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Critique de Henri-l-oiseleur


Le philosophe Eric Werner, observateur aigu de notre monde et de son devenir monstre (pour reprendre les mots de Philippe Muray) a publié aux éditions de la Nouvelle Librairie, en 2023, un petit essai où il reprend et commente le Traité du rebelle (ou le recours aux forêts) d'Ernst Jünger, auteur allemand rescapé de deux guerres mondiales, du nazisme et des années de plomb de la RFA. Ernst Jünger, penseur et soldat, s'alarmait du triomphe de la technique dans la vie humaine et dans nos sociétés, et voyait nettement, en même temps que Bernanos, que ses automatismes allaient créer un nouveau type d'homme, un homme soumis à la machine et à son ordre intellectuel, économique et politique, un homme à l'esprit machinal, un homme-machine. Eric Werner, à son tour, mesure le chemin parcouru et montre dans cet essai fort bref, "Prendre le maquis avec Ernst Jünger", et réactualise les pistes que l'auteur allemand avait imaginées pour réinventer une liberté individuelle : le Waldgang, la sécession individuelle de l'homme qui tourne le dos à une société qui ne l'opprime plus à la façon du stalinisme ou du nazisme, mais l'enferme dans la dépendance physique, médicale, sociale et politique. En échange de l'assurance du confort, il perd toute sa liberté, comme l'écrit Jünger : "Tout confort se paie. La condition d'animal domestique entraîne celle de bête de boucherie" (p. 32)

Par ses exemples et ses références, Eric Werner se place avec d'autres, comme Sylvain Tesson, Ivan Ilitch, Alexandre Zinoviev, David Engels, dans la lignée des penseurs de la liberté individuelle et de l'impossible anarchisme. Il y aurait beaucoup plus à dire encore de ce petit livre, mais ce serait peut-être le trahir un peu, car sa lecture devrait déboucher, logiquement, sur l'action.
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