J'avais douze ans lorsque dieu a parlé à mon père pour la première fois.
La pluie qui menaçait sans cesse ne tombait jamais, elle se retenait en d’énormes continents pales de nuages, lentes formes mouvantes qui se fondaient les unes dans les autres au-dessus de ma tète pendant mes siestes, confluaient au fil de l’après-midi au point que le ciel n'était plus qu'une immensité blanche trouée par des pépites de bleu aussi hautes et inaccessibles que le paradis même.
La fraicheur de la brise annonçait le mois suivant, le frisson de septembre.
Le défi, l'audace, le danger faisaient sens, ils balayaient les méandres de ses hésitations et de ses doutes.
Isabel, Isabel. Il répétait son nom à haute voix pour que la bourrasque l'emporte dans les airs et le promène tantôt devant lui, tantôt derrière.
Le ciel, tel un verre qui explose à la chaleur, laissait chaque jour tomber ses cristaux, éclats obliques d'un hiver qui s’éternisait.
Les pubs fumaient, et les foules qui s'y tenaient chaud formaient une confrérie de misère, qui se répandait en griefs bruyants.
Dans ces salles isolées par la pluie, le vent parlait plus fort que l'étude.
Je courus à toute vitesse sous les voûtes qui pleuraient leurs feuilles ; je caracolais à travers le royaume renversé de l'été banni, en donnant des coups de pied aux mottes de terre sur mon chemin; une fois de plus mon rêve puéril m'enivrait.
Cette fois pourtant, ce n’était pas sa liberté qu’elle cherchait; tandis qu’elle s’engageait dans les rues commerçantes de la ville, qu’elle se perdait dans la claire effervescence de la foule pascale, elle s’enfermait toute retraite coupée dans la prison de son histoire d’amour.