Si j’ai l’intime conviction de m’être refait une virginité, ce qui m’inquiète le plus, c’est que je suis persuadée que je ne saurais plus du tout y faire. Séduire, plaire, faire monter le désir, faire l’amour, même, je ne me souviendrais même plus par où commencer. Alors, m’attaquer en l’état à un mec comme Brett Middler, il faudrait que je sois folle en plus d’être, à coup sûr, une invalide de la relation intime. Et c’est vraiment dommage parce que pour être honnête, en trois ans, c’est la première fois que mon corps reprend vie et, ça je le dois à Brett Middler. Aujourd’hui, quand je l’ai vu sur le plateau, je vous jure qu’il s’est passé plein de trucs dans ma tête et dans mon corps. Mais je suis lucide. Je peux lui en être reconnaissante vraiment, merci Brett, mais de là à penser que je pourrais aller jusqu’au bout de mon envie de le séduire, je suis gentille mais pas débile.
Je crois que notre amitié se consolida, cette nuit-là. Je ne m’en serais pas doutée, je n’aurais même pas osé penser que je puisse encore me faire de nouvelles vraies amies à mon âge. Et puis, même si elles étaient assez géniales pour que je devienne amie avec elles sans problème, j’étais à un stade de ma vie où j’en avais franchement plus rien à foutre de l’amitié, ex-æquo avec l’amour. Les sentiments, l’affectif, ce n’était pas vraiment des trucs qui me parlaient à titre personnel. J’étais ce genre de filles qui se suffisent à elles-mêmes. Peut-être que, effectivement, ma dernière histoire de cœur avait fait bouger quelque chose en moi.
Mon métier n’était pas simple, il était passionnant mais aussi très dur ; sur un plan créatif, moral et même physique, il fallait tenir la route.
Mais j’adorais ça. J’adorais travailler sur le tournage de films ; l’atmosphère, cette créativité toujours en action, c’était fabuleux. Et faire de façon à ce que les acteurs puissent s’inspirer d’un décor pour donner de la crédibilité à leur jeu, à leurs intentions, qu’ils donnent vie aux atmosphères, quels que soient les lieux et époques, avait une place importante dans le succès ou non d’un long métrage.
Les hommes, j’avais fini par ne plus les voir, ne plus les regarder et ça me convenait plutôt bien. Totale absence de manque de quoi que ce soit, le pied total !
Mais comme l’avait dit Sam, parfois dans la vie, on peut être surprise. Et l’être d’autant plus lorsque cette notion a été complétement occultée du champ des possibles et que, du coup, on ne s’y attend réellement plus du tout. C’est d’ailleurs souvent à ce moment-là que peut surgir la surprise.
La bonne.
Il m’offrit une nouvelle fois ce sourire que j’allais probablement finir par adorer, ce sourire de mec un peu bad boy, ce même sourire qui, s’il n’est pas souvent de sortie, mériterait pourtant d’être gravé, sculpté, photographié, immortalisé à tout jamais.