Citations sur Pense aux pierres sous tes pas (59)
Et sur ces entrefaites, la main de Paps est descendue du ciel, elle a fondu sur nous et tout s’est arrêté. S’est déchirée. Les soubresauts. La musique qui rend sourd. Et cette joie tout au fond de nous.
Les grosses larmes coulaient, et avec elles l’âme de son père.
Il faut être séparé de ses enfants pour les aimer, tu comprends ? Plus de carnets de comptes. Plus de stress. Plus de quotas. Juste le bleu, le ciel, le vent, les vagues. On a du temps, fiston. Or on ne peut pas aimer quand on n'a pas de temp
Je leur en faisait voir de toutes les couleurs, c'est vrai, mais à l'époque je n'y pensais même pas car c'est toujours après qu'on se souvient, après qu'on fait les stèles et les statues et qu'on pardonne aux êtres comme eux, qui détruisent nos vies mais vous sont si chers malgré tout.
Votre vie peut avoir mille visages, mille rebonds, vous pouvez naître et mourir tant de fois, naître et mourir encore, l'essentiel ne change pas : vous ne changez pas. Vous restez celui que vous êtes depuis toujours.
Ce qui était appréciable chez Zio, c'était qu'il n'y avait pas de cris, pas de portes défoncées à coups de poing (spécialité de Paps) ou d'assiettes qui s'envolent (spécialité de Mams), le soir quand on rentrait. Tout était calme et seulement calme.
12, QUAND TU MARCHES, pense aux pierres sous tes pas. Dis-toi que chacune d'elle compte et qu'en dehors, eh bien, il n'y a rien.
Alors, on déplaça notre joie où elle aurait sa place. Où il fallait qu'elle soit. Où elle pourrait grandir. Croyez-moi, c'est à peu près la seule chose que vous puissiez faire de votre vie. Cultivez votre joie. Le reste n'a aucune importance.
Etrangement - c'est comme ça que je vois les choses là où je suis - ces séances d'autotabassage me faisaient du "bien", car c'était comme un cadre physique autour d'un mal qui, sans ça, n'avait ni fond ni forme et me vampirisait. Allez comprendre ça, pour ne pas perdre la tête, il me fallait des coups, il me fallait des claques, il fallait que je crève de douleur. Impossible de le dire autrement.
Les jours passant, je m’apercevais que j’avais oublié son visage. Le sien et celui de Mams. Ils commençaient à disparaître. Les yeux de Paps, par exemple, je ne m’en
souvenais plus. Étaient-ils noirs ou simplement marron ? Gris pépérin ? Je n’en avais plus la moindre idée. De même, était-il réellement aussi grand que lorsqu’il tapait la terre sous mes yeux de gosse? Est-ce que je l’avais dépassé, maintenant? Par où se perdent les visages de ceux qu’on aime? Où glissent-ils? Quels sont les traits qui s’effacent en premier? Reste-t-il quelque chose, à la fin, quand on arrive
au bout? Ou alors c’est le vide et le silence encore? Le manque?