On ne choisit pas qui on devient. Peut-être que c’est préétabli. Certains d’entre nous sont des hors-la-loi. On se reconnaît les uns les autres.
« Qu’est-ce que tu faisais planté là ? Une prière ou quoi ? J’ai eu peur que tu sautes.
– C’est quoi la différence entre une prière et un vœu ? »
Walk ôta son képi.
« Les vœux, c’est pour les choses qu’on désire, les prières, pour les choses dont on a besoin.
– Dans mon cas, je crois que c’est pareil. »
Il fallait qu'elle dise à sa mère ce qu'elle avait fait, qu'elle avait pris des allumettes et brûlé précisément le seul pont qui leur permettrait de se maintenir hors des eaux. Elles avaient encore pied pour l'instant mais bientôt elles seraient englouties si profondément que même la lumière de la lune ne les atteindrait plus.
Elle ouvrit la bouche et chanta.[...]
Les murmures se turent, les hommes autour du billard interrompirent leur partie pour s'approcher de cette jeune fille qui fendait le ciel en deux, l'âme à nu, calcinée, le musicien a côté d'elle si subjugué qu'il arrivait à peine à suivre avec sa guitare.
Je sais que tu es une hors-la-loi, mais pas moi. Je veux juste être un enfant.
Elle avait envie de pleurer, mais savait que si elle se laissait aller, le chagrin s’installerait dans sa poitrine et l’empêcherait de respirer au moment où il lui faudrait des forces.
Duchess ne se faisait aucune illusion, le sang qu’elle verserait ne laverait pas le sien. Mais elle irait jusqu’au bout, elle ne pourrait pas faire autrement.
Milton était poilu. De grosses touffes lui poussaient partout, c’était le genre d’homme qui devait se raser jusque sous les yeux trois fois par jour de peur qu’un gardien de zoo qui passerait par là ne lui décoche une fléchette sédative.
Notre histoire est une petite histoire de rien du tout, inspecteur Walker. Triste, mais petite. Inutile de prétendre le contraire.
Il y a toujours un homme. Chaque fois que ça merde quelque part dans le monde, c’est qu’il y a un homme.