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4,07

sur 391 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quelle magistrale trajectoire, tellement humaine, tellement juste, que celle de William Stoner, fils de paysans du Missouri, accepté à intégrer les cours d'agronomie nouvellement créés à l'université de Columbia, qui finira par délaisser l'idée de reprise de la ferme familiale pour suivre des études de lettres afin de devenir professeur.

Humaine et juste parce qu'elle reflète, à la perfection, les doutes, questionnements, déviations de trajectoires, que l'on peut connaître à un carrefour de son existence. Pour Stoner, ce sera la rencontre avec la littérature, son mariage inattendu avec Edith, riche héritière, la naissance de leur fille, Grace, et enfin, une épiphanie à l'aune de la quarantaine, même si pas celle à laquelle Stoner, et le lecteur lui-même, s'attendent.

Humaine et juste, aussi, parce que la plume de John Williams est particulièrement précise pour décrire toutes les réflexions, tous les états d'âme de ses personnages, Stoner en tête, au même titre qu'il décrit, tout aussi précisément, les arcanes du système universitaire américain au début du XXème siècle, dans ses favoritismes et ses échanges de bons procédés entre pairs.

Un grand écart avec Butcher's Crossing quant aux thèmes, mais Stoner est un roman qui, lui aussi, m'aura profondément marquée. Peut-être même plus parce que je l'ai lu, cette fois, en version originale, et que j'ai pu vraiment prendre conscience de la langue ciselée que manie avec brio l'auteur.

J'ai désormais, sans surprise, envie de découvrir ses autres romans, et plus encore ses recueils de poésie.
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La littérature américaine à la différence de la notre est la plupart du temps porté par des prof de littératures qui dans un même roman nous font sentir tout le poids de l'histoire de la littérature américaine et souvent même européenne. Dans un livre on a 100 livres. C'est le cas de ce chef d'oeuvre, qui est pour moi l'épicentre de cette litterature.
Pourtant, on peut ne pas aimer ce roman, d'une effroyable tristesse.
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Eloge de la discrétion, de l'humilité et de la bonté, Stoner est un roman qui m'a touché en plein coeur et me tient encore chaud aujourd'hui. John Williams nous fait découvrir et aimer un homme ordinaire qui a le courage de quitter le milieu rural où il a grandi et sa zone de confort pour vivre sa passion des livres et la transmettre à ses élèves.

Stoner est à la fois un homme comme tout le monde et un héros de l'ombre, un de ceux à qui on n'adresse pas spontanément la parole pour cause de trop peu d'importance. Un héros, parce-qu'enseigner c'est se jeter dans l'arène et accepter qu'on ne maitrise jamais tout, même si on maitrise ses matières. Aussi sa passion pour la littérature l'élèvera autant que l'amour le fracassera.

Stoner mérite bien plus que ces quelques lignes. C'est un de mes romans préférés et paradoxalement un de ceux dont j'ai le plus de mal à parler. C'est une babeliote, que je salue au passage, qui m'a soufflé un début d'explication. Stoner est un roman dont le plaisir réside dans l'intime. Et l'intime ne se raconte pas…

John Williams est un tisseur d'histoires hors norme et son écriture sublime (voir aussi « Butcher's crossing ») nous révèle constamment la beauté de petites choses insignifiantes.

Anna Gevalda a ressorti ce bouquin des limbes de l'édition (il fut édité en 1965 sans réel succès) et en a assuré la très belle traduction française.

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Qui se souviendra de William Stoner? Selon le narrateur: pas grand monde. Certainement aucun des étudiants. Aucun professeur de l'Université de Columbia, Missouri, où pourtant il passa la plus grande partie de sa vie. Même le lecteur du livre de Catherine Driscoll dédicacé à W.S. n'arrivera pas à décrypter cette référence.

Alors pourquoi lire la biographie de ce sombre universitaire qui n'aura jamais dépassé le grade de maître de conférence? Oui bien sûr William Stoner, après un mariage raté, aura eu son histoire d'amour ("comme beaucoup d'autres" n'hésite pas à souligner le narrateur). Mais tout ceci est bien banal, me direz-vous.

Alors la question se pose à nouveau: pourquoi lire ce roman? La réponse est simple: parce qu'il s'agit d'un chef-d'oeuvre. Votre coeur battra comme le mien a battu lorsque Stoner réussira ses études, obtiendra son doctorat, sera nommé à l'université, luttera pour des questions de principes au sein de l'administration académique, tombera amoureux de Catherine Driscoll et que ces deux tourtereaux timides auront tant de peine à déclarer leur flamme... Oui, vous aurez tellement d'occasions de vous émouvoir que vous n'aurez pas le temps de sentir le temps passer et que comme moi vous aurez la larme à l'oeil à la mort de cet anti-héros, si proche et si lointain à la fois.

John Williams utilise une langue précise, très claire, et sait parfaitement comment il faut faire pour que la tension monte que l'intrigue se lie et pour que le lecteur se passionne, même pour un être aussi gris, aussi pâle que William Stoner.
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Livre qui m'a captivé dès les 1ères lignes et m'a tenu en haleine jusqu'au bout... alors qu'il ne raconte que l'histoire d'un prof de littérature anglaise médiévale dans la 1ère moitié du 20ème siècle à Columbia!

Nombre de commentaires flatteurs sur ce site fait simplement écho à ce qui nous lie tous, à savoir l'amour de la littérature. Cet amour auquel Stoner s'est voué, au détriment sans doute d'une partie de sa vie privée.

Il s'agit d'un livre écrit simplement mais avec une formidable maestria et une dimension émotionnelle que l'on ne rencontre pas souvent. Cela en fait un vrai coup de coeur pour moi.

L'auteur érige les livres en rempart contre les aspects sombres de la vie, ce à quoi nous croyons tous bien évidemment : l'histoire évasion ou un voyage abstrait bien souvent salvateur.
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Une écriture sans gras où chaque mot est pesé. Un personnage principal simple, droit, terriblement humain, surmontant stoïquement les vicissitudes d'une vie difficile avec un détachement qui interpelle. Et puis aussi, une place exceptionnelle faite à la littérature. L'auteur réussit la gageure de rendre la vie triste d'un anti-héros passionnante et émouvante. Un homme dont on se sent proche et dont la philosophie de vie suscite la réflexion. Un coup de coeur pour cet écrivain classique américain que je ne connaissais pas.
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Stoner est un roman particulièrement touchant. C'est l'histoire d'une vie simple avec ses joies, ses échecs, ses rebonds. Stoner est fils d'agriculteurs, mais ne reprendra pas l'exploitation familiale. C'est de littérature qu'il est épris et vouera sa carrière à l'enseignement. Professeur engagé, il a le souci de transmettre. A côté de cela sa vie s'écoule tranquillement sans laisser trop de place à l'homme dans ses aspirations profondes. Personnage très touchant !
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« Il avait quarante-deux ans. Il n'y avait rien devant qui le motivât encore et si peu derrière dont il aimait se souvenir… » Voilà notre homme…je vous présente William Stoner…une vie triste, grise, solitaire, ponctuées d'illusions perdues, ça ne donne pas franchement envie n'est-ce pas ? Pourtant, voilà un chef d'oeuvre. Cinq étoiles, un vrai cinq étoiles.

Je me suis prise de passion pour ce William Stoner, cet homme ordinaire, stoïque, au physique un peu disgracieux, «voûté dès son plus jeune âge», supportant, toute sa vie durant, des échecs et surtout de multiples humiliations. Comment peut-on dévorer un livre, le déguster, l'aimer, alors que ce livre relate la vie confinée d'une sorte d'anti-héros ? Comment peut-on finir le livre, être émue au point de se murmurer « merveille…» ?
Sans aucun doute l'écriture feutrée, délicate et ciselée de l'auteur y est pour quelque chose, sans parler de la traduction d'Anna Gavalda qui a réussi à rendre compte du génie de John Williams. La présence d'éclats lumineux traversant la vie de Stoner nous font également soupirer d'aise, comme autant de notes d'espoirs et d'étoiles saupoudrées, venant illuminer le roman. Enfin et surtout William Stoner est proche de nous, il parle de façon intime à notre façon de faire face à nos propres illusions perdues. Il est profondément humain au point de ne plus être un personnage fictif.

L'histoire se déroule au début du XXè siècle. Stoner vient d'une famille paysanne du Missouri. Alors que son destin de fermier semble tout tracé, son père, contre toute attente, le pousse à tenter l'université de Columbia pour, au départ, des études courtes d'agronomie permettant de l'aider à produire davantage. A la suite d'un cours de littérature anglaise, où il comprend que « le poème de Milton qu'il lisait – ou l'essai de Bacon, ou encore la pièce de Ben Jonson – changeaient l'humanité qu'ils avaient prise pour sujet et la changeaient pour la seule raison qu'ils en étaient dépendants », il décide de changer de cursus et deviendra professeur de Littérature anglaise. Il ne quittera jamais le campus, se liera d'amitié avec deux collègues. Et tombera amoureux d'Edith avec laquelle il se mariera vite et aura une fille, Grace. Témoin lointain des soubresauts de l'histoire (les deux guerres mondiales, la crise de 1929), son mariage sera un fiasco, sa vie conjugale se révélera être très vite âpre et amère, son rôle de père sera entravé et gâché, son métier, dans lequel il va se révéler peu à peu, sera ponctué d'embuches et de frustrations. Il devra renoncer à son véritable amour, découvert tardivement à l'âge de 43 ans. Une suite d'illusions perdues pour cet homme plongé dans un milieu où les contraintes sociales étouffent toute velléité de bonheur.

Cet homme m'a tant touchée. S'il semble hésitant, peu engageant de prime abord, indifférent au monde qui l'entoure, passif, il s'avère être de plus en plus calme et rassurant. Il saura prendre des décisions radicales et courageuses même si ces décisions auront pour conséquences de l'isoler davantage. Étonnamment, il se révèle également être un grand amoureux. Amoureux de la littérature, du savoir, amoureux de sa fille et amoureux de Katherine. Un amoureux aux multiples facettes, la passion, la flamme, la foi seront toujours présents, intenses et inébranlables. Oui, quelle tendresse et quelle proximité j'ai eu pour cet homme studieux, pour ne pas dire besogneux, stoïque, sensible et habité par une passion inébranlable des livres ! « Il n'avait jamais perdu de vue le gouffre qui séparait son amour de la littérature de ce qu'il était capable d'en témoigner. »

La poésie, présente tout au long du livre, souvent pour capturer la beauté des paysages, est au sommet de son art quand Stoner observe la femme qu'il aura aimé profondément, Katherine : « Ses yeux, qu'il avait vus brun sombre ou noirs étaient en réalité d'un violet très profond. Leur éclat s'irisait lorsqu'ils accrochaient le faible halo de la lampe et comme ils changeaient sans cesse de nuance selon l'angle sous lequel il les regardait, même fixes ils vivaient encore. Quant à son teint qui, de loin, semblait si pâle, il cachait sous son masque d'albâtre une carnation d'un rose intense et délicat. On avait l'impression qu'un rai de lumière traversait un verre dépoli. Et comme c'était toujours le cas avec ces peaux si fines, la maîtrise, le calme et la réserve qui, avait-il cru, trahissaient sa nature profonde masquaient en réalité une gaieté et une ardeur dont l'intensité était d'autant plus vive qu'elle était ainsi tenue secrète. »

Une lecture indispensable à tous les amoureux des livres. La soif de savoir et de lecture y est flamboyante ; elle ne connait ni loi, ni âge, ni limite et sera la seule passion qui ne trahira pas Stoner même dans les pires moments de sa vie. Les livres, ces compagnons salvateurs. Ce sera d'ailleurs le dernier geste de tendresse qu'il aura juste avant de mourir : celui de prendre et de caresser un livre…

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Il y a autour du personnage de Stoner comme un voile de mystère. Stoner, d'origine modeste, devient professeur de lettres d'une université du Missouri, dans la première moitié du XXe siècle.
On suit le personnage tout le long du livre, tout le long de sa vie déroulée comme un parchemin. Ses relations sociales agissent comme des révélateurs de ce qu'il est. Stoner mène sa vie universitaire avec un mélange indécidable de résignation et de fierté... et c'est très cruel. Il se bat (ou dédaigne de se battre par orgueil) pour un poste dont il ressent par ailleurs la vacuité. J'apprécie ce pessimisme lucide, à la fois emprunt d'un certain idéalisme : on fait au mieux avec ce que l'on a, on agit au mieux là où l'on est... parfois rêver de chimères (Publier un livre? Accéder à un poste convoité? La reconnaissance universitaire?), mais les coups tordus du sort ne cessent de s'abattre. Stoner poursuit pourtant une "belle carrière"... mais à quoi mène t-elle? À un banquet de "fin de carrière", justement, suite auquel chacun s'empressera de l'oublier? Et sa vie, à quoi se "résume" t-elle, finalement? (car le livre agit précisément comme s'il était possible de "résumer" une vie.) À une vie conjugale calamiteuse? À un(e) enfant peut-être?... Je n'en dis pas trop. Il en ressort une lucidité amère, un pragmatisme désenchanté. le grandiose, s'il existe, reste d'abord confiné aux livres qu'il dévore, aux concepts qu'il chérie et renferme dans ses cours poussiéreux. La vie concrète refuse à se laisser transcender. de sorte que le livre devient lui-même bouleversant, en montrant ce "grandiose" toujours sur le fil, toujours comme un rêve éveillé, une parenthèse, avec toujours, les rappels implacables du réel et de ses coups bas... À l'exception, peut-être, d'une escapade amoureuse, dont le livre nous rappellera bien pourtant qu'elle n'a qu'un temps. Ici encore j'essaie de ne pas trop en dire. C'est cruel et frustrant. Qui est Stoner? C'est l'homme "lambda" qui crie dans son for intérieur sa légitimité, son droit à vivre un peu au soleil. Qui garde quelques rêves bien au chaud, qui se résigne à vivre de manière droite, ou à peu près. Il est monsieur tout-le-monde, il est inconnu et impénétrable, il brille dans le secret.
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C'est un sentiment de mélancolie qui accompagne ma critique, à peine ma lecture terminée.
Roman écrit en 1963 par l'américain John Williams (1922-1994) et traduit en français seulement en 2011, recommandé par mon libraire et qui restera une belle découverte !

"Stoner" raconte, dès le début du XXème siècle, l'histoire de William Stoner fils unique de paysans du Midwest, destiné à prendre la suite à la ferme, que l'on envoie étudier l'agronomie à l'université de Columbia, Missouri.

Vite lassé des cours d'agro, ce sont ceux d'introduction à la littérature anglaise qui vont éveiller chez lui une appétence particulière pour la littérature, un goût passionné pour les livres, puis révéler une véritable vocation.

Au début c'est la fragilité face à l'inconnu qui s'offre à lui, un milieu universitaire qui attise sa curiosité, le vif attrait pour le fin savoir, la soif de connaissance, la magie littéraire.
Un monde bien éloigné de son milieu familial, "c'est de la pitié un peu douteuse, un amour lointain qu'il ressent pour ses parents".

Ce monde de savoir et de culture s'ouvre à lui grâce au plaisir d'apprendre, aux études qu'il choisira, alors que la Grande Guerre éclate....
La suite, à vous de la découvrir !

Le personnage de William Stoner est plein de pudeur et de retenue, tout comme l'écriture de John Williams, auteur et enseignant en littérature à l'université.

Sentiments, amitié, amour, renoncement, "gaieté fébrile", passion, souffrances de l'âme...agrémentent ce roman élégant au style délicat et rétro que j'ai savouré.


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