C'est six ans après la voir lu que je poste cette critique. Tant l'impression que le livre m'a laissé est forte.
Wilson n'avait un coup d'avance avec cette fable qui joue avec ce qu'on pourrait devenir avec les réseaux dit sociaux.
Vraiment ce que je préfère comme SF, on est comme chez nous seulement un petit pas de côté nous fait découvrir un monde totalement différent. À dévorer sans hésiter.
Et à vrai dire, coucher avec une femme mariée me gênait un peu. Non pour des questions de moralité, mais parce que c'était franchement asymétrique.
Mon dernier type régulier, c'était le père de Suze. Il a pris un boulot de monteur sur un pipeline dans l'Alberta à peu près au moment où je suis tombée enceinte. Mais c'était quelqu'un d'assez distrait. Il a oublié de laisser une adresse en partant.
Dans l'histoire de notre espèce, les buts vers lesquels nous nous sommes projetés ont très longtemps été simples. De la nourriture pour nous-mêmes, nos familles et nos tribus. Un abri pour nous-mêmes, nos familles et nos tribus. Les impératifs de l'amour et de la reproduction.
Mais dans le monde moderne, pour une grande partie des êtres humains, ces besoins essentiels sont satisfaits, ne serait-ce que de manière incomplète, inadéquate et injuste. Que signifie se projeter, dans de telles circonstances ?
Nous tombons.
Tout ce qui est constitué de matière est en train de tomber. On appelle ça l'entropie. La matière se décompose. Les étoiles finissent par cesser de briller, les planètes refroidissent ou sont réduites en cendres qui elles-mêmes refroidissent. La matière tombe et finit tôt ou tard par toucher le fond.
La vie participe de ce processus. La vie est entropique. Nous dissipons l'énergie du soleil. La vie est une chute en cours.
Je suis désolé pour mon père. Vraiment. Mais je n’ai jamais été beaucoup plus pour lui qu’une pensée après coup et une distraction. Il m’a nourri, toléré, et offert une place dans sa demeure. Ce pour quoi il mérite d’être remercié, j’imagine. Mais ça n’est absolument pas de l’amour et je ne peux pas dire que je l’aie vraiment aimé un jour.
Dieu, la patrie, la famille. Ils avaient du pouvoir sur moi, comme s’ils étaient réels et importants. Sauf qu’ils ne sont ni l’un ni l’autre. Ce ne sont que des mots dont les gens se servent pour te contrôler. C’est des conneries. Je n’ai pas besoin d’une famille, d’un pays ou d’une Église
Ce ne sont que de vieux bouquins, ai-je voulu dire. Mais ç’aurait été hypocrite. Certaines de ces histoires étaient bonnes. Assez grandes pour se cacher à l’intérieur.
La majeure partie de mes biens se trouvaient dans cette pièce. Et aucun ne me donnait l’impression de m’appartenir.
Un petit miracle avait eu lieu : d’une manière ou d’une autre, en quelques heures j’avais intériorisé que j’étais en famille… non le modus vivendi complexe auquel étaient arrivées les relations à Schuyler, mais dans un sens meilleur et plus authentique du mot famille.