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EAN : 9782290306840
254 pages
J'ai lu (26/04/2000)
3.47/5   147 notes
Résumé :
Faiseur d'anges, avorteur, "ivégiste" ? Comment désigner le docteur Sachs, quand, chaque mardi, il quitte son cabinet de campagne, ses patients habituels et leur cohorte de petits maux, pour la ville, ses patientes qui défilent, et leur seul mal : une grossesse indésirable ? Lui-même ne sait pas comment dire, d'ailleurs il n'a personne à qui en parler. Or, il aurait bien besoin de quelqu'un qui l'écoute raconter la s... >Voir plus
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Premier roman de Martin Winckler, écrit presque dix ans avant son gros succès La Maladie de Sachs.
C'est la première fois que j'ouvre un roman de Martin Winckler, malgré tout le bien qu'on m'en a dit. Je m'attendais à une narration plutôt bienveillante et titillant les bons sentiments... mais il n'en est rien.
Trois types de narration se succèdent: la première, qui s'adresse au docteur Sachs sous forme de tutoiement, décrit avec une certaine distance - et une légère très légère ironie - les gestes et attitudes parfaitement professionnels de ce docteur qui pratique des IVG deux fois par semaine en plus de son travail de généraliste. Tout y est: les paroles, rassurantes, les accessoires soigneusement disposés sur la tablette, leur utilisation, l'examen de l'utérus, l'aspiration... ce n'est pas une lecture facile.
Puis le récit reprend avec les mêmes personnages mais cette fois-ci par une narration complètement subjective par laquelle transparaît la lassitude et le dégoût parfois du médecin, son attirance ou son rejet des patientes - lecture difficile une fois encore, cette fois-ci parce que le gynécologue est un homme tout autant qu'un médecin et que nous ne sommes pas que des patientes mais des femmes qui se déshabillent dans leur cabinet - . L'homme est parfois désagréable, froid.
En parallèle à ce travail, le docteur Sachs tente d'écrire son premier roman, mise en abyme de celui-ci.
C'est intéressant mais ce n'est pas une réussite, plutôt une première tentative. J'ai trouvé ce regard porté sur les patientes très déplacé et gênant, humiliant parfois aussi, condescendant en tout cas. Quand à la fin, elle est complètement raté, tellement elle est clichée.
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Je connais l'auteur Martin Winckler depuis que j'ai lu La maladie de Sachs. Autant dire que je connais aussi Bruno Sachs et, de ce fait, Marc Zaffran dont Martin Winckler et Bruno Sachs ne sont que ses pseudonymes. La vacation, à l'instar d'autres de ses romans, a clairement une dimension autobiographique. le milieu hospitalier, incluant les actes qui y sont pratiqués et les personnes qui y dispensent les soins, est décrit de façon extrêmement réaliste. Cependant le style littéraire est quelquefois déconcertant : phrases en suspension, mots incomplets sont quelque-unes des figures utilisées pour nous déstabiliser. Mais là n'est pas le principal malaise qui se dégage de ce livre car la vacation dont il est question ici est celle que le Dr Sachs a choisi d'assurer pour effectuer des interruptions de grossesses. Les descriptions amènent donc le lecteur — et surtout la lectrice que je suis — à un inconfort, voire une certaine culpabilité (surtout lorsque le terme que le législateur a déterminé comme limite temporelle est dépassé); une culpabilité que, probablement, l'auteur a ressentie et qu'il nous invite à partager. Cette sensation désagréable est renforcée dans notre lecture par l'emploi quasi constant de la seconde personne (au sens grammatical du terme soit le « tu ») qui montre, je crois que Martin Winckler se dissocie, se désolidarise de Bruno Sachs comme s il n'était pas tout-à-fait sûr de la légitimité de ses actes pourtant pratiqués en toute légalité…
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Les anges du docteur Sachs
La vacation est le premier roman de Martin Winckler, auteur qu'on ne présente plus.
Nous y rencontrons le docteur Bruno Sachs, un médecin généraliste qui exerce dans un cabinet d'une petite ville de campagne (voir la maladie de Sachs, paru dix ans plus tard). Chaque semaine, il effectue une vacation dans un hôpital pour y pratiquer des avortements.
Sujet grave, ô combien…
Martin Winckler est un écrivain talentueux mais c'est aussi et d'abord un médecin, ce livre est, je crois, très largement autobiographique.
Alors que j'avais beaucoup aimé La maladie de Sachs, Les trois médecins, En souvenir d'André et le magnifique le choeur des femmes, mon avis sur ce livre est beaucoup plus mitigé.
Je pense que ça tient essentiellement à sa forme, à sa narration entièrement à la seconde personne du singulier. L'auteur tutoie donc le docteur Sachs, scrute tous ses gestes, et toutes ses pensées… Car, contrairement à ce que pourrait laisser croire les premières pages, le docteur Sachs n'est pas si bienveillant que ça… Même s'il effectue ces vacations par choix, pour aider les femmes, très vite, il devient clair qu'il est au bord de la rupture, et qu'il en a plus qu'assez de voir certaines patientes revenir deux, trois, quatre fois, alors qu'il prend toujours le temps de les écouter, et de les conseiller, notamment sur les moyens de contraception… le style devient haché, les mots sont incomplets, il y a de nombreuses parenthèses, des digressions qui font bien ressentir l'état d'esprit du bon docteur. Parallèlement, Bruno Sachs tente d'écrire un livre, justement sur ce qu'il vit. Et là encore, rien n'est simple, car a-t-il le droit de s'emparer de la vie de ses patientes pour en tirer un récit fictionnel ? Belle mise en abyme cela dit !
Mais ce qui m'a vraiment mise mal à l'aise, perturbée même, c'est la manière très crue dont Martin Winckler décrit avec force détails l'acte médical d'avortement… Il ne nous épargne rien, absolument rien… Et en tant que femme, j'avoue que ça m'a vraiment atteinte, durement.
Eprouvant.
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Faiseur d'ange.

Bruno Sachs est médecin généraliste. Toutefois les mardis il délaisse son cabinet pour pratiquer des avortements.

C'est le premier roman de Martin Winckler. Il s'attache au quotidien d'un médecin généraliste qui pratique des avortements. La narration est ici a la deuxième personne du singulier. le sujet est plus que brûlant alors que le passage de la limite pour l'IVG en France est passé de 12 à 14 semaines, et a suscité des polémiques aussi virulentes qu'inutiles. Et que pire encore, le droit à l'ivg est gravement menacé aux Etats-Unis par la faute des pseudos pro-vie.

Martin Winckler montre dans le détail la procédure d'un avortement. Rien ne nous est caché, de l'arrivée jusqu'au départ des patientes du Dr Sachs. Les raisons sont variées, les patientes ont tous les âges, viennent de tous les milieux sociaux. C'est un véritable foisonnement.

Toutefois, il s'agit d'un premier roman et cela se voit. L'écriture est parfois maladroite. Je n'ai pas aimé la narration à la deuxième personne du singulier qui pour moi casse l'immersion. de plus, Bruno Sachs est le double de papier de l'auteur. La partie sur le roman est clairement un écho de Martin Winckler. Ce passage est très poussif et le comportement arrogant de Sachs très crispant. le roman comporte de ce fait des longueurs. Cette partie était clairement dispensable.

Au final, un livre sur un sujet essentiel de société, et qui de ce fait, malgré ses faiblesses, permet de comprendre l'importance et le droit inaliénable des femmes à disposer de leur corps.
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Un livre assez dérangeant .... Autant par son sujet que par la manière dont il est abordé.

Tout ce qui touche au milieu médical ou aux droits de la femme me touche et j'ai donc voulu lire ce livre, en me disant que vu que tous les autres livres que j'avais lu de Martin Winckler m'avaient plu , il y avait de grandes chances que celui là soit aussi réussi . de plus, sachant l'engagement de l'auteur de mettre en avant une médecine où le patient n'est pas un objet, un numéro de chambre mais bien une personne, à écouter, à soigner... l'approche devrait assez me plaire....
Euh .... Comment dire ? j'ai été perturbée!
Déja le roman est écrit entièrement à la deuxième personne. Ce "tu" permanent m'as choquée pour deux raisons : Cela instaurait une distance entre l'action et le personnage, comme une forme de schizophrénie, d'un autre côté je me sentais directement visée dans tout ce que le personnage faisait. Comme si c'était moi et non le personnage, qui pratiquait les avortements. Un peu gênant quand même vous l'admettrez.

De plus le personnage de Bruno Sachs est ici bien plus sombre que dans les autres romans où je l'avait déjà suivi ( la maladie de Sachs , les trois médecins). Où est donc passé le médecin calme, gentil, passionné par son métier ? Dans ce roman ci les actes sont décrits avec précision, mais aussi une certaine froideur et on a l'impression d'entendre le bruit de la machine, d'entendre le bruit métallique des différents instruments, l'impression de voir ce sac poubelle noir ouvert par terre, cette passoire dans l'évier, cette table ... l'impression d'y être ...

Je pense que la sensation de malaise était voulue de la part de l'auteur, car c'est justement ce qu'il voulait faire passer. On peut être convaincu d'agir pour une bonne cause et pourtant ne pas se sentir tranquille, comme Sachs ici qui avorte des femmes, essaye de ne pas juger, de ne pas paternaliser, car il sait que c'est leur droit et défend ce droit, mais qui reste humain... Comment ne pas être choqué quand c'est la 4e fois que vous revoyez la même femme pour cette même intervention ? comment ne pas être choqué quand un couple se présente en disant désolé on avait pas vu mais bon 13 semaines de grossesse ...?

Ce roman en fait est le récit du malaise des médecins, qui voient tous les jours des choses que la plupart des gens se refusent à voir, qui plongent dans l'intimité des gens et y découvrent parfois des choses génantes, dont ils n'ont pas le droit de parler mais qui pourtant les choquent, qu'ils ressassent et ressassent encore et encore ... Que faire alors pour se libérer ? Sachs tente d'écrire un roman, mais il se sent coupable d'utiliser ces femmes et leurs histoires pour se libérer alors que le problème est bien plus vaste que des individus ...

En bref : le premier roman de Martin Winckler, qui je pense n'est pas si loin de l'autobiographie que ça ... Dérangeant oui mais on y apprend beaucoup, sur les conditions de l'avortement dans ces premières années de pratique, sur la psychologie des médecins, sur notre société.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le dossier est composé de plusieurs feuilles, rangées dans un ordre bien prévis et solidarisées par une simple attache-trombone. D'abord la fiche médicale, portant en haut à droite la date et ne nom du médecin, confirme que ce dossier-ci te concerne, que la femme dont le nom est écrit un peu plus bas est bien celle qui se déshabille dans la cabine. Ton regard balaie très rapidement les lignes. Tu ne relèves que certaines informations, presque toujours les mêmes : l'âge, la profession et celle du mari (toutes deux rajoutées au crayon dans le coin supérieur gauche), l'adresse, le nombre d'enfants : des indications sur ce qu'elle est, sur ce qu'ils sont peut-être.
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Tu as toujours pensé qu'un livre parle d'abord par la manière dont il se présente matériellement, hors des artifices de mise en scène auxquels il est soumis. Une fois passé le temps des bandeaux rouges, des piles de bonnes ventes du mois et des encarts dans les journaux, le livre reste nu, serré en rayon entre d'autres livres, empilé au hasard parmi les exemplaires défraîchis des bouquinistes, posé en attente sur une table de nuit ou l'étagère d'une bibliothèque.
Alors seulement, le lecteur inconnu peut le rencontrer vraiment, le découvrir sans entremetteur.
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Tu insistes plusieurs fois au cours de la conversation sur le fait que (doigt pointé dans leur direction) c'est à elles de choisir ( main sur ton coeur) pas au médecin. Tu t'appliques à leur donner les éléments du choix. Tu indiques que tu aimerais mieux - comme toutes les personnes présentes, n'est-ce pas - qu'elles ne reviennent pas ici dans les mêmes circonstances. Tu hoches la tête Mmmhh en les entendant dire qu'elles sont bien d'accord.
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Tu ne te souviendras, à grand-peine, que de bribes confuses, de fragments dépareillés : la couleur de la chemise de nuit; les yeux qui se ferment pendant que la sonde va et vient; les mains de A. entourant la main pâle.
Tu
douteras même de la réalité de ces images. Tu ne seras pas tout à fait sûr de ne pas les avoir placées là pour combler l'intolérable silence de ta mémoire.
Tu ne te souviendras pas des paroles prononcées. Tu auras la sensation de n'en avoir prononcé aucune.
Rien de tout cela ne te paraîtra réel, rien ne te paraîtra vrai, parce que rien dans ton corps ne gardera la trace de ces quelques minutes. Tu n'auras pas vu le visage penché au-dessus de tes cuisses ouvertes. Tu n'auras pas senti le museau d'acier fouiller ton sexe.
Tu ne te rappelleras pas le bruit de la machine. Tu ne sauras jamais ce que déchire la sonde, là, en bas, tout au fond, au rythme de ta main.
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A présent, tu te détestes d'avoir seulement imaginé que ce livre serait publié. Tous ces fantasmes sont indécents. Tu regardes les feuillets dépareillés avec un dégoût grandissant. Une idée insoutenable vient pour la première fois t'effleurer: ce que tu tentes d'écrire, as-tu le droit de le porter au jour?
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Vidéo de Martin Winckler
"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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