Sur quoi il (H.G. Wells) s'efforce de serrer la réalité de plus près, mais, comme beaucoup d'hommes de notre temps, il pense que la notion de personnalité est confuse.
Il distingue en chacun de nous une trinité, "la personne réelle", "la persona" (ou ce que nous croyons être), et "le personnage" (ou ce que les autres voient en nous).
L'auteur d'une autobiographie décrit la "persona", le biographe étudie le "personnage" ; quant à la "personne", nul ne l'atteint et on conçoit assez mal ce qu'elle est....
(extrait de "Magiciens et logiciens" d'André Maurois - (texte issu du chapitre consacré à HG Wells de la page 65 à la page 100) - de l'édition parue chez Grasset en 1935)
INTRODUCTION
Prélude
J'ai besoin de liberté d'esprit. Je veux pouvoir travailler en paix. Je suis excédé par les choses qui m'entourent. Mes pensées et mon travail sont encombrés par des réclamations et des ennuis de toutes sortes ; je n'entrevois aucun espoir de leur échapper, aucun espoir d'une période d'activité sereine et bienfaisante, avant que je ne sois définitivement rejoint par les infirmités ou par la mort. Je me trouve dans une phase de fatigue, et de ce découragement qui accompagne la fatigue ; les petites affaires de demain bataillent dans mon cerveau surexcité, et il m'est difficile de rassembler mes forces pour affronter ce problème : de l'impossibilité de m'utiliser moi-même au mieux.
J'écarte même le prétexte d'un autre travail pour essayer de faire face à cette situation. Je veux écrire un rapport la-dessus - pour moi-même.
Je veux voir clair dans ces mécontentements, parce que j'ai l'impression que dès que je verrai clair, ils cesseront de me tourmenter ou que je pourrai les maîtriser et les diriger.
Je ne pense pas que ma situation de travailleur intellectuel soit exceptionnelle à aucun point de vue ; c'est notre destin à tous, de nous trouver dans un pareil embarras....
(extrait de l'Introduction dans le chapitre premier)