Le ciel s’était assombri. Les derniers rayons du soleil étaient des colonnes de verre scintillant entre les troncs d’arbres. Le vert passait au brun et au bleu fragile. Je me suis laissé prendre là-dedans. Où rien n’était réel ni irréel . C’était l’existence seulement. Le calme.
Tous ceux qui sont enfermés sont en enfer. Certains sont enfermés dans la maladie. Dans leur propre corps. Tu as dû en voir quelques-uns. Je n'sais pas, le pire c'est peut-être d'être enfermé dans sa propre tête.
C'est pas l'enfer qui mal fait. C'est les gens.
En fin de compte il ne s'agit que de sortir de son lit le matin. Arriver à des compromis entre le corps et l'esprit et se maintenir à la surface. Il arrive qu'on ressente des joies dont il vaut la peine de se souvenir. Mais les événements importants qui font date sont aussi rares qu'une perle dans un coquillage. Ils naissent parfois d'un grain de sable sui ne cesse de nous tourmenter. D'autres fois les perles se forment sans qu'on ait la capacité de les voir.
Comme si la vie pouvait se laisser découper en parcelles de forets dont seuls les arbres soigneusement marqués doivent être abattus.
L'air était comme une poussière de verre que j'étais obligée de respirer. J'étais encore hors de moi. J'étais quelqu'un que je n'avais jamais rencontré. Une pensée pas encore pensée.
J'ai aspiré une bouffée d'air. Beaucoup d'air. Ce dont j'avais besoin, c'était de tout un ouragan.
- Seuls ceux qui font un choix avec le risque de se tromper font un choix.
- Et les autres ?
- Ils font rien. Et tout ce qu'on leur donne, c'est pas à eux."
Mais il y a deux choses dont on est sûr. L'une c'est la mort. L'autre c'est qu'on sera abandonné. D'une façon ou d'une autre. Abandonné.
Ses doigts minces étaient fortement resserrés sur ses pouces. Elle tenait ses poings devant elle comme pour se protéger. Sa poitrine travaillait comme un soufflet de forge. Montant et descendant.