Darell s’affairait à remettre d’aplomb la chevelure du chanteur quand une notification grelotta sur le portable de Michael. Un numéro inconnu lui envoyait une photo de sa propre casquette.
Le chanteur fronça les sourcils.
— C’est quoi, ma chouette au nougat ? demanda Darell, le peigne entre les dents.
— Une erreur, sûrement, répliqua Michael en haussant les épaules
Darell souffle des « Crotte crotte crotte » en inspirant les dernières bouffées de Ventoline de son inhalateur. Il n’en peut plus. Au bord de l’apoplexie, il finit par s’arrêter.
— Laisse-moi mourir ici, suffoque-t-il, la main sur la poitrine, la moustache en berne. Je ne veux pas te ralentir. Va, mon ami, on se retrouvera dans une autre vie.
Comme toujours, Darell en fait des caisses. Mais le régiment de groupies se rapproche. Acculé, Michael pousse son assistant dans une ruelle adjacente et désigne une poubelle grande ouverte.
— Monte !
— Plutôt mourir empalé sur une coquille d’œuf.
— Arrête de faire des manières, monte, je te dis.
— Tu exagères, trésor…
Face à Maryline, Michael n’était qu’un colosse aux pieds d’argile.
La boule au ventre, il commença à jouer et à murmurer les paroles qu’il avait composées à son intention.
— Tu trouves ça too much… se lamenta-t-il devant l’éclat de son rire.
Un rire franc de gamine mal élevée. Un rire qu’il aurait voulu enrober de papier bulle pour le protéger. Pour s’excuser, Maryline l’embrassa. La déception de Michael s’envola aussitôt.
Saisissant le cahier, la jeune femme transforma de-ci de-là quelques mots. De ses doigts qu’elle fit courir sur le clavier, elle arrangea un peu la mélodie.
Tout à leur musique et leur bonheur, ils ne virent pas le jour s’installer sur New York. Ils n’entendirent pas non plus Darell s’approcher à pas de loup de la porte fermée de l’appartement et faire le pied de grue pour s’assurer que personne ne vienne les interrompre