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Citations sur Les Enfants Jéromine (94)

# l nous faut vivre comme si nous tenions la bonne clef. Nous ne savons si elle marchera, mais il est probable que nous sommes au monde uniquement pour essayer.
# C'est dans la résignation qu'on vit à proprement parler. Elle est précédée de la compréhension véritable. Celle-ci détruit les phantasmes, donne la vraie bravoure, celle qui va sans décoration, sans ivresse ; celle de l'homme qui reste sur le navire qui sombre, parce que c'est son devoir
# Vous venez d'un monde où les choses sont autrement ordonnées. Inutile de dire qu'il s'agit d'un ordre meilleur ; en tout cas c'est un ordre différent, un ordre plus ancien, et le plus récent n'est pas toujours à préférer.
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C'est là qu'il eut son premier sentiment d'effroi, lorsqu'il reconnut que son élève poursuivrait peut-être un jour, en tout premier lieu, ce que revendiquent le plus passionnément les pauvres: la justice. Et comme il savait qu'il n'est pas sur terre de chemin plus épineux, de destinée plus fatale que celle des hommes qui se révoltent contre la force, il se demanda pour la première fois s'il était fondé à tirer un enfant de l'obscurité de son milieu, à lui donner des armes insuffisantes et à l'envoyer à l'assaut d'une forteresse que jamais personne n'a vaincue, depuis l'origine de la terre, mais devant laquelle s'accumulent, lugubre avertissement, les sacrifiés de tous les temps avec leur heaumes rompus et leur boucliers dépecés.
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Aux environs de midi Jons prenait place pour une heure et demie sur le vieux canapé aux boutons de porcelaine. Il mangeait lestement ce que lui servait Melle Holstein et tirait un livre des longs rayons austères. C'était l'unique moment de la journée ou de la nuit où il ne pensait pas à ses études, où il lisait des vers ou les leçons de la sagesse des anciens ou bien ce que pensaient ou avaient pensé d'autres peuples au sujet des destinées de l'humanité. C'était l'heure sans objet, comme il l'appelait ou l'heure défendue; mais il en tirait le plus grand réconfort de la journée ou de la nuit, la libération de tout objectif, la conviction de la puissance de l'esprit véritable, qu'il ne pouvait jamais séparer de la puissance du cœur, et le léger frisson que donne la magie du beau, qu'il ne rattachait pas à une forme humaine, pas même à la langue seule, parce qu'à ses yeux la langue n'était que l'un des nombreux moyens d'ouvrir la porte du mystère.
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Ils chantèrent le chant d'un bout à l'autre, oh! peut-être pas d'une façon merveilleuse, et les voix des filles étaient bien un peu criardes, surtout dans les notes élevées. Mais on entendait bien qu'ils ne chantaient pas uniquement avec leurs cordes vocales. Ils n'étaient pas très fixés sur la maladie de Martin, car ils n'en avaient encore rien vu. Mais ils savaient qu'il avait enseigné dans cette école, alors qu'il était plein de jeunesse et d'entrain, et puis qu'il avait été porté disparu, pendant de nombreuses années; et maintenant il était revenu, mais il ne se souvenait plus de rien du tout (...)
Ils reprirent leurs places, immobiles comme au début, avec leurs mains croisées sur les pupitres, tendant l'oreille vers le fond de la salle, là où était assis celui qu'ils ne pouvaient voir, n'entendant qu'une respiration pénible, semblable à celle d'un homme qui gravit un escalier étroit en portant sur son dos un sac d'un quintal.
Et puis, alors qu'ils sentaient battre jusqu'au fond de leurs gorges leurs cœurs gonflés, ils entendirent la voix que par la suite ils ne se lassèrent pas d'évoquer au cours des longues soirées d'hiver. C'était la voix d'un enfant qui pleurait, se sentant terriblement abandonné, ou peut-être simplement la voix d'un animal laissé seul par sa mère, plainte sortant des profondeurs d'un fourré où les fougères se dressent au-dessus des vieilles pierres humides, sanglotement lamentable qui leur déchirait le cœur, parce qu'il était celui d'un homme vieilli dont la chevelure grise recouvrait des yeux égarés.
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Gogun s'enivrait souvent et sa hotte de vannerie accueillait maint objet qui ne lui appartenait pas sans conteste. Il était pécheur, et il le savait, et le sachant il était pieux. Sa femme le frappait d'un caillou dans le dos, et c'était bien ainsi. Elle était le représentant de Dieu, et lorsque Dieu n'ait pas le loisir de s'occuper de lui, c'était elle qui nouait le caillou dans son mouchoir, et cognait. Tous les Gogun avaient des femmes comme il faut.
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........Et la paix répandue sur son lourd visage de paysan était si grande qu 'il eût aussi bien tenir le Christ sur son sein, au lieu d'une femme qui avait voulu être reine et qui n 'était qu 'une glaneuse d'epis.
Jons s' approcha silencieusement de Christian et d'une main mal assurée essuya les larmes qui coulaient sur les joues de celui -ci. " Sais -tu bien , frère ce que tu as fait? Dit-il.Tu as transformé le vers qu 'elle redis ait en mourant. "Il tourna son cheval et s' en alla." Il ne le tourne plus.Il ne s' en va plus.
--Je dresserai cela sur leur tombe, Jons, dit Christian au bout d 'un moment. C'est pour cela que je l'ai fait.Nous élèveront au-dessus une petite voûte de pierre, afin de le défendre de la pluie.Personne ne l'a encore vu.
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Il reconnut vite presque avec effroi, quelle faim et quelle soif ardentes pouvaient s' accumuler, au cours des générations, sous les humbles toits de roseaux. Il vit comment la corvée et l 'oppression des corps, pesant durant des siècles, pouvaient tenir l 'esprit en sommeil, reposant comme un germe profondément enterré, jusqu 'au jour où la terre se gercait au-dessus de lui, par un miracle sans explication, le laissant jaillir comme une flamme qui cherche de quoi s' alimenter.
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Les paysans tombaient, avec eux tombaient les enfants, le bétail. Mais le village, lui, ne tombait pas. Le grain repoussait sur la jachère et la terre désertée; les hirondelles revenaient, les lilas fleurissaient sur les cercueils dispersés. D'orgueilleuses familles étaient fauchées et ne revenaient plus, mais les pauvres revenaient toujours. Ils étaient féconds comme la terre, et le vent charriait leur semence, comme il portait sur les espaces déserts les semences terrestres.
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L 'homme tenait entre ses lourdes mains les épaules de la femme, et son visage était tellement penché qu'il avait l'air d'épier le battement du coeur d'une mourante. Son corps était fatigué, mais on lisait dans l attitude des mains, l'inclinaison de la tête, le geste protecteur des épaules une expression de bonté consolatrice, si sûre si inexprimable, qu 'il faisait l'effet d'une maman et la femme celui d'un enfant se pelotonnant sur sa poitrine.
L ' homme était Jacob, et la femme était Marthe.
La ressemblance était si bouleversante que le coeur de Jons s' arrêta. .....

....Ce n ' étaient plus ces deux êtres qui s' étaient aimés, torturés, plus le mari et la femme qui avaient mis au monde ces deux fils.C'etait l homme de tous les pauvres villages de ce pays et de tous les pays, l 'homme courbé, résigné, déshérité, et c'était aussi la femme de tous ces villages, dépouillée des rêves de la jeunesse, égarée, et au coeur pétrifié. ....
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Il en fut des dernières épreuves de l 'examen comme Lawrenz et son geste de la main l 'avaient dit.Ce qui plongea Jons dans l 'étonnement et même lui donna un peu de honte fut de s' apercevoir que non
seulement la faculté le traitait avec bienveillance, mais encore qu ' indubitablement elle était fière de lui.Il était même arrivé à l'éminent chirurgien de frapper de son poing la table en disant
"Et dire qu 'un garçon comme cela veut aller s' enterrer dans un bled où il y a dix ans seulement les gens aboyaient encore!
- Si c'était le cas, monsieur le professeur avait répondu Jons, je pourrais du moins leur enseigner le langage humain".
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