AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,09

sur 310 notes
5
31 avis
4
33 avis
3
8 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le narrateur travaillant dans une unité contre la douleur raconte comment son approche de la médecine va faire de lui l'assistant de patients qui on choisit d'abréger leurs souffrances.
Une nouvelle fois, Martin Winckler pose un regard intelligent sur l'être humain, sur une médecine qui parfois oublie que derrière les patients se cachent des hommes et des femmes en complète souffrance physique et morale. Comment apporter un peu de répit lorsque la souffrance emporte tout ?
« En souvenir d'André » nous interpelle sur nos propres convictions, sur nos peurs. Comment ne pas être en complet accord avec les témoignages poignants qui égrènent le récit. Oui, le droit de mourir dans la dignité et le respect est une évidence et pourtant le sujet est toujours autant difficile à aborder. Chacun a sa propre vision sur la fin de vie assistée. En bonne santé, je pense au jour d'aujourd'hui être pour ce droit mais devant la sentence inéluctable, mon choix serait' il aussi catégorique ? Il pose des jalons pour ouvrir le débat. Winckler livre un récit en tout point remarquable, j'ai retrouvé le ton qui m'avait tant ému avec « La maladie de Sachs ». Emu aussi par cette histoire d'amour avec Nora, passionnée et déchirante.
Un livre forcément difficile, poignant, mais qui a le mérite de nous interroger sur un sujet ô combien délicat. Mais vaut mieux être au top de sa forme pour honorer la mémoire d'André.
Commenter  J’apprécie          691
Un jeune homme, un soignant, se rend pour la première fois à la maison d'un homme qui l'a choisi pour mettre fin dignement à sa vie. Les certificats médicaux, les expertises psychiatriques, toutes les démarches ont été faites dans les règles. Reste à savoir pourquoi lui.
L'homme qui lui ouvre la porte se tient encore debout, l'invite à s'asseoir, et se met à parler. Il se raconte. Lui aussi, dans un temps où la législation et les mentalités était différentes, accompagnait les soignants condamnés. En premier, toujours, il s'occupait de la douleur. Puis il les écoutait. Et parfois, si c'était opportun, il veillait sur leurs dernières heures.


Ce que je retiens en premier d'En souvenir d'André est son côté extrêmement émouvant, cette proximité avec la mort en devenir d'hommes qui ont choisi de partir autrement. En toute humanité, le narrateur accueille ces personnes, leurs désirs, leurs souvenirs, et leur vient en aide, d'abord en soulageant la douleur. " Quand la douleur est intolérable, personne ne doit la tolérer."
La seconde chose que je retiens de ce livre, c'est le traitement "simple", en toute franchise, presque humble, d'un sujet complexe. L'euthanasie, comme on dit à présent, a existé de tout temps. Certains pays ont légiféré depuis, d'autres pas. Mais les professionnels de la santé se mettent aussi en danger, hors la loi, pour mettre un point final à ce qui ne peut plus continuer. "Sauver la vie était le blason des médecins ; donner la mort, un privilège de leur caste."
La troisième chose enfin qui m'a marquée, c'est l'incroyable recul avec lequel le narrateur accomplit sa mission, tout au long de sa vie. J'ai côtoyé des soignants qui travaillaient dans les unités palliatives pédiatriques, d'autres dans des hôpitaux psychiatriques… Tous, à moment donné, étaient touchés, marqués, par ce qu'ils vivaient. Mais pas le personnage principal de Winckler.

Je reste un peu dubitative sur ce livre, qui transpire d'humanité, la vraie, celle vis-à-vis de son prochain. Malgré l'écriture fluide et aérée, les pages qui se tournent presque seules, j'ai ressenti un malaise qui n'était pas uniquement lié au sujet traité. J'ai trouvé que l'histoire d'amour, et le final, où l'on apprend pourquoi le jeune homme a été choisi pour accomplir cet acte sacré de donner la mort, étaient presque superflus. Enfin, le personnage principal, sa mémoire hors norme et sa capacité de recul m'ont paru parfois factices.
En souvenir d'André est en tout cas un lire à livre pour approfondir ses propres réflexions sur la vie, la mort, la douleur, les soins palliatifs, et notre responsabilité de vivants en bonne santé face à ceux qui ne le sont plus.
Commenter  J’apprécie          401
Comme dans 'Le choeur des femmes', Martin Winckler évoque une question de médecine qui va bien au-delà de la médecine... Cette fois-ci, c'est de la fin de vie qu'il s'agit, et plus précisément de la liberté que les malades devraient avoir de choisir quand et comment ils souhaitent mourir. Si la conviction de l'auteur est évidente, ce livre n'est absolument pas un essai, mais bien une histoire, ou plutôt des histoires, entremêlées et liées, belles et fortes.

J'ai beaucoup aimé l'histoire principale, celle d'Emmanuel, avec sa fin totalement improbable mais qui sonne juste malgré tout... Celle de Louise aussi, et l'homme au coeur brisé... Tous ces morceaux de vie, tragiques mais magiques, parce que remplis d'amour et de paix. Comme nos vies à nous, en somme...

Persuadée depuis longtemps que la dernière liberté d'un être humain en souffrance doit être de pouvoir dire 'stop' et partir dignement, je n'ai lu aucune révélation ou thèse révolutionnaire ici, mais j'ai été sensible à l'humanité (voire l'humanisme) du livre et à son message apaisant. le style pur et sobre sert admirablement le récit, sans rajouter de sentiments dégoulinants...

La seule chose qui m'a chiffonnée, c'est que les mourants se confient à ce quasi-inconnu et partent loin de leurs proches. C'est probablement un reflet de la réalité, tant il est difficile de dire une vérité honteuse ou dure à ceux qu'on aime. Mais je m'égare dans des considérations éloignées de l'objet de cette critique...

Disons simplement pour conclure que ce roman fait alternativement sourire, pleurer et réfléchir, comme souvent les livres de Martin Winckler. Je vous le recommande donc.
Commenter  J’apprécie          263
Emmanuel est un jeune homme doté d'une mémoire phénoménale qui lui a permis de passer avec succès des études de médecine. Il a travaillé comme jeune médecin dans une unité anti-douleur, et a été appelé à aider André, un malade qu'aucun traitement ne pouvait soulager, à "partir dignement"... Une décision pas anodine du tout qui a bouleversé sa vie...Une décision prise naturellement en réponse à l'hypocrisie du monde médical : "Je ne ressentais pas de remords ou de culpabilité, au contraire"
Depuis cette date, d'autres malades incurables, l'ont appelé sur son portable en lui donnant le code "En souvenir d'André"....
Emmanuel a désormais eu une double vie, le jour dans son unité anti-douleur, et le soir, la nuit, seul avec des malades qui l'ont appelé et qu'il a accompagné pendant de longues heures, en parlant avec eux, en les écoutant, en recueillent leurs dernières pensées, en les notant sur de nombreux cahiers...avant cet acte technique, toute petite partie de cet accompagnement humain. Une vie de médecin qu'il nous contera : "S'ouvrir sans questionner, écouter sans interrompre, entendre sans bouger. Expliquer. Apaiser. Soulager."
Un livre dérangeant qui ne peut qu'interpeller le lecteur.
Dérangeant parce qu'il aborde des sujets qui inquiètent chacun de nous, lecteurs et humains, au fur et à mesure que nous vieillissons : la mort, notre propre mort, la hantise de notre souffrance possible, la peur de la maladie incurable...des sujets inhabituels dans la littérature
Dérangeant parce qu'il met le doigt dans une première partie du livre d'une part sur l'hypocrisie de certains milieux médicaux, de certains pontes de la médecine qui prêchent le serment d'Hippocrate à la face du monde, et qui en douce, font "partir" pas toujours avec leur assentiment, des personnes incurables, des grands prématurés...Une hypocrisie qui poussera certains autres médecins, pour des raisons éthiques, à pratiquer un acharnements thérapeutique, alors que d'autres, impuissants face à la douleur nieront cette douleur psychologique ou laisseront le patient dans un sommeil profond, "....un mourant qui dort ne demande pas qu'on hâte sa fin"....dans l'attente du décès
Grâce à des hommes comme Emmanuel, qui ont pris des risques quant à leur carrière, des risques d'emprisonnement et de radiation à vie, la loi a évolué et permet, dorénavant, dans des conditions strictes, le recours à ces sédations douces, à cet accompagnement en douceur vers le Grand départ, sédations qui ne sont nullement des mises à mort brutales, mais des sédations toujours demandées, et désirées par les malades...un acte humain, un acte d'amour pour moi..." Quand la douleur est intolérable, personne ne doit la tolérer."
Roman ou témoignage ? Qu'importe...un livre émouvant qui nous interpelle chacun de nous dans notre propre sensibilité culturelle, religieuse....humaine..Notre mort fait partie intégrante de notre vie. Pourquoi refuser d'y penser...Et maintenant que la loi le permet, pourquoi ne pas écrire, dire à ceux qui nous sont chers..."Voilà comment je veux partir.." ...tant qu'il nous reste un bout de route à faire ensemble...encore.

Lien : http://mesbelleslectures.com..
Commenter  J’apprécie          200

Je n'aime pas particulièrement l'écriture de Martin Winckler mais je le lis parce que ses romans soulèvent souvent des problèmes de société liés à la santé publique et, en tant que praticien, il sait de quoi il parle. Je lui fais donc confiance sur le contenu. Ici, l'agit de ce qu'on a coutume d'appeler, du moins au Québec, l'aide médicale à mourir. J'ai d'abord cru, comme pour La vacation, qu'il s'agissait d'une expérience vécue mais au fil de la lecture, j'ai pensé qu'il s'agissait plutôt d'un mélange de réalité et de fiction. C'est le côté un peu désincarné de personnages qui m'a amenée à cette conclusion et aussi l'invraisemblance de pouvoir pratiquer régulièrement l'euthanasie dans un pays où la loi la prohibe sans être dénoncé ni inquiété… Certaines histoires m'ont accrochées, d'autres m'ont paru fades, voire peu crédibles. J'aurais préféré, je crois, que l'auteur approfondisse celle d'André justement qui m'a le plus touchée. Mais peut-être justement concerne-t-elle des personnes qui ont existé et que l'auteur ne pouvait nous en dire plus…
Comme pour l'avortement, l'euthanasie vise à soulager la souffrance en provoquant la mort mais je ne peux m'empêcher de voir une grande différence entre les deux cas, ce qui m'a sans doute permis une lecture plus sereine de ce roman que de la vacation.
Commenter  J’apprécie          180
Martin Winckler est un homme de conviction, tous ses lecteurs le savent, et l'une de ses convictions les plus profondes et les plus présentes dans ses ouvrages est la haine de la souffrance et le rejet des soignants qui se refusent à la soulager. Forcément, ce type d'idée devait amener leur auteur tôt ou tard sur un terrain idéologique particulièrement difficile, celui de l'euthanasie. Un autre y serait allé avec des pincettes, Winckler, lui, a l'intelligence et l'audace de rentrer directement dans le vif du sujet en donnant la parole à son narrateur, un ancien médecin sur le point d'engager une procédure de mort accompagnée. Toute sa carrière, le vieil homme s'est consacré à soulager les souffrances des mourants, pratiquant l'euthanasie à maintes reprises et en toute illégalité. Rongé par le cancer, il ne demande qu'une chose : que l'on fasse pour lui ce qu'il a tant de fois fait pour les autres et que quelqu'un d'autre devienne le réceptacle des multiples confidences confiées à lui par des patients agonisants.

« En souvenir d'André » est donc un roman ouvertement militant, ce qui pourrait agacer certains lecteurs mais ne me dérange nullement, tant j'ai de sympathie pour l'auteur et ses valeurs. Suite de confessions poignantes, de moments de vie brisée et de questionnements douloureux, le récit nous prend au corps et s'avère particulièrement difficile à lâcher, à défaut d'être d'un abord très facile. S'il faut pinailler un peu, je dois reconnaître avoir trouvé la fin assez artificielle – comme pour « le Choeur des femmes », l'auteur aurait pu se passer de ce type de petite pirouette narrative à l'eau de rose… Mais bon, personne n'est parfait, et si Winckler veut s'offrir de temps en temps un peu de sentimentalisme facile, qui sommes-nous pour le lui refuser ? Que ce petit bémol ne vous fasse pas dédaigner ce beau roman, sensible et humaniste qui, s'il n'a pas révolutionné mes propres idées (celles-ci étant déjà tout à fait en accord avec celles de l'auteur), poussera surement d'autres lecteurs à creuser leurs convictions sur ce sujet aussi complexe que délicat.
Commenter  J’apprécie          180
En souvenir d’André, code pour une demande, à demi-mots, d’aide à mourir alors qu’on souffre à vivre quand le corps ne suit plus. Quand la douleur est trop forte pour continuer à lutter, quand il ne reste presque rien… Le narrateur est un médecin qui a la faculté de se souvenir de tout ce qu’il entend. Alors il raconte le droit d’être soulagé de la douleur définitivement… A travers quelques personnes qu’il a aidé, il fait pénétrer le lecteur dans son univers professionnel et personnel. Un roman très émouvant… que j’ai trouvé trop court ! On aimerait en savoir plus sur ces personnes, sur sa vie… En tout cas, un roman très fort sur l’euthanasie, on ressent la douleur des familles… Bien envie de découvrir ses autres livres.
Commenter  J’apprécie          150
Dans ce livre, Martin Winckler nous invite une fois de plus à réfléchir sur un thème médical.
Et le sujet de ce nouveau roman ne peut pas laisser indifférent puisqu'il nous concerne tous : la fin de vie.
Pour celui qui meurt brutalement, pas de problème si j'ose dire. Pas plus que pour celui qui s'éteint tout doucement, sans souffrances.
Mais pour les autres, pour ceux qui sont atteints d'un mal incurable, qui souffrent, qui deviennent handicapés et qui trouvent que leur vie n'en est plus une ?
"En souvenir d'André" ne prétend pas apporter de réponse à LA question (faut-il être pour ou contre l'euthanasie, et dans quelles circonstances faut-il accéder à la demande d'un patient en fin de vie ?). Mais l'auteur nous invite à travers ses personnages à réfléchir nous-mêmes sur ce problème auquel nous ou des proches seront peut-être confrontés un jour. Et dans ce domaine, je trouve qu'une réflexion "en amont" est toujours bonne, comme ce qui concerne le don d'organe par exemple : on prend une meilleure décision, et plus sereinement, si l'on s'y est préparé.

Un petit bémol : j'ai trouvé la fin du livre un peu tirée par les cheveux, un peu artificielle, mais cela n'enlève rien à l'intérêt général.
Commenter  J’apprécie          130
Un jeune homme est appelé au chevet d'un ancien médecin, atteint d'un cancer en phase terminale, afin de l'accompagner dans la mort. Il va alors recueillir les dernières confessions de cet homme au destin étonnant, qui toute sa vie a oeuvré pour accomplir les dernières volontés des mourants. Il nous raconte ainsi l'époque où l'euthanasie était un délit grave et où sa pratique se faisait clandestinement par des médecins désireux d'épargner des souffrances inutiles à des patients déterminés. Il partage avec nous des bouts de vies, la sienne mais aussi celle des autres. Il nous raconte ses débuts comme accompagnant, les règles à respecter, la prise de contact avec les malades, les visites et les heures d'écoute. Il nous décrit la mort des malades, toujours sereine et apaisée car choisie et mûrement réfléchie. Il nous raconte son expérience avec André, son mentor, le premier à avoir fait appel à lui, celui par qui tout commence. Des confessions bouleversantes qui nous plongent au coeur de l'âme humaine…
Dans son nouveau roman, Martin Winckler s'attaque au sujet difficile de l'euthanasie. La question ici n'est pas de savoir si c'est bien ou mal et le débat n'a pas lieu d'être puisque l'on est en présence de cas où le patient sait qu'il est condamné par la maladie et choisit de mourir dans la dignité, afin d'éviter la souffrance, pour lui-même et pour ses proches. le narrateur, lui, n'est là que pour soulager son prochain de sa douleur et pour l'accompagner dans ses derniers instants. Humaniste et non bourreau, il sert de réceptacle aux dernières confidences et permet aux mourants de partir en paix. L'écriture est limpide, chargée en émotions et d'une force telle qu'elle bouleverse le lecteur et ne peut le laisser insensible face à la fragilité de la vie. Les chapitres sont courts et se dévorent jusqu'à nous réserver un final des plus surprenant…
Commenter  J’apprécie          130
Un homme se rend chez un patient en fin de vie, dans le cadre d'un accompagnement au suicide. C'est sa première fois. le patient le reçoit et lui raconte sa vie. Lui-même était médecin et a aidé plusieurs personnes à mourir, même quand la loi ne l'autorisait pas encore. En souvenir d'André évoque donc la fin de vie, ses souffrances, ses angoisses, mais aussi leur soulagement maintenant possible. Martin Winckler fait cette évocation de manière romancée et pas toujours très réaliste, mais le résultat est une très belle histoire.
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (563) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous bien Martin Winckler ?

Quel est le patronyme de Martin WINCKLER ?

Marc ZAFFRAN
Martin ZAFFRAN
Matthieu ZAFFRAN

10 questions
58 lecteurs ont répondu
Thème : Martin WincklerCréer un quiz sur ce livre

{* *}