Lecteur,
Il est certains livres comme ça,
Trop rares,
Que tu savoures par petites touches,
Un chapitre pas plus à chaque fois,
Puis tu refermes le volume
Et tu rêves,
Et tu songes,
Et tu penses,
Et tu ne sais même pas à quoi,
Les mots que tu viens de boire t'ont remué,
Bouleversé, secoué, transporté ailleurs.
Loin, si loin, sur les rives du Lac Assad,
Dans la tête d'un vieux Syrien
Devenu fou de chagrin et de proches disparus,
Qui plonge et nage chaque jour
Au-dessus de son village
Englouti avec ses souvenirs et les siens massacrés.
Tu réalises alors que tu es incapable,
Toi qui n'es pas poète,
De mettre en mots ces mots
Qui t'ont fait perdre un instant
La réalité de ta vie à toi.
Il est des gens comme ça
Des écrivains comme ça
Qui savent.
Comme
Antoine Wauters.
Son roman m'a fait cet effet-là.
Cher lecteur, tout le livre est ainsi, déroutant peut-être à la première page, mais dès la seconde, tu te laisses prendre au jeu des mots. A la poésie en vers libres.
Libres comme la parole qu'on ne fera jamais taire.
Au delà du style, le fond du drame syrien, terriblement restitué en 131 pages superbes qui te prennent à la gorge.
Conquis !