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Critique de Patricia_bs


L'Excuse de Julie WOLKENSTEIN est un roman formidablement brillant. Je dirai même étincelant. le résumer à un exercice de style réussi serait par trop réducteur : c'est à la fois un roman palpitant, un policier à rebondissement et une réflexion sur la lecture et l'écriture. L'idée semble simple, et presque déjà vue : la vie de Lise Beaufort, jeune Française débarquée un beau jour aux États-Unis chez la première femme de son père, serait l'exacte reproduction du destin d'Isabelle Archer, l'héroïne du roman d'Henry JAMES, Portrait de femme. C'est son cousin - qui n'en est pas vraiment un puisqu'il est le fils de la première femme et n'a donc aucun lien de parenté "sanguin" avec Lise - qui le dit, qui l'affirme et qui va tenter de lui prouver, tout au long du livre, tout au long de sa vie, puisque les deux se confondent.

Car là est le prodige et là est le vertige : littérature et vie se mêlent, s'entremêlent, deviennent inextricables au fur et à mesure que Lise progresse dans sa vie et dans sa lecture. le roman débute à la fin de la vie de Lise, de retour à Matha's Vineyard, dans la demeure des origines. Tous sont morts et elle reste la dernière, celle qui doit déchiffer tous les signes, tous les indices que Nick lui a destiné, accompagnés de ses derniers mots de mourant : "Garde contre". Va s'ensuivre une histoire pleine de péripéties où le jeu de tarots tient une grande place.

Ce roman est truffé de références, qu'elles soient littéraires, cinématographiques ou carrément érudites. Ne pas les connaître toutes ne pénalise absolument pas la lecture. En revanche, en retrouver certaines plonge dans un état de jubilation intense... Je n'ai personnellement jamais lu Portrait d'une femme - je sais, je sais, honte à moi - mais cela ne m'a absolument pas empêché d'évoluer dans le labyrinthe du roman. J'y ai retrouvé les théories d'Umberto ECO sur le "lecteur modèle", extraites de son Lector in fabula, analysées ici, ou encore l'esprit de Proust, cité d'ailleurs en exergue du livre.

Ce roman est celui d'une universitaire, c'est indéniable. Il n'est cependant jamais pesant ou pédant, car la vie prend le pas sur la théorie. Oui, "la vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature", comme le dit Proust (voir plus bas l'extrait du Temps retrouvé où j'ai piqué la citation), oui, le lecteur a un rôle, celui de retisser les fils que l'auteur a laissé volontairement lâches. Mais tout ceci se fait dans le bonheur, celui des verres de champagne, des clam chowders et des baignades en mer, des apéritifs pris ensemble et des parties de tarot ardemment disputées. La vraie vie, donc...
Lien : http://www.macuisinerouge.co..
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