, la sortie des anglais de la coalition allié, laisse la porte libre au monde fachiste. le vieux continent sombre dans la haine de l'autre.
En Angleterre ce n'est pas mieux, huit ans après cette honteuse paix signée, le Cercle de Farthing se réunit au domaine Eversley pour le week-end où le nouveau premier ministre devra être choisi. Il y a là toute l'élite anglaise et surtout l'élite aristocratiques pour les agapes. On y retrouve notamment Sir James Thirkie, Normanby, et forcément Lord Eversley et lady Everley et les femmes des autres messieurs mais aussi Richard Francis et Lucy Kann. Lucy est la fille du couple Everley. Mais elle a eu la sotte idée d'épousé un juif anglais David Kann contre la volonté de ses parents. Oui mais l'amour…
Oui mais voilà les réjouissances vont tourner court. Sir James Thirkie, le promoteur de la concorde avec Hitler, est retrouvé mort. Et sur le cadavre de celui-ci est posée bien en évidence l'étoile jaune de David Kahn.
Visiblement le coupable est tout désigné, presque trop désigné… Aussi sa femme Lucy et Peter Carmichael, le policier de Scotland Yard, dépêché sur place se battent ensemble pour que la vérité éclate.
Mais d'autre incidents interviendront durant ce week-end « en famille »
Et pas facile, dans une Angleterre où règne le pouvoir de l'argent et des traditions, d'aller contre l'autorité ambiante et de ces principes à la con. Pardon, mais cet ordre-là basé sur hypocrisie, la haine des autres, antisémitisme et xénophobie comprise, sans parler de l'homophobie ambiante, me révulse.
Ce que j'ai aimé dans ce roman c'est, en premier lieu, le tableau que dresse Jo Walton de ce que peut, va devenir nos sociétés occidentales si on n'y prend pas garde
J'ai aussi aimé la construction de ce roman, alternant les chapitres courts et passant du point de vue de Lucy et de l'enquêteur ? Une succession entre un regard féminin et celui tout masculin de notre policier.
J'ai aimé entrer dans cet univers si particulier que nous propose ici l'auteur. C'est astucieux, il y a comme un petit air d'Agatha Christie dans cette intrigue et dans cette critique ouverte de la bonne société britannique. (Un hommage surement…) Je vous le disais on est là dans une mélange des genres, un vrai uchronie qui nous fait réfléchir, une enquête policière classique qui nous mène au plus près de la psychologie des personnages et les relations entre ceux-ci et un petit côté nonchalant dans le campagne anglaise qui me ferait presque penser à un cosy crime si les sujets abordés n'était pas aussi grave. Et avec tous ses aristos, notre roman devrait plaire aussi au fan de Downton Abbey.
Du coup, je ne comprends toujours pas pourquoi j'ai attendu si longtemps pour le lire.
Je me suis régalée et je ne vais pas attendre si longtemps pour lire la suite, c'est certain !
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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L'uchronie a cette force qu'elle nous oblige à nous rappeler que l'Histoire est souvent écrite par les vainqueurs, et que, parfois, le sort d'une bataille, d'une guerre, d'une conquête, peut se jouer sur rien, avec des conséquences à moyen et long terme qui, elles peuvent être colossales. Comme une histoire de papillon et de battements d'ailes.

Ici, Jo Walton imagine une Angleterre qui n'a finalement pas suivi Churchill, mais a préféré, pour s'éviter une guerre longue et coûteuse, faire la paix avec Hitler en 1941, lui abandonnant le continent européen. Les Conservateurs l'ont emporté et préfèrent voir le Reich se battre contre les bolcheviques qui leur font si peur.

L'Angleterre, si elle préserve encore un vernis de normalité – les Juifs ne sont pas pourchassés… même s'ils sont souvent mal vus ! -, a donc fait le choix de fermer les yeux. Et le Cercle de Farthing, groupe politique composé de nobles qui ont tout intérêt au statu quo et à la préservation des avantages acquis, incarne parfaitement une attitude de repli sur soi, qui n'est pas sans nous rappeler quelque chose…

L'enquête elle-même, il faut bien le dire, n'est pas menée sur un rythme trépidant. Mais je ne crois pas qu'il faille voir d'abord le cercle de Farthing comme un roman policier, mais bien plutôt, me semble-t-il, comme une fable politique – je m'avance peut-être un peu, en préjugeant de ce que les deux tomes restants de la trilogie auront à offrir, mais je ne crois pas -.

Une fable politique, donc, qui met en scène les petits arrangements avec le pouvoir, le populisme, la manipulation, le renoncement. Qui montre également comment un racisme ordinaire, ou, plus largement, le fait de montrer du doigt des groupes du simple fait de leur religion, de leur race, de leurs penchants sexuels… peut rapidement amener à des situations encore bien plus graves. Tout cela parait donc d'une brûlante actualité…

Je dois cependant avouer que, pendant le premier tiers du livre, j'ai parfois eu l'impression que l'auteure en faisait parfois un petit peu trop sur la question de l'homosexualité. Lucy distingue notamment les « athéniens », les « macédoniens » et les « romains », les « athéniens » étant ceux qui, comme Platon, considèrent que l'amour ne peut se concevoir qu'entre garçons, les « macédoniens » ceux qui, à l'instar d'Alexandre le Grand, ne rechignent pas à passer d'Héphaestion à Roxane, les « romains », enfin, considérant que que l'amour ne peut exister qu'entre un homme et une femme.

Certes, la question « qui couche avec qui » permet souvent de comprendre les ressorts au sein d'un groupe ; certes, cette insistance permet de créer l'atmosphère d'une Angleterre corsetée, dans laquelle les discours ne parviennent pas totalement à dissimuler les petits secrets d'alcôve ; certes, cela permet de mettre en lumière le côté superficiel et populiste de ces médias qui ont besoin, en un titre, en un mot, de résumer des sujets complexes, au risque de les simplifier de manière excessive. Mais on aurait pu, peut-être, aboutir au même résultat de façon encore plus subtile.

Vous l'aurez compris, ce n'est pas totalement un coup de coeur. Mais c'est vraiment une lecture très agréable, qui donne l'occasion de réfléchir. La question de lire la suite de cette trilogie ne se pose même pas, et j'irais probablement découvrir également le reste de l'oeuvre de Jo Walton, dont le réputé Morwenna.
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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Ce roman policier est so british : on y boit du thé, il y est question des rapports de classe et moeurs un peu dépravées de l'aristocratie anglaise, en particulier d'un cercle dirigeant dans une Great Britain parallèle où le "never surrender" de Churchill n'a pas été de mise en 1940 ! le procédé narratif qui consiste à alterner le point de vue selon le chapitre rend la lecture très agréable : le journal de la naïve Lucy Kahn alterne avec l'enquête menée par un duo de policiers confronté à un meurtre étrange qui se révèle être une véritable manipulation politique où le spectre du complot judéo-maçonnique est agité pour renforcer le pouvoir d'un cercle. le rythme un peu lent au début du roman s'accélère à la fin. L'uchronie est un élément du décor, on n'est pas dans le Dominion de Samson, plus sombre et lourd, on est plutôt dans Dontown Abbey ou les vestiges du jour d'Ishiguro, mêlé à une enquête policière à la Agatha Christie. Une lecture plaisante qui a agrémenté un long voyage en train à travers la Belgique !
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Farthing est une pièce de monnaie britannique. Farthing est également le nom d'un cercle politique très influent du même Empire britannique. Un rouge-gorge est l'emblème de ce groupe d'aristocrates. Rouge comme la poitrine de Sir James retrouvé mort, une étoile jaune plantée dans la poitrine avec son propre poignard, en 1949.

Sir James Thirkie est un des hommes les plus en vue de l'Angleterre. Il est – ou plus exactement était – pressenti pour occuper un poste de tout premier plan au sein du gouvernement. Il était l'homme ayant arraché la paix à l'Allemagne en 1941, évinçant un Churchill trop belliqueux au goût de ce groupe conservateur. L'enquête est confiée à l'inspecteur Carmichael.

C'est un duo qui nous permet de suivre l'évolution de la trame policière et « sociale ». Lucy nous expose son point de vue et ses propres réflexions à la première personne. Mme Lucy Khan est la fille des propriétaires de Farthing et membres du cercle. Elle a épousé un Juif ce qui ne fait pas l'unanimité au sein de sa famille. le lecteur suit, d'un autre côté, les investigations de l'inspecteur Carmichael, à la troisième personne.

Les chapitres sont courts ce qui permet de relancer le rythme parfois nonchalant de ce roman d'atmosphère. le style se veut un hommage aux Whodunit (qui l'a fait?). Effectivement, j'ai trouvé des similitudes avec les romans d'Agatha Christie dont il partage l'ambiance feutrée, le flegme et le rythme paisible. J'ai également eu quelques fois l'impression de lire des passages de Jane Austen ou d'Emily Brontë avec les descriptions des moeurs, des rigidités de l'aristocratie anglaise et des fragilités personnelles de la jeune femme.

Les deux personnages principaux – Lucy et Carmichael – sont bien écrits. L'inspecteur est posé et perspicace, il ne se laisse pas mener en bateau par ce groupe méprisant qui se pense au-dessus des lois ( et pour cause, dans leur esprit ce sont eux qui dirigent le pays!). Lucy est une jeune femme amoureuse de son mari qu'elle a épousé par amour et un peu par provocation. C'est d'un ton léger qu'elle aborde les sujets de société tels que l'homosexualité, l'adultère et l'anti-sémitisme latent de son milieu. Par ailleurs, le regard et l'indifférence de sa mère lui sont douloureux et cette partie, transcrite avec pudeur, est très réussie.

Ce roman policier est teinté d'une légère uchronie qui prend tout son sens dans le dernier tiers quand l'Angleterre semble basculer… La fin est très réussie et plutôt bien amenée. La trame policière en elle-même est également à la hauteur de mes attentes même si les motivations semblent rapidement évidentes et classiques.

J'apporterais toutefois quelques réserves. le rythme est un peu fluctuant, notamment au début ou j'ai trouvé l'entrée en matière un poil hésitante ainsi qu'avant le dernier tiers qui comporte un bon ventre mou. L'orientation sexuelle est un sujet très présent sans que j'en perçoive tout l'intérêt dans ce tome. de même, l'histoire se déroule en 1949, donc au début des années 50 et je n'ai pas du tout ressenti l'ambiance de cette époque. J'ai plutôt eu l'impression que le roman se situait dans l'entre deux guerres.

Le lecteur est récompensé en fin de roman dans les dernières pages lorsque l'enquête aboutie et que l'uchronie proposée joue sa partition.
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