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W.M. Coulson (Traducteur)Brian Wilson Aldiss (Préfacier, etc.)
EAN : 9781784379834
168 pages
Glagoslav Publications (30/06/2016)
3.25/5   2 notes
Résumé :
The Tale of Aypi follows the fate of a group of Turkmen fishermen dwelling on the coast of the Caspian Sea. The fear of losing their ancestral home looms over the entire village. This injustice is being made to look like a voluntary initiative on the part of the fishermen themselves, whilst the ruling powers cynically attempt to confiscate their land. One brave fisherman from the village rises up to confront them and fights for his native shore, as a response to an ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce petit livre de 160 pages est un peu déroutant mais très intéressant tant il aborde de questions essentielles.

L'histoire se passe dans un village de pécheurs turkmènes pendant la période soviétique. Situé au bord de la mer Caspienne, il est constitué de maisons sur pilotis. Parce que ces rivages auraient des vertus thérapeutiques, il a été décidé de déplacer tous les villageois dans des logements en ville pour construire un sanatorium. Ce départ doit paraître volontaire et la plupart des pêcheurs se sont résignés à cette situation, finissant même par lui trouver des avantages. Mais l'un d'entre eux, Araz, brave les interdits et continue d'aller pêcher. Il refuse le départ, la perte de son village, de son mode de vie et, tout simplement, l'arbitraire de cette décision venue du gouvernement. Il défie les autorités et se met les villageois à dos par son entêtement et son intransigeance.

Il se dessine alors un roman aux sujets assez classiques, même si le cadre du Turkménistan les rend particuliers. Il aborde les questions de la culture et de la transmission, de la tradition face au développement de la modernité, d'opposition entre villes et villages, entre jeunes et anciens, entre l'individu et le collectif, entre l'état et le peuple sur fond de lutte sociale contre une injustice.

Cependant, dès le deuxième chapitre, arrive le personnage d'Aypi qui va prendre de plus en plus de place dans le récit et donner une tournure surprenante à l'histoire. Il y a trois siècles, Aypi a été injustement tuée car sa vanité et sa curiosité avaient mis en danger le village. Son souvenir a survécu sous forme de légende dans les mémoires. Alors que le village traverse de nouveau des temps troublés, elle constate que son sacrifice a été inutile puisque les hommes l'abandonnent sans se battre. Son fantôme revient hanter le village et va chercher à se venger des hommes en déployant des forces surnaturelles.

C'est son personnage qui introduit des thèmes féministes que je ne m'attendais pas du tout à trouver ici. Aypi est pleine de rage et parfois excessive mais elle questionne les relations entre les hommes et les femmes et est révoltée contre l'absence de contrôle des femmes sur leur destinée. Elle voit qu'il n'y a eu aucun progrès en ce sens depuis son époque malgré la soi-disant modernité. Pour elle, les inégalités et l'oppression sociale des femmes sont vécues comme naturelles par les hommes car ils ont une peur fondamentale des femmes indépendantes. Ils considèrent la liberté des femmes comme dangereuse et ils cachent leur propre faiblesse derrière leur orgueil et leur honneur mal placés. Il faut dire que les propos tenus par les jeunes hommes dans ce roman sont insupportables. Je ne sais pas s'ils représentent une réalité au Turkménistan mais il s'agit d'une marchandisation totale des femmes. Toujours est-il que la colère noire d'Aypi entraîne le récit vers le tragique.

C'est donc un roman surprenant et dense qui fourmille de questions. Il y a finalement assez peu d'action et c'est par les deux personnages d'Araz et d'Aypi que sont discutées toutes les réflexions du livre. Chacun à sa manière se bat pour son identité et pour rester loyal à lui-même. L'auteur apporte peu de réponses et ce vers quoi il souhaite aller n'est pas toujours clair tant il confronte les opinions. Mais s'il y a un message, ce serait que la passivité est le plus grand danger pour la dignité humaine. Les deux personnages principaux incarnent la résistance morale et active dans un conflit de valeurs malgré leur sentiment d'impuissance. L'ambiance est assez nostalgique et violente mais il y a aussi des pointes d'espoir. le combat pour le mode de vie traditionnel semble déjà perdu mais celui contre l'état tout puissant et celui pour les droits des femmes sont à mener.

Ce livre possède plusieurs niveaux de lecture et mériterait d'être relu pour en appréhender toutes les strates. Il m'est assez difficile de juger du style puisqu'il s'agit d'une traduction en anglais. Il m'a quand même semblé que le niveau de langue était parfois un peu ampoulé pour des conversations entre pêcheurs d'un petit village. En tout cas, ce livre vaut surtout pour ces idées et son traitement peu conventionnel de grands thèmes humains par une touche fantastique. Je sens que mon opinion sur ce roman va encore évoluer tant il continue de faire son chemin dans mon esprit. J'y réfléchis encore souvent, peut-être comme avec un conte philosophique qui nous poursuit longtemps.
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The tale of Aypi prend place dans un Turkménistan sous domination soviétique, où un petit village de pêcheurs tente de résister à l'appel de la modernité et aux promesses d'un déménagement vers la ville encouragé par les autorités pour faire main basse sur le littoral.

On y suit le réfractaire Araz, le seul à oser braver l'interdit et à continuer d'aller pêcher les esturgeons, refusant que les sacrifices du passé n'aient été vains, et arguant qu'un homme qui se laisse déposséder de son village sera bientôt dépossédé de son pays.

Au récit d'Araz s'entremêle la légende fondatrice du village, liée à la splendide Aypi, qui, hantant le présent, tente de comprendre et de faire revenir à la raison les hommes du village.

Si la première partie du roman est intéressante, notamment par les nombreuses réflexions des personnages sur ce qui concerne l'identité, l'impuissance face à des décisions venues d'ailleurs, les rapports entre les hommes et les femmes etc., le rythme lent alourdit la lecture, notamment à partir de la cérémonie de mariage ; les argumentations haineuses et violentes d'Aypi et les aller-retours entre le présent et un monde imaginaire ont fini par m'ennuyer, et l'on finit par ressentir un trop grand décalage entre l'époque et les personnages, et le manifeste féministe de la vieille jeune femme. Cet anachronisme du décor et des propos tenus donne finalement l'impression que le roman sert plus de tribune à l'auteur pour commenter la société turkmène, et l'on perd de vue l'intrigue, ce qui est bien dommage !

Mon impression finale est celle d'un déséquilibre entre le propos du livre et l'espace spatio-temporel de l'intrigue, même si l'auteur a le mérite de nous faire découvrir des rivages de la Caspienne souvent inconnus du lecteur occidental.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
The older boys soon clambered up onto the roofs of the trailers and spent hours there gazing at the sea, arguing about nothing at all and dreaming until dark, as boys always will.
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Am I a fisherman, or not? Am I some kind of herdsman? If a man can’t follow his father’s trade, what’ll become of him? A man should be able to do what he loves! Is that too much to ask?
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Spring’s beauty faded in this area as quickly as a power petal.
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