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Citations sur Mémoires d'un vieux crocodile (4)

J'étais invité à tenir un symposium avec les étudiants en art dramatique de Yale. Cette grandiose réunion avait été organisée par le génial directeur du Département des arts dramatiques de l'université. J'entrai donc, par une porte marquée «sortie», dans un auditorium considérablement plus petit que le Shubert, mais contenant une proportion encore plus faible d'auditeurs. Je dirai qu'ils étaient une cinquantaine, sans compter un gros chien noir qui se tenait au premier étage sur les genoux d'un étudiant.
Pour ma part, je disposai d'une chaise pliante posée derrière une table pliante, sur laquelle se trouvait un gobelet rempli d'un liquide qui semblait être de l'eau et qui, je le découvris rapidement, en était effectivement.
Lorsque j'entrai par cette porte marquée «sortie», tous ces jeunes visages devant moi restèrent uniformément vides de toute réaction émotionnelle. En fait, la seule figure qui me parût refléter un réel intérêt était celle du chien.
Je ne suis pas très doué pour déguiser mes sentiments et, après quelques instants, j'abandonnai toute prétention à dissimuler le découragement que je ressentais. Je parlai. Je me mis à faire toutes les vieilles plaisanteries usées qui me venaient à l'esprit, comme un pauvre bougre désespéré, au cantonnement, au cours d'une guerre perdue d'avance. Je me surpris à me tasser de plus en plus sur ma chaise pliante et cette posture effondrée que soulignaient des accès d'étouffement, d'éternuements ou de toux, encouragea certains membres à se lever pour quitter la salle, ce qui n'éveilla pas vraiment en moi le sentiment d'une providence favorable.

Avant-propos
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À la fin de l'automne 1939, pendant une période de claustration dans la mansarde de la résidence familiale, dans un faubourg de Saint-Louis, je reçus un câble de Miss Luise M. Sillcox, la secrétaire de la Guilde des auteurs dramatiques de l'époque, ainsi qu'un coup de téléphone d'Audrey Wood m'informant que j'étais le bénéficiaire d'un prix de mille dollars. Sur quoi ces deux dames me pressèrent de prendre le premier autocar pour la grande ville de New York où les jeux se jouaient à l'époque, et où ils se jouent probablement encore aujourd'hui.
Lorsque cette nouvelle arriva, ce fut ma mère, Mrs Edwina (Cornelius C.) Williams qui la reçut. Elle s'évanouit presque. Je crois que c'est la première fois que je la vis en larmes et c'est une image très impressionnante qui me touche encore profondément, cette image et son cri :
- Oh, Tom, je suis si heureuse !
J'étais au moins aussi heureux qu'elle mais, pour une raison obscure,le bonheur ne m'a jamais fait pleurer, pas plus que le malheur, d'ailleurs. Je ne pleure qu'en voyant des films d'amour, généralement très mauvais.

Chapitre 1
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Comme toujours, ce sont les critiques TV qui tombèrent en premier et, comme toujours, elles étaient peu flatteuses. Je piquai ma crise d'hystérie habituelle des soirs de première. Je me souviens d'avoir dit :
- Si le théâtre n'a pas besoin de moi, eh bien moi non plus, je n'ai pas besoin de lui ! et d'autres affirmations aussi excessives, dictées par mon ego aux abois.
Puis, on nous apporta les critiques du Times et du Tribune, et elles étaient dithyrambiques.

Chapitre 9
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C'est alors que je fus bloqué dans ma tentative d'évasion par un immense jeune homme en uniforme d'infirmier. Il était blond, je m'en souviens, avec une figure musclée et moqueuse. Je lui glissai entre les mains et entrai dans la cabine de l'ascenseur, mais il empêcha les portes de se refermer.
J'étais fou de rage. Je vociférais des invectives, je retournais en courant vers la pièce, où ma mère demandait des sels à une infirmière. Jésus ! Je tournai vers elle l'éclair de ma foudre vengeresse :
- Pourquoi les femmes mettent-elles des enfants au monde pour les détruire ensuite ?
(Je suis encore d'avis que c'est une assez bonne question.)

Chapitre 10
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