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Critique de ALDAMO21


Que c'est beau ! Que c'est émouvant !
Ce roman est écrit comme un témoignage, tout en sensibilité et dans le langage d'une jeune fille de quatorze ans qui s'interroge et qui se rebelle.


Efi était une jeune fille insouciante, joyeuse de revenir après son année scolaire dans son village pour rejoindre sa famille et ses amies.
Efi était une jeune fille heureuse et fière de pouvoir bientôt montrer son carnet scolaire rempli de bonnes notes et des meilleures appréciations.
Efi, était une jeune fille avec des rêves plein la tête, qui voulait devenir ingénieure, pour pouvoir aider son pays, à améliorer les conditions de vie de sa famille, mais aussi de son peuple,


Mais il a suffi d'un instant, de quelques mots prononcés, pour que la terre entière s'ouvre en deux et que le chaos s'engouffre violemment dans le coeur de cette jeune fille. Et qu'il lui détruise brutalement toute son innocence et tous ses rêves les plus fous.
Efi qui découvre le sens du mot « Nubile ».
Efi qui découvre avec effroi le vrai monde où elle est née, où elle vit.
Efi qui découvre le mensonge, la tromperie et la trahison.
Efi qui découvre l'implacable et terrible destin que lui ont réservé en secret ses parents.

Quelques heures m'ont suffi pour suivre ce récit immense, intense, bouleversant, celui où les rêves et les espoirs de milliers de petites filles et de jeunes filles, aux quatre coins de la planète, sont anéantis, détruits, piétinés par des lois, par des traditions, par une religion.


Jo Witek n'a pas écrit un conte moyenâgeux, car ce drame immense se passe là, maintenant, encore aujourd'hui devant nos yeux.
Le grand drame du mariage forcé, de cette violence qu'on inflige à toutes ces jeunes filles. Des mariages qui me paraissent parfois très glauques, comme ceux à connotation incestueuse, lorsque la gamine se retrouve mariée contre son gré, à un homme qui pourrait être son père.


Comment pouvons-nous casser la chaine ?
Comment pouvons-nous aider toutes ces femmes immergées dans leurs us et coutumes, dans leurs rites ancestraux patriarcaux ?
Comment pouvons-nous modifier cette transmission, soulager ce fardeau de soumission et d'esclavage que ces femmes se transmettent de génération en génération ?


Je revois une scène du film « Woman » de Yann-Arthus Bertrand.
Celle où l'admirable Leyla Hussein, psychothérapeute et activiste sociale somalienne, sillonne l'Afrique pour prévenir des dangers de l'excision. Elle est dans ce même combat !
Leyla, qui elle-même s'est faite excisée très jeune, mène une bataille sans répit, contre cette atroce mutilation que les mères infligent à leurs petites filles, encore et toujours elles.

Je revois toutes ces femmes, toutes ces mères, assises autour de Leyla la combattante. Toutes ces mères, mal à l'aise en écoutant ses discours de prévention, presque venus d'ailleurs. Des femmes qui ne semblent pas comprendre, qui semblent démunies d'un raisonnement rationnel.
Pour elles, comme pour leurs propres mères, comme pour la mère d'Efi, comme pour sa grand-mère, comme pour ses tantes, toutes disent et répètent à l'unisson :
- « C'est comme ça !»
- « Ma fille doit obéir ! »
- « Elle ne doit pas être une honte pour la famille ! »
- « Si ma fille n'est pas excisée, elle ne trouvera jamais un mari ! »


Ces paroles me semblent parfois si immuables.


J'ai cité Leyla Hussein, il n'y a pas qu'elle fort heureusement.
Et j'espère que des milliers d'autres combattantes lumineuses suivront son exemple. Qu'elles parcourront le monde pour convaincre des futures jeunes mères qu'il existe pour elles, une vie meilleure. Une vie autre que celle maintenue sous la glaive de la soumission, de la résignation, du jugement du clan, de la peur et du châtiment de leurs maris


Mais ce changement ne se fera pas seulement avec les femmes et par les femmes.
La tache est pour chacune et chacun de nous.
Et elle devra impérativement passer aussi par une éducation rigoureuse des hommes, de tous ces mâles, de tous ces dominants, tous ceux qui continuent de bâtir une société dont ils se sont mis au centre.
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