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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Vivre à Port-au-Prince

Nous sommes à Port-au-Prince, ville qualifiée de "cri de douleur", dans le quartier Carrefour, le plus pauvre de la ville "Carrefour dans Port-au-Prince, c'est Haïti dans le monde".

Là vit ou plutôt survit une famille avec ses 5 enfants. le père est maçon à la petite semaine sur les chantiers, la mère est "brasseuse c'est à dire marchande ambulante de serviettes, parfois lessiveuse, parfois repasseuse", ils mènent une vie misérable et ont du mal à nourrir leurs enfants.
C'est un couple uni qui s'aime, rêve de se marier et fonde beaucoup d'espoir sur l'avenir de leur fille aînée Babette, belle et intelligente. Ils aimeraient bien lui trouver un bon parti.

L'auteur parvient dès les premières pages à nous plonger dans l'atmosphère grouillante de Port-au-Prince, on visualise d'emblée cette foule aux tenues bigarrées, ces "arcs en ciel", cette ville où "c'est chaque jour le carnaval", on entend les conversations dans les camionnettes où tout le monde s'entasse... Ils sont des milliers de personnes à brasser la ville (d'où le titre du roman) à s'agiter pour survivre dans une extrême misère, où souvent la seule solution de survie est la prostitution "tout le peuple se putanise". "Parfois, si je ne me donnais pas au voisin, la chaudière ne monterait pas le feu".

Un jour Erickson, un homme marié bien plus âgé que Babette l'aborde, la prend comme maîtresse et entretient toute la famille. Babette devient blonde et est surnommée la Barbie d'Erickson dans le nouveau quartier où la famille vit désormais loin de leur bidonville.

Cette nouvelle vie va bouleverser l'équilibre familial, les parents sont partagés entre la culpabilité, la honte, le remords et la colère.
"Je me hais de vivre dans un pays où la naissance d'un enfant est un crime contre ses frères et soeurs. Je déteste ce monde où les familles sont obligées de vendre leurs filles pour entretenir leur famille."

Ce sera l'éclatement de la famille lorsque le fils ainé qui adore sa soeur va quitter la maison. "Nos enfants ne nous pardonneront pas d'avoir donné leur soeur en pâture à un inconnu".

On pressent le drame qui va survenir, on sent que le noir va recouvrir le carnaval et les images bariolées...

Ce roman est une grande fresque sociale de Haïti, l'auteur y parsème aussi des critiques sur la communauté internationale, les ONG, le traitement de l'information et évoque la corruption de l'état.

Les brasseurs de la ville est un premier roman très réussi qui "brasse" le lecteur.
J'ai aimé le style de narration choisi, l'auteur mêle les voix du père et de la mère sans prévenir le lecteur comme s'ils ne faisaient qu'un. J'ai aimé l'écriture très visuelle qui touche tous les sens avec des couleurs, des odeurs, des bruits à chaque page, même si je m'attendais à une écriture encore plus imagée. Un livre fort, une plongée dans la vie et les tourments du peuple haïtien bien réussie.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Si ce n'était la photo de couverture, j'aurais imaginé que le sujet du premier roman d'Evains Wêche, "Les brasseurs de la ville", traitait de l'élaboration de la bière et se passait en Alsace. Bien sûr, il n'en est rien et ces brasseurs, en Haïti, ont plutôt tendance à "brasser le béton".
L'auteur nous conte l'histoire d'une famille pauvre, le père, la mère et les cinq enfants qui survivent plus qu'ils ne vivent. Seule leur fille aînée, jolie comme un coeur, lettrée, peut envisager tirer son épingle du jeu et la famille compte sur elle pour les sortir de la misère. Ils envisagent déjà un gendre riche et une vie meilleure. C'est d'ailleurs ce qui se présente sous les traits d'un certain Monsieur Erickson.
L'écriture est magnifique, imagée, animée. Evains Wêche réussit à merveille à colorier la vie de ses personnages pourtant sombres comme la crainte de leur avenir. Avec beaucoup de doigté assorti d'une langue originale au point de l'inventer parfois, il parvient à relater la lutte du peuple haïtien contre le déclin, cette obstination qu'il a de relever la tête et de se battre contre les coups du sort. Sans connaître Port-au-Prince, on s'y sent très vite chez soi. Les expressions locales, les descriptions, les phrases sautillantes, les personnages tous hauts en couleur tout autant qu'en verbe font de ce récit une petite merveille. C'est à la fois dramatique et fou, tendre et repu d'amour, triste et sautillant. Vivre, vivre à tout prix, et quel prix !
Très émouvant premier roman.
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"Qu'avons-nous fait au Bon Dieu pour mériter cette chienne de vie ? Nous ne sommes pas plus méchants que d'autres ?" Éternelle question sans réponse pour ce superbe premier roman à l'écriture puissante et charnelle qui nous plonge dans les quartiers pauvres de Port-au-Prince en Haïti. Dès la scène d'ouverture, les couleurs et les bruits vous envahissent et vous happent, vous transportent dans cette agitation quotidienne qui rythme les rues de la ville et les heures des brasseurs.

Brasser, c'est se débrouiller. Vendre ce que l'on peut pour rapporter quelques sous et gagner de quoi nourrir sa famille. Avec cinq enfants à charge, il faut brasser un peu plus, forcément. Au risque de ne pas être trop regardant sur ce que l'on vend. Pourquoi pas son corps, si c'est pour survivre ? Pour raconter l'histoire de cette famille, les voix des parents se mêlent dans une drôle de mélodie portée par une langue chaude et imagée, où l'on sent tout le poids des légendes et des traditions. le quotidien est violent et on s'arrange comme on peut avec sa conscience.

L'auteur montre les ravages de la pauvreté sur les individus réduits à un instinct de survie. Mais il le fait avec beaucoup d'empathie et refuse de renoncer à parler d'amour. Il refuse de juger et met le lecteur au défi d'en faire autant. Que ferions-nous à la place de ces parents ? Privilégier la morale ou l'estomac ? Ils sont engagés dans une spirale qui les dépasse, se persuadent en permanence qu'ils n'avaient pas le choix... Vraiment ?

"Pourquoi enfanter nous condamne à la misère ? Un acte qui procure tant de joie aux parents. Pourquoi nos enfants doivent souffrir ?" Quand la misère est là, l'enfant plaisir devient rapidement une charge. Alors dès qu'il peut contribuer, quels que soient ses talents, il est plus facile de le laisser faire. Cela donne des légions de petits trafiquants et caïds en tous genre et des nuées de prostituées.

A travers le destin de cette famille, c'est celui d'un pays abîmé et martyrisé que nous raconte Evains Wêche, et celui d'un peuple qui lutte seul pour éviter d'être englouti. C'est violent, cru mais superbement mis en scène.

Une vraie découverte parmi ces premiers romans de la rentrée d'hiver dont on parle moins et qui méritent un peu de lumière.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Lu dans le cadre du challenge 68premièresfois. Voici donc la lecture d'un premier roman, francophone, puisqu'il s'agit d'un auteur d'Haïti. Je suis une lectrice assidue de la littérature de ce « petit » pays francophone, suite à un très bel hommage à des auteurs de ce pays lors d'escales du Livre de Bordeaux ; je lis donc régulièrement les livres de Lyonel Trouillot et d'autres auteurs haïtiens (Dany Laffériere..) ou d'ouvrages sur l'histoire de ce pays (j'avais beaucoup apprécié la lecture de la trilogie sur Toussaint Louverture de l'auteur, Madison Smartt Bell). Ce premier roman nous parle de la vie d'une famille qui essaie de survivre. Roman polyphonique, l'histoire nous est racontée à plusieurs voix : celle de la mère et du père. Avec une écriture proche du réel et avec quelques envolées poétiques, l'auteur va nous décrire la vie difficile des habitants de quartiers périphériques et qui survivent grâce à des petits boulots. le père travaille sur les chantiers et la mère est « brasseuse » sur les marchés. Brasser signifie vendre des petits produits, du tissu, par exemple. Ils ont ensemble quitté leur village car leur amour n'était pas accepté par leurs parents. Ils vont tenter d'élever leurs cinq enfants. « Pourquoi enfanter nous condamne à la misère ? Un acte qui procure autant de joie aux parents. Pourquoi nos enfants doivent souffrir ? Pourquoi le monde n'est pas partout pareil ? Pourquoi utilise-t-il ce moyen atroce pour sauver ma famille du péché. » (p129). Babette, l'aînée, belle enfant et qui va à l'école, va être remarquée un jour au bord de la route par Monsieur Erickson. Celui-ci est le patron d'un grand magasin à Port au Prince, marié, il va installer la jeune fille dans un appartement. Les parents vont alors nous raconter la descente aux enfers de leur enfant, alors qu'au début, cela aurait pu être une belle histoire de « Cendrillon ». Nous allons alors en apprendre un peu plus sur la vie actuelle et passée de ce pays. Un pays occupé par les ONG, qui viennent pour « aider » la population, un pays grevé par la corruption politique et économique. Ce texte est très fort car il nous entraîne dans l'esprit de cette mère qui essaie de comprendre. Nous sommes à la fois dans la dure réalité et quelquefois dans des songes, des espoirs de vie meilleure. L'auteur nous décrit la vie quotidienne de cette famille mais aussi les espoirs et les espérances de ce pays, qui a été malmené et qui l'st encore par la nature (ouragan, tremblement de terre), mais aussi par un climat politique instable ( des dictatures, des espoirs de démocratie, des espérances d'aides internationales, attente des millions promis par les états Unis par exemple après le dernier tremblement de terre. Mais il nous parle tout de même d'espoir et d'amour. Un premier roman très noir mais un texte qui interpelle avec une belle écriture : nous nous retrouvons dans les rues de ce pays, dans les bars où le père passe ses soirées pour tenter de colorier sa triste vie, dans le taxi collectif que prend la mère pour rejoindre le marché des brasseurs. . Un premier roman difficile, rude mais dont j'ai apprécié la lecture, grâce à une écriture à la fois réaliste et poétique.
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Bon livre qui nous montre la vie compliquée à Haiti quand on est une famille pauvre avec 5 enfants.
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Mon avis :

Un premier roman excellent. Un thème difficile car l'auteur nous parle d'une famille très pauvre à Port-au-Prince. La mère va donner sa fille de seize ans à un homme de cinquante ans. En échange, il va leur procurer un domicile avec de l'espace et toutes les commodités. Cette tribu qui vivait entassée les uns sur les autres dans un endroit insalubre et sans nourriture par moment.

Malheureusement, Babette, l'adolescente, va passer par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel dans les mains de ce pervers. Son père qui était réticent, n'arrive pas approuver ce que sa femme a fait pour de l'argent. Nous allons suivre la vie de tous les membres de cette famille avant et après cet acte que je qualifie de monstrueux mais je ne sais pas si dans ces conditions de survie, peut-être ferais-je la même chose ? Je tourne et retourne cette question dans ma tête inlassablement. Je ne trouve pas la réponse…

Vous allez pénétrer dans un milieu qui n'est sûrement pas le vôtre, chers lecteurs. Vous comprendrez que pour de la nourriture, des vêtements, etc… nous pouvons disjoncter dans nos convictions et changer d'avis pour survivre.

Ce livre avec des émotions intenses est très bien écrit. Il nous fait réfléchir sur la condition de la femme et sur la pauvreté qui atteignent encore beaucoup de pays et de régions.

C'est vrai, ce roman me touche car je défends toujours la femme, les dénuements avec mon cri sur l'injustice qui malheureusement ne peut rien faire en ce bas-monde.

Un récit que je conseille fortement. Go en librairie !
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Lu dans le cadre des 68 premières fois.
Evains Wêche signe ici un portrait saisissant de Port – au – Prince, l'entêtante, l'enivrante, la colorée ainsi qu'un bel hommage à ses habitants qui n'ont malheureusement que peu de chances de sortir de la misère.
C'est toute l'atmosphère de la capitale haïtenne qui se dégage de chaque phrase : les odeurs, les couleurs, la chaleur, la promiscuité, la saleté. Comment survivre et tenter de s'en sortir avec des enfants à élever ? En tentant sans cesse trouver des solutions, en déployant une énergie qu'on ne peut que saluer, qui laisse sans voix.
Ce livre m'a profondément touchée, bousculée. J'ai été très sensible à l'écriture poétique et au style imagé de l'auteur.
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Lechatquilit.e-monsite.com
Les brasseurs de la ville de Evains WECHE

Ce livre est très touchant, voir émouvant.
Il relate la misère et la survie d'une famille à Port au Prince. La mère fait des petits boulots, le père travaille sur les chantiers. Ils ont 5 enfants, et placent tous leurs espoirs dans leur fille aînée, Babette. Celle ci va ramener de l'argent à la maison, mais à quel prix. Ses parents deviennent la risée du quartier. Babette disparaît, et ses parents se mettent à sa recherche. Ce qu'ils découvrent les remplissent de honte. Et, c'est le drame …

Ce livre est captivant de par son écriture et des faits racontés. le père et la mère parlent simultanément, dans leur propre langage. J'y ai suivi les espoirs et les désespoirs de cette famille, découvert la misère d'un peuple, le courage et l'amour d'un couple pour ses enfants.

Un très bon premier roman !

Extraits :

Papy, ne parle pas de chômage, coupe le magouilleur. Je déteste ce mot. le chômage est une institution fantôme ici, c'est une invention électorale. Si nous travaillons, nous n'aurions plus le temps de voter

Tu as apporté 125 gourdes hier soir. Tu as honte de me dire où tu les as eues. Au début, j'ai cru que tu étais devenu fou et que tu les avais volées, mais quand j'y pense, jamais tu ne feras ça. Je te connais, t'es trop fier. Maintenant, je sais. Ton dos me l'a dit. Tu as le dos labouré au point que les caresses te font mal. Seuls les portefaix se plaignent de courbatures, de si fortes douleurs à la hanche et au cou. le torticolis que donnent les sacs de farine, c'est avec ça que l'on sauve la vie des enfants.

“Les gens pour lesquels nous votons sont nos représentants. Ce qu'ils font, c'est nous qui le faisons. Nos votes sont la plus grande arme contre les politiciens malhonnêtes. Malheureusement, nous élisons toujours les pires candidats au détriment de ceux qui ont un vrai projet. le jour où ce peuple aura compris le poids de ses votes et le rôle des élections, l'espoir reviendra.



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Les brasseurs de la ville donne la parole à une famille du quartier du Carrefour. C'est un quartier très pauvres dans la ville dévastée de Port au Prince. Elle est vendeuse ambulante, lui travaille sur des chantiers. Ils se démènent corps et âmes pour élever leurs cinq enfants. Pour cette famille comme pour tant d'autres, tous les moyens sont bons pour remplir les ventres et souvent cela passe par la prostitution. L'existence de cette famille est très difficile jusqu'à ce que Babette, la fille ainée, se fasse courtiser par Monsieur Erickson, un riche homme américain. Monsieur Erickson va prendre Babette comme maitresse et entretenir la famille. Comment continuer à vivre quand on doit sa survivre « à la vente » de son propre enfant ?

Le roman de Evains Wenche est assurément très dur et très prenant. Il nous montre une vie insupportable, une ville peuplée d'une population extrêmement démunie qui accepte l'inacceptable pour survivre. Il nous décrit des scènes difficilement imaginables qui paraissent à tous naturelles. Je pense notamment à la scène de l'hôpital pour ceux qui ont lu le livre, pour les autres je ne souhaite pas trop en dire.

On ne peut que ressentir que de l'empathie pour cet homme et cette femme partagés entre le culpabilité d'avoir sacrifier leur enfant et le soulagement de pouvoir enfin exister.

Evains Wenche donne voix au père et à la mère de cette famille. Chacun utilise le « je », leur récit s'entremêle sans réelle transition. J'ai été un peu déstabilisée par ce choix durant tout le premier chapitre pour finalement apprécier ce procédé par la suite. Il donne une sensation de fusion dans ce couple qui partage les galères et les pensées.

Port au Prince a été au coeur de l'actualité, il y a quelques années (suite au tremblement de terre) puis cette ville est retournée dans son anonymat. J'aurai aimé que ce roman me montre comment la population, comment la ville s'est reconstruite. Je ne sais pas si l'angle choisi par l'auteur est délibérément sombre (je l'espère), j'aurai vraiment aimé en savoir plus sur le sujet.

Les brasseurs de la ville est un roman percutant.
Lien : https://mesexperiencesautour..
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Port-au-Prince est presque le personnage principal de ce premier roman . Ou plus encore Carrefour , quartier particulièrement pauvre et insalubre d'Haiti. Ses couleurs, ses parfums, le grouillement de la vie. Ses drames.

L'écriture est un peu déroutante au début, les voix du père et de la mère alternent, se répondent, se mélangent, perdent parfois un peu le lecteur, dans un rythme en phase avec le bouillonnement de la cité.

A travers le destin, particulièrement tragique, d'une famille, l'auteur nous donne à voir et à entendre la misère de ce pays, les tentatives plus au moins désespérées pour améliorer un peu le quotidien.
Entre corruption, incapacité des organisations internationales, un peuple à l'abandon, qui se débrouille comme il peut... jusqu'où peut-on aller pour nourrir sa famille?

On se doute dès le départ que tout cela finira mal, on assiste à un engrenage infernal, une descente aux enfers, pages après pages...
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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