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EAN : 9782264021830
307 pages
10-18 (30/11/1995)
4.07/5   123 notes
Résumé :
Saint-Louis, au sud des États-Unis. Tom, le narrateur, évoque les années passées entre sa mère et sa sœur Laura, unis autour de l'image du père qui les a abandonnés. Il gagne péniblement sa vie, accroché à ses rêves de départ et d'aventures. Laura souffre d'une infirmité et son isolement n'a fait que croître jusqu'à ce qu'elle devienne " comme une pièce de sa collection d'animaux de verre, trop fragile pour quitter ses étagères ". Jusqu'à l'arrivée de Jim, un ami d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Je suis sortie de la lecture de "La ménagerie de verre" dans un état d'esprit assez positif mais je suis devenue un peu plus tiède les jours passant. Peut-être est-ce dû au fait que j'avais été très impressionnée par certaines de ses pièces les plus célèbres lorsque j'étais jeune et que celle-ci ne me paraît pas dégager tout à fait autant de force ; peut-être aussi qu'avec l'âge, le théâtre de Tennessee Williams me convient moins bien.

On croit souvent à tort, me semble-t-il, que "La ménagerie de verre" est la première pièce de Tennessee Williams. Ce n'est pas le cas. Je n'ai pas fait le compte exact, mais ça doit être quelque chose comme la huitième ou la neuvième. En revanche, c'est bien sa première pièce à succès, et c'est probablement celle qui est la plus ouvertement autobiographique. Elle est centrée sur un seul lieu (un appartement) et trois personnages : Tom, Laura, et leur mère Amanda. Tom travaille dans une fabrique de chaussures, mais ne supporte pas l'univers étriqué dans lequel il vit, rêve de voyages et écrit des poèmes. Laura, sa soeur, souffre d'un boitement et, surtout, d'une timidité maladive qui la rend inapte à toute vie sociale. Contrairement à son frère, elle semble s'être résignée à son sort et ne vit guère que pour sa collection de petits animaux en verre (d'où le le titre de la pièce). Amanda, que son mari a quitté il y a déjà bien des années, est sans cesse inquiète pour son avenir et celui de Laura. Elle a pour obsession de lui trouver des prétendants et de la marier - ce qui paraît un projet vraiment très optimiste, vu les circonstances. Elle passe beaucoup de temps à ressasser le passé et à titiller ses enfants, et si les trois personnages, vivant constamment ensemble dans un petit appartement de Saint Louis, sont très proches les uns des autres, leurs relations sont difficiles. Va survenir un quatrième personnage, Jim, collègue de Tom, qu'il a connu, ainsi que Laura, à l'école. Il est invité pour un dîner à l'appartement familial. Amanda voit naturellement en lui le prétendant tant attendu. Or, il se trouve que Laura garde un souvenir de lui qui relève du fantasme amoureux. le revoir va réveiller en elle des émotions particulièrement fortes.

D'une part, c'est une pièce que j'ai trouvée touchante parce qu'elle est construite autour de Laura, si fragile, si différente des autres, et qui ne peut pas répondre à ce que la société attend d'elle. Son personnage reste pourtant presque en marge et n'est pleinement développé que dans la septième et dernière scène. Amanda et Tom, qui m'ont semblé moins intéressants, occupent le devant de la scène le reste du temps, c'est-à-dire pendant une grande partie de la pièce, ce qui m'a quelque peu donné l'impression d'une très longue scène d'exposition. Mais j'ai eu d'autre part la sensation que le côté autobiographique de la pièce était à la fois revendiqué et pas toujours forcément bien assumé. Difficile de ne pas reconnaître la famille de Tennessee Williams - à condition, bien sûr, de connaître un peu sa biographie - dans les trois personnages principaux, d'autant que si les prénoms de Laura et Amanda sont fictifs, le prénom Thomas est bien celui de l'auteur, et que Laura est surnommée Rose Bleue (or le prénom de la soeur de Tennessee Williams était Rose). le tragique de la véritable histoire familiale a été très atténué : Rose, atteinte d'une maladie mentale, a été lobotomisée sur décision de ses parents. Dans "La ménagerie de verre", Amanda, si elle se montre carrément pénible avec ses enfants, n'est pas un personnage complètement nocif et négatif. Et le destin de Laura reste ouvert, même si l'on imagine qu'il n'y a guère de possibilité d'un avenir lumineux pour elle - elle semble d'ailleurs, en donnant sa licorne en verre à Jim, renoncer désormais à tout espoir. La violence qui deviendra l'une des caractéristiques du théâtre de Tennessee Williams est certes présente, mais très contenue. Peut-être trop contenue. Quant au symbole de la petite licorne en verre dont la corne va être brisée, il fonctionne à deux niveaux : l'allusion très directe à la lobotomie de Rose - qui ne peut être comprise, là encore, que si l'on a connaissance de la biographie de Tennessee Williams - masque presque totalement, au moins dans un premier temps, d'autres interprétations possibles, que je trouve plus intéressantes.

Un mot sur les didascalies et la construction de la pièce. On trouve de longues et nombreuses didascalies dans "La ménagerie de verre", qui donnent beaucoup d'indications sur l'interprétation de la pièce, son aspect symbolique, la psychologie des personnages et la scénographie. Tennessee Williams, dans sa volonté de mettre en scène un drame qui est déroulé dans la mémoire d'un de ses personnages et passé au crible de cette même mémoire, a donc imaginé des rideaux servant de filtres, ainsi qu'introduit l'utilisation d'images et d'intertitres à projeter sur écran. Il a créé Tom, personnage qui possède aussi la fonction de narrateur et s'adresse directement au public. Il y a là, et notamment dans ce qui concerne les images et intertitres, un aspect novateur, qui m'a pourtant paru redondant et un peu artificiel, voire lourd. Je trouve aussi que Tennessee Williams donne un peu trop de détails dans ses didascalies, ce qui peut entraver, me semble-t-il, la créativité d'un metteur en scène.

Une jolie pièce, donc, malgré les quelques réserves que j'ai pu émettre ici, notamment l'aspect autobiographique dont l'auteur a du mal à se dégager.


Challenge Théâtre 2017-2018
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Nous sommes à Saint-Louis, aux Etats-Unis, dans les années 1930. Amanda vit seule avec ses deux enfants, Laura et Tom , et ses souvenirs. du père de famille, il ne reste qu'un portrait accroché au mur du salon, et beaucoup de rancune dans les coeurs de chacun. Pour ne pas sombrer, Amanda ne manque pas une occasion de leur raconter son âge d'or, cette époque où elle était courtisée par tant d'hommes, avec un tel acharnement qu'on se demande si ces souvenirs ne sont pas moins issus de son passé que de ses rêves.

Mais son regard se porte aussi vers l'avenir quand il s'agit de ses deux enfants : de l'avenir professionnel de son fils qu'elle veut voir évoluer dans l'entrepôt dans lequel il travaille, de l'avenir sentimental de sa fille handicapée, terrifiée par tout ce qui excède le champ de sa ménagerie peuplée d'animaux de verre.

Pour elle, ses enfants sont tout. Voir son fils s'éloigner est un crève-coeur. Pour lui, c'est une question de survie, il a besoin de fuir, de partir pour respirer loin de cette mère qui l'étouffe et qui veut l'empêcher d'être ce qu'il veut. Son manque d'air est contagieux, l'atmosphère lourde nous gagne et parvient à nous étouffer, peu à peu, nous aussi. Nous commençons à manquer d'air dans ce huis clos plein à rabord de l'hystérie maternelle, de tensions sourdes, d'envies constantes de provocations de la part de Tom envers sa mère, de leur volonté de secouer cette jeune fille qui ne vit que pour ses figurines de verre.

Lorsque Jim ,un camarade de travail de Tom dont Laura était amoureuse dans ses jeunes années, vient briser le glacis de cette ménagerie, c'est comme un soulagement, une libération pour tous. Une impression fugace et terrifiante de bonheur et d'espoir.

C'est Tom qui mène le bal de la narration, en nous contant l'histoire qui se joue et va se jouer devant nos yeux. On comprend rapidement qu'il est l'alter ego de papier de l'auteur. Une des plus belles pièces de Tenesse Williams au même niveau sans doute qu'un tramway nommé désir ou la chatte sur un toit brulant, pourtant plus connues..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est la première pièce de Tennessee Williams qui eu du succès, il avait 33 ans. On sait que c'est l'histoire transposée de sa propre famille. Il en a éliminé le père qu'il déteste et qui dans la pièce a abandonné sa famille et son jeune frère pour ne garder que sa mère Amanda et sa soeur Laura sous ces nouveaux prénoms et lui même Tom.
C'est pour moi un histoire d'enfermements. Celui de sa mère dans son passé de jeune fille très courtisée qu'elle voudrait faire maintenant tenir à sa fille. Celui de sa soeur dans son handicap qui lui paraît à elle même la définir tout entière et l'empêche d'avoir des relations avec les autres, la réduisant à la compagnie de ses figurines de verre. Et le sien, condamné par la pauvreté de sa famille à travailler dans une usine de chaussures, alors qu'il écrit et rêve d'aventures.
Enfermement auquel on ne peut échapper que par la fuite.

Tom est aussi le narrateur, le décor est basé sur la lumière et des rideaux, un écran affiche régulièrement sentences et images. Tout cela pour signifier que ce que l'on voit sur scène ce sont les souvenirs de Tom.

J'ai aimé cette pièce qui m'a parlé, je n'irais pas jusqu'à dire qu'elle m'a éblouie mais j'en lirai d'autres.


Challenge théâtre 2017-2018
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Une pièce de théâtre sur les souvenirs, la maladie, l'amour, la famille la nostalgie d'un passé dont on ne parvient pas à s'extraire car il comble les failles d'un morne présent.

Tennessee Williams s'est inspirée de sa vie, et de sa pauvre soeur malade pour écrire cette pièce, belle et pleine de désespoir à la fois.
Les personnages de la mère et de la soeur m'ont marqué longtemps après avoir lu cette pièce. Cette mère, ancienne "Southern belle", qui vit de son ancienne gloire et de son succès auprès des hommes pour ne pas voir le fiasco qu'est devenue sa vie. Alors elle se met en scène, se réinvente une vie. On est bien loin de la Scarlett O'Hara d'Autant en Emporte le Vent !!

L'auteur parle de la fragilité des êtres comme aucun autre, avec une délicatesse qui interpelle. C'est ce qui m'a fait lire plusieurs autres de ses pièces de théâtres.
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J'adore le théâtre de Tennessee Williams et « La ménagerie de verre » est bien dans la lignée de son oeuvre qui peint des personnages en proies aux frustrations et aux excès de la société américaine.
Tennessee Williams est un écrivain célèbre parce qu'il a souvent été adapté au cinéma, comme l'exceptionnel « Un tramway nommé Désir » en 1948 ou encore « La Chatte sur un toit brûlant » en 1955. Mais aller au théâtre voir une de ses pièces est vraiment passionnant.
C'est ce que j'ai fait en allant voir « La ménagerie de verre » dans une mise en scène de Daniel Jeanneteau.
J'en ai profité pour lire le texte avant et c'est d'autant plus intéressant qu'il y a beaucoup de didascalies.
La pièce se déroule dans un modeste appartement de Saint-Louis, dans le Missouri. Amanda Wingfield, hantée par sa jeunesse dorée perdue, y vit difficilement avec ses deux enfants adultes, Tom et Laura, qu'elle harcèle pour faire leur bonheur. Car elle veut réparer les manques affectifs et financiers de la famille liés à l'abandon du père. Elle va donc organiser un dîner auquel elle convie un galant, ami de Tom, pour le présenter à sa fille marquée par une timidité maladive et un léger handicap. Mais Laura ne sera pas libérée de son triste destin.
L'originalité de la pièce vient du fait que c'est Tom, le frère poète qui travaille à l'usine de chaussures, qui est le narrateur tout en étant acteur de l'histoire. Et c'est un portrait vraiment bouleversant d'une famille à la dérive.

À travers les trois personnages, dans un mélange de réalisme et de rêve, dans le désastre ou la fantaisie, Tennessee Williams mène une remarquable analyse de la solitude, qui fut la constante de sa vie. Elle est symbolisée ici par la collection de Laura, de petits animaux en verre, une « Ménagerie de verre » comme la nomme sa mère, qui l'isole par sa fragilité.

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
JIM : Mais enfin, bon Dieu, Laura ! regardez autour de vous. Que voyez-vous ? Une foule de gens ordinaires ! Ils naissent et, un jour, ils mourront. Montrez-m'en un qui possède le dixième de vos qualités ! Ou des miennes ! Ou même de la majorité d'entre-eux, car enfin, tout le monde a un don pour quelque chose, et certains ont même plusieurs dons. Il suffit de les découvrir. Tenez, moi, par exemple. Il se trouve que je m'intéresse à l'électrodynamique. [...] Et vous ? N'y a-t-il rien qui vous intéresse plus que tout ?
LAURA : Eh bien, j'ai... comme je vous l'ai dit... j'ai ma... collection de verre.
JIM : Je ne suis de bien vous comprendre. De quelle sorte de collection parlez-vous ? De quoi s'agit-il ?
LAURA : De petits objets, de bibelots décoratifs pour le principal. Ce sont pour la plupart de petits animaux en verre, les plus petits animaux en verre du monde. Maman appelle ça ma " ménagerie de verre ".

Scène 7.
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LAURA. — Je ne devrais pas montrer de préférence, mais c'est lui que j'aime le plus.
JIM. — Et qu'est-ce que ça représente ?
LAURA. — Vous n'avez pas remarqué la corne qu'il porte au front ?
JIM. — Ah, une licorne ?
LAURA. — Mmm-hmmm !
JIM. — Les licornes... c'est une race qui n'existe plus dans le monde moderne, non ?
LAURA. — Je sais !
JIM. — Pauvre petit gars, il doit se sentir un peu seul, non ?
LAURA. — (en souriant) Ma foi, s'il se sent seul, il ne s'en plaint pas. Il reste sur une étagère avec d'autres chevaux qui, eux, n'ont pas de corne, et ils ont tous l'air de s'entendre très bien.
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AMANDA. — Tu es le seul jeune homme que je connaisse qui refuse de voir que le futur devient le présent, le présent le passé, et le passé l'objet de regrets éternels si on n'a pas su le prévoir !
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TOM.
Je sors fumer.

AMANDA.
Tu fumes trop. Un paquet par jour à quinze cents le paquet, ça ferait combien par mois ? Trente fois quinze, ça fait combien, Tom ? Calcule et tu seras stupéfait de voir ce que tu pourrais économiser. Assez pour te payer des cours du soir de comptabilité à l’Université de
Washington ! Imagine comme ce serait formidable pour toi, mon fils !

Cette pensée lisse Tom indifférent.

TOM.
Je préfère fumer.
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JIM : L'amour est incroyablement puissant. L'amour est capable de changer le monde, Laura. [...] Je voudrais tant que... que vous disiez quelque chose.

Scène 7.
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