Le soir, une fois au lit, ils se lisaient des passages d’un vieux livre corné, trouvé sur l’étagère de la cuisine, un dictionnaire français d’injures. Les Américains sont censés être chaleureux et appréciés de tous, et tout écart de langage est considéré comme un défaut corrigeable, mais en France on admire les personnes assez courageuses pour se montrer caustiques ou acariâtres ; Julien lisait les injures de sa voix retentissantes, avec un délice évident.
Leur maison était blottie sous un gros arbre que le voisin, un vieux hippie à la barbe blanche peu fournie et à la dentition gâtée, avait baptisé « l’arbre touriste » parce qu’il « devient rouge avant de peler ».