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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Encore sous le charme de Ces montagnes à jamais, l'arrivée d'un nouveau Joe Wilkins (écrit des années avant, mais inédit en France) n'était pas pour me déplaire. Pas d'approche romanesque dans La montagne et les pères, mais un récit autobiographique sur une jeunesse au coeur du Montana.

« Nous ne devons jamais oublier comment étaient nos contrées de l'Ouest et ce qu'elles sont aujourd'hui. Et nous devons partager ces histoires-là, les vraies et les nouvelles ». Alors Wilkins les partage, déployant toutes les variations possibles de « Je me souviens… ».

On est ici à Melstone, dans le Big Dry, à l'est du Montana, une zone aride d'élevage au pied des Bull Mountains où grandit le jeune Joe Wilkins. Un père qui meurt d'un cancer lorsqu'il a 9 ans, une mère qui se démène pour élever son enfant, et c'est le grand-père qui devient la figure paternaliste pour le jeune Joe.

« Ton père est mort, ton grand-père est vieux et tu te dis que tu fais simplement ce qu'est censé faire un homme. Tu prends soin des champs, tu protèges le troupeau ».

De cette jeunesse rurale américaine, ressortent tous les incontournables du genre : la chasse, l'élevage, la bière au Sportsman bar… Et la nature, magnifiée sous les mots de Wilkins quand il décrit la senteur de l'armoise, les prairies aux touffes de tussack sec ou les buissons d'aronias aux baies si saines.

C'est un livre d'abord intime, pudique, intimiste. Presque trop pour que le lecteur y entre vraiment. On feuillette cet album des souvenirs de famille avec le sentiment d'être un peu voyeur, pas totalement emporté.

Et puis, Wilkins s'éloigne de son récit pour en venir à son sujet : la terre, la filiation, les pères, les racines et ce qui nous lie à un lieu. Là, l'émotion survient, l'intérêt reprend et le thème fait mouche.

Il dit ce rapport à la terre si particulier qu'ont les gens du Montana et ce sentiment d'échec face à cette spoliation lente mais inexorable qui ne dit pas son nom : celle directe des Indiens autrefois ou indirecte à coups de dollars des paysans aujourd'hui. Et déplore de n'avoir lui non plus rien pu y faire : « Il y a quinze ans, j'ai quitté le Big Dry (…) En fin de compte, je n'ai pas été à la hauteur de mon lieu de naissance. »

Un livre à deux vitesses donc, pudique, poétique et testimonial, dédié aux pères dont nous voulons croire que dans leurs vallées désormais apaisantes, ils nous regardent et nous veillent, plus qu'ils ne nous jugent.
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De retour dans le Montana

Avec La montagne et les pèresJoe Wilkins s'éloigne du nature writing pour nous offrir un roman d'apprentissage qui débouche sur des questions existentielles. Sur la justesse de nos choix, sur la force des racines, y compris dans une nature hostile.

À l'heure de raconter sa vie, Joe Wilkins se plonge dans ses souvenirs, essaie de démêler ce que tient du vécu et de la légende, d'une sensation ou du rêve. Mais ce dont il se souvient parfaitement, c'est de ce jour où il a dû grimper dans la voiture de son grand-père, serré contre son frère, à côté de sa soeur aînée pour aller jusqu'à l'hôpital accompagner son père dans la mort. Il se souvient de la famille en pleurs et des trop courtes années avec lesquelles il aura pu partager des souvenirs avec lui, notamment lorsqu'ils allaient chasser ensemble. Il se souvient aussi des escapades avec son frère dans ce coin de l'est du Montana, le Big Dry. La nature désertique y a fait fuir la plupart des habitants, la compagnie ferroviaire y a même récupéré rails et traverses pour ne laisser que la saignée de la voie ferrée. Mais c'est là, aux côtés du grand-père qu'il a grandi et qu'il a appris à survivre. Au sein d'une famille unie que se mère tenait à bout de bras: «ma mère est mère et père et Dieu, et ma soeur avec son maquillage et poster de Jon Bon Jovi en veste de cuir est une adolescente et mon frère aux yeux ensommeillés est un enfant, et je suis un enfant: blondinet et aimé, un garçon que tout émerveille et que tout désoriente, déjà trop grand pour mon jean d'occasion, avide de connaître ce jour nouveau.»
Le chapitre suivant, remontant le temps, va être consacré à sa mère, à son parcours, ses rêves d'évasion et à sa rencontre avec celui qui deviendra son père et ses différentes affectations qui les mèneront de Seattle jusqu'au Big Dry. Suivront une galerie de personnages qui ont croisé et formé le narrateur. de Keith Nelson, le voisin qui lui parlait comme un homme en lui offrant des montagnes de cheeseburgers, Pa Peters, le vieil homme qui connaît les meilleurs endroits pour pêcher, coach Drease qui va en faire son chouchou, l'oncle de Caroline du Nord Clifton Wilkins, le gros Donnie Laird qui a réparé le panneau de basket, la tante Edith Freeman qui lui a fait découvrir le restaurant chinois ou encore leur prof Frank Hollowell, sans oublier les histoires du grand-père.
Dans les trois parties suivantes, Joe Wilkins va procéder par cercles concentriques et élargir son horizon. Il se sociabilise et revient sur ses amis et connaissances, sur ses professeurs, sur les gens qui ont croisé sa route et lui ont permis de se construire et de prendre le large au sens propre comme au sens figuré.
Ce roman d'apprentissage autant que d'hommage à ses parents va le conduire jusqu'à la transcendance, jusqu'à ces questions existentielles comme celle sur la théodicée, c'est-à-dire «les interrogations et les explications, les luttes contre ce qu'il faut comprendre comme la justice divine, le fait qu'un Dieu bon et omniscient ait choisi ceci pour certains d'entre nous, et cela pour d'autres, qu'il ait dit: “Je vous donne la vie. À vous, je donne la vie. Et à vous, je donne la douleur.”» Oui, le nature writing réserve bien des surprises!


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Ce récit autobiographique, outre ses qualités littéraires, nous offre la vision de grandes plaines balayées par le vent, le parfum de l'oignon sauvage et de l'armoise ainsi que des ciels immenses emplis d'étoiles.
Plus encore que dans la fiction, on perçoit l'exotisme du western, le grand père au visage buriné par le soleil portant un large Stetson, les kilomètres de clôture et les cowboys qui rassemblent le bétail.
Joe Wilkins a grandi  dans cette région impitoyable et dure, au nord des Bull Mountains, dans l'est du Montana, une région touchée par la sécheresse appelée Big Dry, sur les terres gagnées à la sueur par son grand père.

A l'âge de neuf ans, il perd son père atteint d'un cancer mais grandit au sein d'une famille unie que sa mère tient à bout de bras: " Ma mère est mère et père et Dieu, et ma soeur avec son maquillage et poster de Jon Bon Jovi en veste de cuir est une adolescente et mon frère aux yeux ensommeillés est un enfant, et je suis un enfant: blondinet et aimé, un garçon que tout émerveille et que tout désoriente, déjà trop grand pour mon jean d'occasion, avide de connaître ce jour nouveau.»
Sa mère a fait des études et souhaite que ses trois enfants aillent à l'université et quittent cette région si austère et ce travail de la terre si pénible. le grand père, tout en se battant sans cesse pour son ranch, les encourage également à découvrir d'autres horizons.

Le narrateur /auteur éprouve des sentiments contradictoires  lorsqu'il se tourne vers son passé. Se percutent la nostalgie du paradis perdu de l'enfance et la réalité cruelle de la pauvreté, de l'exclusion et d'une solitude intérieure.
Dans des chapitres courts mais qui vont en s'etoffant, il alterne des anecdotes sur les bêtises de l'enfant puis de l'adolescent et sa quête de pères de substitution. La figure du grand père, à laquelle vont s'ajouter des pères épisodiques comme des professeurs, un entraîneur sportif, un ami du père mort, sert de point d'ancrage et ces substituts se montreront tous positifs dans l'évolution du jeune garçon.
L'horizon d'attente suggéré par le titre n'est pas démenti, même si l'on devine derrière l'évocation de ces figures au pluriel , la culpabilité d'un fils qui ne se souvient pas de son père singulier.

"J'ai passé toute ma vie dans ces plaines du Montana et j'ignore pourquoi, mais ça ne m'a jamais suffi. Je sais que je ne m'intègre pas très bien ici- je n'ai rien d'un cowboy et je ne souris pas très facilement aux filles-, mais c'est plus que ça. Dans les histoires que me racontent ma mère et mon grand père, dans les livres que je lis, il existe d'autres façons de vivre dans ce monde, d'autres mondes. "
Le sentiment de sa différence se montre également fondateur. En expliquant ses efforts pour s'intégrer, il souligne sa singularité mais évoque également les moments agréables de complicité et d'amitié. le souvenir des excès ( de vitesse, d'alcool, de provocations diverses) est souvent idéalisé puisqu'il signifie l'énergie de la jeunesse et la fougue de l'adolescence.

A la fois nature writing, récit autobiographique et hommage à sa famille, ce roman d'apprentissage  débouche sur des interrogations religieuses et existentielles :
" La theodicée , c'est ainsi que l'appellent les croyants : les interrogations et les explications, les luttes contre ce qu'il faut comprendre comme la justice divine, le fait qu'un Dieu bon et omniscient ait choisi ceci pour certains d'entre nous, et cela pour d'autres, qu' il ait dit :" Je vous donne la vie. A vous, je donne la vie. Et à vous, je donne la douleur.
Peut-on avoir confiance en un Dieu aussi capricieux et aussi malveillant ? Et qu'en est-il alors de nos pères et de nos mères, nos premiers dieux, les plus puissants ?"

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Ce récit totalement autobiographique nous plonge dans l'histoire de la famille de l'auteur qui évoque avec émotion sa jeunesse dans le Montana marquée par la mort de son père alors qu'il n'avait que neuf ans.
La famille (trois enfants en bas âge, la mère et un vieux grand-père) se retrouve à la tête d'une ferme d'élevage dans une zone très aride de l'est du Montana.
Joe Wilkins égrène ses souvenirs de petit garçon dans cet univers très rural et raconte son quotidien (les moutons, la chasse, la pêche, l'école, les pièges, etc.), il se souvient de belles rencontres, de la force de la nature et aborde le problème agricole de ces contrées un peu désertiques.
La force des nature writers américains réside dans leur capacité à transformer une histoire apparemment banale en récit étonnant et en ode à ces habitants et à cette fascinante nature, aussi hostile soit-elle.
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Montana, Big Dry. C'est la que grandi Joe, une enclave désertique à l'Ouest des États Unis. La vie est dure, la pauvreté rythme les journées de sa famille, surtout depuis que son père est mort d'un cancer quand il avait seulement six ans. C'est ainsi que démarre ce récit autobiographique, tellement dense et lent à la fois qu'on ne saurait par où commencer.
Ici l'auteur nous dresse le portrait de sa région, du mode de vie d'une cambrousse américaine peuplée de cow-boy mais aussi, des hommes qui ont fait vie, tous ceux qui ont un peu été comme un père, remplaçant le fantôme du sien, qu'il ne connaît pas vraiment.
L'écriture est belle, fluide et contemplative, proche du nature wrigting. le roman est peuplé de figures masculines fortes et émouvantes, vivant pour leurs terres et les traditions malgré le déclin des campagnes américaines. Joe Wilkins nous parle de l'importance de ses origines montaniennes , cette région qu'il adore mais dans laquelle il n'a jamais vraiment réussis à s'intégrer, qu'il finira par fuir.
Un livre qui nous fait voyager et nous montre une facette des Etats-Unis que l'on connaît mal. L'auteur nous offre une belle quête de soit-même et rend un bel hommage aux hommes du Big Dry.
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Je n'avais jamais lu Joe Wilkins, j'ai donc choisi de le découvrir avec ce roman autobiographique, La montagne et les pères. Un livre qui m'a attiré mais en même temps fait peur vu le sujet et la relation au père.

Joe Wilkins dans ce roman, égrène ses souvenirs. Il a perdu son père d'un cancer à l'âge de neuf ans et il va nous conter à sa manière comment il a grandit et évoluer jusqu'à devenir adulte. Ses souvenirs, il les a couché sur le papier pour ses lecteurs, ou peut-être pour lui-même car j'ai trouvé qu'il y a un côté très intime dans ce que nous raconte Joe Wilkins. C'est un peu comme s'il y avait une espèce de brouillard flottant autour de ses souvenirs. Cette sensation m'a tenu un peu à distance.

Après, forcément ce roman m'a touché, tout comme lui j'ai perdu mon père, ce fut donc une lecture qui m'a donné beaucoup d'émotion. Il y a un petit passage que je souhaite vous partager car il a résonné en moi tellement fort.

Et en un instant, je ne suis qu'une frêle embarcation à la dérive sur la rivière en crue et boueuse des années en dégel ; en un instant, je ne suis qu'un garçon orphelin de père, le coeur brisé dans les distances intérieures que façonne la solitude ; en un instant, je ne souhaite rien d'autre que de me lever et de revoir mon père. Nous partons sans jamais partir. Nous grandissons sans jamais grandir. Nous pleurons la perte, nous pleurons, nous pleurons.

Le roman se passe en majeure partie dans le Montana, on y découvre la vie rurale, c'est magnifiquement bien écrit. J'ai aimé l'attachement de Joe Wilkins à sa terre et à ses racines. La relation qu'il a avec son grand-père qui est devenu la figure paternelle est touchante.

C'est donc un roman qui est assez difficile pour moi de chroniquer, j'ai ressenti pas mal de chose pendant ma lecture mais tout en étant tenu un peu à distance, c'est assez particulier.
Lien : https://readlookhear.blog/20..
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La Montagne et les pères est constitué de courts récits autobiographiques retraçant l'enfance de l'auteur. Tout commence alors que Joe Wilkins, âgé de 9 ans, voit mourir son père d'un cancer.
Puis l'auteur restitue l'ambiance du Montana à l'époque de sa jeunesse, la rudesse du climat et des relations humaines parfois, la beauté des paysages. Ses souvenirs apparaissent comme des instantanés, des tranches de sa vie et de celle des siens. L'auteur se livre également à de très beaux portraits de ses proches, sa mère ou son grand-père paternel notamment. Sa mère qui a tout quitté pour suivre son mari assoiffé de grands espaces. Son grand-père, vieux cow-boy du Big Dry, lui a servi de père de substitution et l'a "libéré" en lui offrant un bel avenir.
L'écriture poétique de Joe Wilkins rend un vibrant hommage à ses proches et évoque avec émotion le chagrin et la quête d'identité d'un garçon au père trop tôt disparu.
Un très beau moment de lecture !
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Ce roman m'a été offert pour Noël et c'était un très bon choix !
Une superbe lecture à l'image des paysages du Montana, entre armoises et aronias. Comme souvent chez Gallmeister, on se retrouve plongé au coeur des grands espaces, immergés dans la société américaine des petites villes rurales.
Joe Wilkins nous partage ses souvenirs d'enfance emprunts de nostalgie. Il y parle de son attachement à la terre, sa terre, celle du Montana. Il y parle aussi de la filiation familiale et de tous ceux qui auront joué un rôle dans son enfance, sa jeunesse.
Parfois quelques longueurs mais la plume de Joe Wilkins est si poétique et si liée à la terre que le texte garde tout son pouvoir sur le lecteur. Je l'ai lu presque d'une traite !
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