The tale of Aypi prend place dans un Turkménistan sous domination soviétique, où un petit village de pêcheurs tente de résister à l'appel de la modernité et aux promesses d'un déménagement vers la ville encouragé par les autorités pour faire main basse sur le littoral.
On y suit le réfractaire Araz, le seul à oser braver l'interdit et à continuer d'aller pêcher les esturgeons, refusant que les sacrifices du passé n'aient été vains, et arguant qu'un homme qui se laisse déposséder de son village sera bientôt dépossédé de son pays.
Au récit d'Araz s'entremêle la légende fondatrice du village, liée à la splendide Aypi, qui, hantant le présent, tente de comprendre et de faire revenir à la raison les hommes du village.
Si la première partie du roman est intéressante, notamment par les nombreuses réflexions des personnages sur ce qui concerne l'identité, l'impuissance face à des décisions venues d'ailleurs, les rapports entre les hommes et les femmes etc., le rythme lent alourdit la lecture, notamment à partir de la cérémonie de mariage ; les argumentations haineuses et violentes d'Aypi et les aller-retours entre le présent et un monde imaginaire ont fini par m'ennuyer, et l'on finit par ressentir un trop grand décalage entre l'époque et les personnages, et le manifeste féministe de la vieille jeune femme. Cet anachronisme du décor et des propos tenus donne finalement l'impression que le roman sert plus de tribune à l'auteur pour commenter la société turkmène, et l'on perd de vue l'intrigue, ce qui est bien dommage !
Mon impression finale est celle d'un déséquilibre entre le propos du livre et l'espace spatio-temporel de l'intrigue, même si l'auteur a le mérite de nous faire découvrir des rivages de la Caspienne souvent inconnus du lecteur occidental.