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Lecteur,
Il est certains livres comme ça,
Trop rares,
Que tu savoures par petites touches,
Un chapitre pas plus à chaque fois,
Puis tu refermes le volume
Et tu rêves,
Et tu songes,
Et tu penses,
Et tu ne sais même pas à quoi,
Les mots que tu viens de boire t'ont remué,
Bouleversé, secoué, transporté ailleurs.
Loin, si loin, sur les rives du Lac Assad,
Dans la tête d'un vieux Syrien
Devenu fou de chagrin et de proches disparus,
Qui plonge et nage chaque jour
Au-dessus de son village
Englouti avec ses souvenirs et les siens massacrés.
Tu réalises alors que tu es incapable,
Toi qui n'es pas poète,
De mettre en mots ces mots
Qui t'ont fait perdre un instant
La réalité de ta vie à toi.
Il est des gens comme ça
Des écrivains comme ça
Qui savent.
Comme Antoine Wauters.
Son roman m'a fait cet effet-là.

Cher lecteur, tout le livre est ainsi, déroutant peut-être à la première page, mais dès la seconde, tu te laisses prendre au jeu des mots. A la poésie en vers libres.
Libres comme la parole qu'on ne fera jamais taire.
Au delà du style, le fond du drame syrien, terriblement restitué en 131 pages superbes qui te prennent à la gorge.

Conquis !

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Après le premier étonnement , j'ai aussi plongé profondément dans l'histoire de ce vieil homme, sa douleur, ses tendresses, la chant des mots, des phrases, scandées parfois par le dé-chainement des situations. Magnifique écriture et poignant. Un peu de temps pour remonter à la surface.
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Un vieil homme plonge avec palmes et tuba dans un lac artificiel, un lac immense, démesuré, créé par la folie des grandeurs d'un tyran, le lac El-Assad ( le père, le fils était encore second en rang d'accession à la succession, inoffensif étudiant en prothèses dentaires à Londres …). de 50 kilomètres de long, il a englouti la vallée, entrainé le déplacement de 11 000 familles. L'eau du dictateur a fait disparaître une partie de l'histoire millénaire de son pays, et les lieux d'enfance de Mahmoud, le jardin, l'odeur des figuiers et du four à pain, le chant de son père qui aimait Verdi, et celui de sa mère quand elle pliait le linge.

Quand le narrateur ne plonge pas, il contemple les eaux et énumère ses pertes en un monologue adressé parfois à sa femme, Sarah, qui aimait les poètes russes, ombre caressée, mère de ses enfants, Leïla, à jamais perdue, puis Salim, Nazifé, Brahim, sans doute pris dans la guerre, celle qui se réveille la nuit et qu'il entend de son cabanon. Les avions passent au-dessus des champs de pastèques, se dirigent vers le barrage, ex-symbole de la modernité voulue par le parti Baas syrien et aujourd'hui, miné par Daech. le barrage fait naître un autre théâtre d'ombres, les soldats rodent, des enfants meurent, des têtes sont coupées.

Mahmoud, lui, retourne dans l'eau, dans la mémoire des choses perdues : il plonge vers le minaret de la mosquée engloutie, autour de laquelle tournent les poissons et les algues. de la civilisation qui a vu naître l'écriture, a bâti les premières villes, de l'Euphrate des guerriers et des épopées, se dresse au dessus des eaux un unique vestige du croissant fertile, Qal'at Ja'bar.

On apprend le passé du viel homme par allusions, bribes et fragments. Il fut enseignant, il a cru en la révolution de la modernité voulue par le président, « Force, travail, prospérité » pour le peuple syrien libéré de la main mise européenne. Puis poète officiel, il fut contraint aux louanges avant de payer le prix d'une prise de parole dissidente.

L'écriture est poignante, une prose poétique dont les ressacs nostalgiques entrainent le retour à la ligne : « les mots comme des filets à papillons

pour nos causes perdues. »

Son soliloque entrelace les souvenirs flottants et les méandres de l'histoire qui l'ont laissé avec plus de questions que de réponses. Mahmoud n'est pas un sage. Sa parole est tissée d'émotions, comme le barrage, il les retient et puis elles finissent par déborder, flot d'images elliptiques, de sensations, fraîches ou ardentes.

Un texte magique.
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Mahmoud est poète. Il nous raconte sa vie à travers ses poèmes, ceux de sa femme qu'il a tendrement aimée (Sarah), c'est ainsi son histoire et l'histoire de la Syrie entière qu'il révèle par petites touches.
C'est très touchant et très émouvant, le style est magnifique et en contradiction totale avec les horreurs de la guerre, ce qui le rend encore plus percutant.
Cependant, peut être que je n'étais pas assez impliquée, j'ai eu du mal à suivre le fil de l'histoire, surtout au début.
Belle découverte
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Mahmoud ou la montée des eaux, est l'histoire d'un vieil homme que la vie a rendu fou de douleur, victime de tortures, dont les siens ont disparus, perdu dans son passé, ses souvenirs, qui ne cesse de ressasser, à la recherche du temps perdu. le texte est tout en ellipse, survolé. On sait que Mahmoud a perdu ses deux épouses et ses enfants. Encore que ! On pourrait plutôt penser qu'il n'a pas de nouvelles d'eux, c'est tellement dilué que l'on ne sait pas exactement ce qui s'est passé pour ses fils.
C'est également un hommage à l'écriture et à la poésie, puisque Mahmoud est poète et sa femme Sarah, écrivaine, lisait beaucoup de poésies russes.
L'écriture d'Antoine Wauters est poétique, peut-être trop pour endosser la vérité d'un syrien qui a tout perdu.

Lire un autre texte du même auteur, une autre fois.

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Je ne connaissais pas cet auteur. Ce livre m'a été conseillé par mon libraire. Je vais le remercier car j'ai eu un vrai coup de coeur, pour ce récit. Ou plutôt un poème très libre, sur vie de ce syrien en fin de vie. J'ai appris sur la Syrie, son histoire, des guerres, ces hommes et ces femmes qui l'aiment et pleurent les temps heureux. Ce vieil homme nageant dans ce lac, vestige de la vie d'avant, m'a bouleversée. Je pense reprendre ce livre parfois, juste pour le plaisir d'un mot, d'une phrase., j'ai eu du mal à le refermer. Je recommande vivement cette belle écriture.
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La curiosité du titre et le fait qu'il est le vainqueur du prix France Inter m'ont amené à lire cet auteur pour moi inconnu.
On est en Syrie, un vieil homme est seul dans une barque au milieu d'une étendue d'eau et nous raconte son passé, un passé dans un pays qui fut dévasté par la guerre.
Raconté dans une forme proche de la poésie avec des aspects dans la veine d'Homère et Dante. Antoine Wauteurs nous éblouit par sa langue même si on peut parfois en oublier l'essence même de l'histoire au profit du style littéraire. En tout cas après cet essai, je suis curieux de lire un autre de ses romans.
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