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Citations sur Bois sauvage (48)

Je suis Randall vers la maison, puisque c' est la seule chose que je peux faire. Que je sois forte ou pas, que je sois faible ou pas, je fais ça. Je pleure encore et j' ai le hoquet. Après que maman est morte, papa disait : " Mais qu' est-ce ' t ' as à pleurer ? Arrête. C' est pas parce que tu pleures que ça va changer quelque chose. " On a jamais arrêté. On a fait plus doucement. On s' est cachés, c' est tout. J' ai appris à pleurer sans faire couler les larmes, ou juste une, des fois, j' ai appris à avaler, ça a goût d' eau tiède, salée, elles me tombent au fond de la gorge.
C' est tout ce qu' on pouvait faire. Alors j' avale, je regarde au travers, et je cours.
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J' attacherai mes petits cailloux avec des ficelles, je les suspendrai au-dessus de mon lit pour qu' ils brillent dans le noir et qu' ils racontent l' histoire de Katrina, la mère qui a envahi le golfe pour tout massacrer, dans un chariot si grand, si noir que les Grecs auraient dit que la tempête chevauchait les dragons. Une mère assassine qui nous prit tout sauf la vie, qui nous laissa nus et groggy comme des nouveau-nés, ridés comme des chiots aveugles, ruisselants comme des serpents dans leur oeuf brisé.
Le golfe est noir et la terre brûlée par le sel. Il nous faut apprendre à ramper, à fouiller les décombres, à sauver ce qui peut l' être. Katrina est celle qu' on se rappellera jusqu' à ce qu' une autre mère, assoiffée de sang, abatte sur nous ses mains sans pitié.
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On arrive au bout de la rue. Ici la tornade a même mordu dans la promenade le long de la plage, laissant des trous pleins d’argile rouge et de coquilles d’huîtres. La station-service, le yacht-club et les vieilles villas blanches à colonnades devant la mer qui nous donnaient l’impression d’être plus petits, plus sales et pauvres encore quand on venait là avec papa, entassés dans le pick-up, acheter de l’essence ou des chips ou des vers pour la pêche, eh ben y a plus rien. C’est pas cassé, c’est pas en ruines, y a juste plus rien. L’ouragan a laissé des poutrelles en fer qui rebiquent sur le béton comme une barbe mal rasée. Et depuis la promenade coulent des rivières. Sur la plage elle-même, y a un canapé. Et sur le bras du canapé un monsieur aux cheveux blancs et à la chemise déboutonnée, et il se tient la tête, ou bien il se frotte les yeux, ou il s’arrange les cheveux ou il pleure, et un gros chien, orange sous le soleil, tourne autour de lui en reniflant, et il aboie comme un fou parce qu’il vient de trouver quelque chose. Un cercueil noir fermé. Il renifle encore, il lève la patte, il pisse.
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Lizbeth, je la revois plus vivante. Assise sur ses genoux, je jouais avec ses cheveux, gris, gros et raides comme du fil électrique. Je l’aidais à prendre ses médicaments : deux poignées de comprimés qu’elle devait avaler tous les jours, je lui donnais l’un après l’autre. Elle, elle me donnait des figues mûres, encore chaudes de l’après-midi, qu’ils cueillaient sur l’arbre derrière la maison. Elle se moquait, comme quoi j’étais un petit oiseau qui avait peur de picorer. Son sourire était noir, sans dents. Des fois aussi, elle était dure, il fallait pas la toucher ni l’embrasser, elle voulait que son fauteuil sur le perron et qu’on lui fiche la paix. Quand elle est morte, maman a dit qu’elle était partie, alors je me suis demandé où ? Et comme tout le monde pleurait, je me suis accrochée à maman comme un singe, mes bras et mes jambes autour d’elle si douce, et j’ai pleuré aussi, l’amour qui me coulait des yeux comme les grosses pluies d’été, quand on voit plus rien à travers. Quand maman est partie, plus tard, j’avais plus personne pour m’accrocher.
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«  Terrible.
Le vent cogne dans tous les sens, il fait claquer mille fouets et mille ceintures.
La pluie brûle comme une pluie de cailloux qui s’enfonce dans les yeux si on les ferme pas.
L’eau tourbillonne et se ramasse et explose, noire avec des filets rouges, c’est l’argile de La Fosse, une blessure qui n’arrête pas de couler. Les épaves du jardin, les frigos, les tondeuses, le camping- car, les matelas flottent comme une armée de bateaux .
Les arbres et les branches se brisent , éclatent comme des séries de pétards , sans fin, sans fin...... »
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«  Allongés les yeux sous les étoiles,
On se demandait ce qu’on ferait
Quand on serait grands.
J’ai dit : «  Qu’est- ce que tu veux être ? »
Et elle a dit : «  VIVANTE » .
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Si on allait à l'école, papa l'amenait chez Mudda Ma'am, qui avait des nattes blanches qu'elle relevait sur sa tête, et que j'ai jamais vue autrement qu'en peignoir. Elle fait baby-sitter pour les parents quand ils travaillent. Elle a gardé Junior jusqu'à ce qu'il ait l'âge pour Head Start (programme pour défavorisés), mais elle a commencé à perdre la mémoire, alors elle se rappelait pas non plus qu'elle gardait les enfants. Tilda, qui est sa seule fille, est revenue vivre avec elle pour s'en occuper, mais surtout elle faisait des allers et retours entre chez elle et chez Javon à cause du crack.
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La station-service, le yacht-club et les vieilles villas blanches à colonnades devant la mer qui nous donnaient l'impression d'être plus petits, plus sales et pauvres encore quand on venait là avec papa, entassés dans le pick-up, acheter de l'essence ou des chips ou des vers pour la pêche, eh ben y'a plus rien. C'est pas cassé, c'est pas en ruines, y a juste plus rien.
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L'eau gicle autour des pneus comme des ailerons de requin et elle se referme comme une fermeture éclair dans la boue.
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Quand elle est morte, maman a dit qu'elle était partie, alors, je me suis demandée où ? Et comme tout le monde pleurait, je me suis accrochée à maman comme un singe, mes bras et mes jambes autour d'elle si douce, et j'ai pleuré aussi, l'amour qui me coulait des yeux comme les grosses pluies d'été, quand on voit plus rien à travers. Quand maman est partie, j'avais plus personne pour m'accrocher.
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